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En Inde, une escapade épicée pour les cuisiniers de chefs d’Etat

26 octobre 2016, 21:29

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En Inde, une escapade épicée pour les cuisiniers de chefs d’Etat

Déambulant dans les ruelles poussiéreuses et encombrées du vieux Delhi, les cuisiniers de Barack Obama, d’Angela Merkel ou de Mariano Rajoy hument les odorants monticules d’épices comme si de rien n’était.

«C’est fantastique!», s’exclame Bernard Vaussion, ancien chef des cuisines de l’Elysée, qui a nourri six présidents français, en se frayant un chemin à travers la foule.

«C’est sale, c’est bruyant, mais on s’en moque. Quelle expérience !», s’enthousiasme ce retraité des fourneaux de la République depuis 2013, guirlande de jasmins et de roses autour du cou.

Une fois l’an depuis 1977, le Club des chefs des chefs, les cuisiniers de chefs d’Etat, se réunit dans un pays à chaque fois différent pour une sorte de G20 gastro-diplomatique.

En veste de cuisine d’un blanc immaculé, la troupe détonne au milieu étals du marché d’épices des vieux quartiers de Delhi.

A l’approche de Diwali, la grande fête des lumières, l’agitation des lieux est à son paroxysme. Les familles s’affairent aux courses nécessaires à la préparation des festins qui s’annoncent.

Plus habitués à la discrétion des cuisines des lieux de pouvoir qu’à la lumière des médias, dix-sept chefs se retrouvent cette année pour la première fois à New Delhi.

Connue pour le faste de son hospitalité, l’Inde a mis les petits plats dans les grands pour les recevoir.

 Téléphone bleu

Golgappas (snacks frits) ou aloo tikkis (croquettes de pommes de terre) à plonger dans des chutneys épicés ou sucrés, voilà un petit éventail de la gastronomie indienne recréée pour eux par leur hôtel cinq étoiles.

En effet, s’essayer directement à la légendaire nourriture de rue de Delhi n’est pas sans danger: «leurs estomacs sont trop sensibles», explique Montu Saini, chef personnel du président indien et hôte de la réunion de cette année.

«Après quatre jour à manger épicé, vous le sentez», abonde Fabrizio Boca, chef du président italien Sergio Mattarella.

Au troisième jour du voyage, un chef manque d’ailleurs à l’appel. Une victime du fameux «Delhi belly» ?

Chef des cuisines de la Maison Blanche, l’américano-philippine Cristeta Comerford, seule femme de la délégation, relève dans la façon de préparer la nourriture en Inde des similitudes avec son pays d’origine.

«Ce n’est pas une gastronomie basée sur des recettes, c’est plus une philosophie (...) Pour utiliser l’analogie des Philippines, chaque maison a sa propre manière de concocter un plat», dit-elle à l’AFP.

Ces retrouvailles annuelles sont l’occasion pour les chefs d’échanger idées et conseils et, peut-être, de se renseigner les uns les autres sur les préférences culinaires de leurs employeurs respectifs.

«Avant il y avait le téléphone rouge entre l’Union soviétique et les Etats-Unis, maintenant il y a le téléphone bleu, une ligne directe entre les chefs pour qu’ils sachent exactement ce qu’un président, un roi ou une reine aime ou déteste», explique Gilles Bragard, le fondateur du Club.

Lorsqu’il rentrera à Monaco, Christian Garcia, le cuisinier du souverain de la principauté, compte bien avoir ramené dans ses valises quelques recettes.

Il a en effet, en la personne de la princesse Charlène, une grande amatrice de la nourriture indienne.

«Je pensais savoir cuisiner un tout petit peu indien mais je me trompais complètement. Sorti du curry et de quelques épices, je ne cuisine pas tous les plats que j’ai pu découvrir au cours de notre séjour», confesse-t-il.