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Bernard Thomas: «Une nouvelle génération de joueurs se dévoile»

25 octobre 2016, 19:21

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Bernard Thomas: «Une nouvelle génération de joueurs se dévoile»

La parenthèse de la saison tennistique 2016 sur gazon s’est fermée, samedi. Comme attendu, le Malgache Jacob Rasolondrazana a fait son show en simple messieurs. Il conserve son titre après avoir battu Daniel Bazu (6-3, 6-3). Chez les dames, c’est la Mauricienne de 13 ans, Sarah Introcaso, qui succède à Astrid Tixier sur le trône. Le juge-arbitre du tournoi, Bernard Thomas, fait son bilan. Durant la quinzaine très mouvementée, il a porté plusieurs casquettes. Le chef d’orchestre a été joueur et se cache derrière plusieurs vainqueurs.

Votre regard sur le palmarès 2016 du Mauritius Gymkhana Grass Open…
Je ne voyais personne d’autre que Jacob Rasolondrazana remporter le titre chez les messieurs. C’est une conclusion logique. Mais j’étais fier de voir Sarah Introcaso s’imposer chez les dames. Elle s’entraîne à Beau-Bassin AdvantageTennis depuis mai. Elle a remporté deux titres samedi. Après une première chez les moins de 14 ans, elle a confirmé contre Céline Wan chez les dames. Dans l’ensemble, le tournoi était d’un excellent niveau. Certaines victoires ont été adjugées au troisième set ou sur tie-break.

A l’exception de la championne de Maurice Astrid Tixier, qui est blessée, les meilleurs joueurs locaux étaient en lice. Etaient-ils plus à l’aise sur la surface que l’année dernière ?
Les joueurs ne sont pas très à l’aise sur le gazon. Le Polonais Lukasz Skowronski, qui est expérimenté, a dû aller au troisième set pour sortir le jeune Anthony Kwok en quarts. Le vainqueur du simple messieurs Jacob Rasolondrazana a aussi bataillé très dur pour sortir Skowronski lors de l’étape suivante. Il gagne au tie-break après s’être fait mener 3-0 dans le second set. Daniel Bazu, le finaliste malchanceux, a, également, eu des difficultés contre Jeff Lo et Jean-Marc Randriamanalina.

Le gazon n’est pas une surface sur laquelle les jeunes sont habitués. Quelles sont les difficultés auxquelles ils font face ?
La rapidité de la balle, le rebond très bas et imprévisible. Les jeunes doivent souvent sortir de leur zone de confort et pratiquer un tennis plus  vers l’avant. Le gazon reste une surface très difficile à maîtriser.

Quelles sont les aptitudes qu’il faut développer pour être plus à l’aise sur le gazon ?
L’explosivité. Le joueur doit maîtriser les effets et développer son jeu de service. Le retour de service est aussi important. Il faut aussi qu’il soit disposé à livrer le combat au filet.

Vous êtes également en lice dans le tournoi  (simples et doubles). Quels étaient vos objectifs personnels et les avez-vous atteints ?
Mon objectif était d’atteindre cinq finales. Malheureusement, il me manque une finale. Ma plus grande satisfaction est d’avoir gagné les  doubles des +40 ans et +60 ans avec des partenaires différents (NdlR : il a joué avec François Acou en +40 ans et Sanjay Saddul en +50 ans).

Jake Lam a brillé en U12 et U14 lors du Mauritius Gymkhana
Grass Open. [Photos : Lindsay Kadarasen]

Et comment s’est passé votre mission dans les coulisses en tant que juge-arbitre ?
Il y a eu beaucoup de choses à faire durant la quinzaine. J’ai géré plus de 160 matches sur les huit courts. Mais le défi est relevé. Le bilan est très positif.

Quelques semaines avant le début du tournoi, votre partenaire principal vous a lâché. Comment vous êtes-vous pris ?
C’était un coup dur. Mais les membres du Mauritius Gymkhana Club voulait aller de l’avant. Il a fallu réajuster le budget et repartir sur de nouvelles bases. C’est le Tennis Captain Sanjay Saddul qui s’est chargé de cela. Je les félicite d’avoir bien réagi. Je remercie aussi Quantum Insurance qui nous a aidés.

Les cachets annoncés ont été retirés. Les joueurs ont dû être déçus…
Sûrement, mais ce sont des sportifs. Il n’y a pas que l’argent qui compte.

Après cette déconvenue, y aura-t-il une troisième édition ?
Oui. Le comité organisateur pense organiser trois tournois au Mauritius Gymkhana Club l’année prochaine.

Jacob Rasolondrazana demeure imbattable chez les messieurs.
[Photos : Lindsay Kadarasen]

Vous aviez annoncé une petite innovation dans les tableaux phares. Expliquez-nous cette démarche…
Nous voulions mettre en place des tableaux de consolation. Les joueurs qui étaient éliminés dans les tableaux simples hommes et dames devaient être regroupés par série en rattrapage. L’idée était de faire jouer le plus grand nombre de matches aux participants.

En quoi cela aurait donné une autre dimension au tournoi ?
Cela fait pas mal de temps qu’on en parle. De gros cachets sont offerts aux gagnants et finalistes dans certains tournois. Souvent ce sont les joueurs étrangers qui touchent les primes. Afin d’encourager les joueurs mauriciens, nous pensons garder 50% des primes pour les partager aux vainqueurs des différentes séries en rattrapage. Cette mesure pourrait encourager plus de jeunes à faire des tournois.

Malheureusement, vous n’avez pas pu expérimenter cette nouvelle formule. L’avez-vous proposée à la fédération pour d’autres tournois ?
Cette formule n’est pas tout à fait nouvelle. Il y a des tableaux consolants dans plusieurs tournois. Notre petit plus aurait été de partager la prime dans les différentes séries. Cette formule ne vient pas de moi. C’est le fruit de plusieurs discussions avec différents partenaires du tennis.

Vous êtes à la tête de Beau-Bassin Advantage Tennis. Comment se développe le club ?
Le club se porte très bien. En début d’année, nous avons remporté le tournoi Interclubs pour la 2e année consécutive. Nos licenciés progressent. Jake Lam (U12 Garçons), Malika Ramasawmy (U12 Filles) et Sarah Introcaso (U14 Filles) portent très haut les couleurs du club. Ils ont brillé lors des deux étapes du circuit international disputé à Maurice au début du mois et aussi pour le présent tournoi. Je remercie les deux autres coaches du club, Jacob Rasolondrazana et Olivier Laurent, pour le travail effectué avec les jeunes.

«Je suis toujours présent quand la fédération a besoin de mes services ou de mon expertise.»

Vous êtes aussi très actif au niveau de la fédération. Expliquez- nous votre rôle et vos motivations…
Je suis toujours présent quand la fédération a besoin de mes services ou de mon expertise. Au f il des années, je me suis intéressé à tout ce qui concerne le tennis. J’ai commencé à jouer à l’âge de 13 ans. Par la suite, je suis devenu entraîneur, arbitre de chaise et juge-arbitre et formateur. Ma motivation est d’aider le tennis à se développer et de voir nos joueurs s’épanouir.

Le tennis a été retiré des Jeux des îles 2019 qui, pourtant, se disputeront à Maurice. Que ressentez- vous face à cette décision ?
C’est triste. Il y a une nouvelle génération de joueurs qui se dévoile. Je pense que dans trois ans, les données ne seront pas comme en 2015. Nous serons dans un nouveau cycle. Les joueurs mauriciens auront acquis l’expérience requise et auront le niveau pour briller à cette compétition.

Sarah Introcaso et les autres jeunes ont besoin de frottements à l’étranger pour rehausser leur niveau.
[Photos : Lindsay Kadarasen]

Pensez-vous que le tennis a perdu un peu de son charme auprès du public mauricien ?
Je ne le pense pas. Le tennis jouit d’une bonne popularité. Il y beaucoup d’écoles de tennis à travers l’île. Le souci est que les jeunes ne veulent pas se lancer dans la compétition.

Pourquoi ce désintérêt selon vous ?
Je pense que les clubs ne font pas suffisamment d’efforts pour pousser les jeunes vers la compétition. Il y a neuf clubs qui sont officiellement affiliés à la fédération. Si chacun de ces clubs envoyait dix joueurs pour les tournois, les tableaux seront suffisamment remplis.

Quelles sont vos propositions pour relancer le tennis ?
Il n’y a rien à relancer. Le tennis est bien lancé à Maurice, il faut juste continuer le bon travail des clubs et de la fédération. Il faut aider chaque joueur à réaliser son rêve. Le premier coup de pouce serait de permettre à ce joueur de représenter son pays aux JIOI surtout quand l’événement est organisé dans son pays. Il faut aussi continuer à investir dans la formation des entraîneurs et des infrastructures. Pour aider les joueurs à s’épanouir, il faut leur permettre de faire des tournois à l’étranger.

Si vous deviez miser sur deux jeunes joueurs mauriciens pour briller sur le plan international, ce serait sur qui ?
Je miserais sur Christopher Fok chez les garçons et Sarah Introcaso chez les filles. Dans quatre ou cinq ans, ils devraient se positionner parmi les meilleurs juniors. Mais pour qu’ils soient à leur plein potentiel, il faut qu’ils quittent l’île et aillent développer leurs talents en Europe ou en Amérique. L’âge idéal pour aller vers cette transition est de 14 ans, au-delà ce sera trop tard.

Encourager les jeunes à l’exode pour progresser, n’est-ce pas avouer qu’à Maurice on n’a pas l’expertise requise ?
A ce niveau, ce n’est pas l’expertise qui importe mais l’exposition. Pour se faire une place dans le gratin mondial, il faut faire le maximum de matches pour gagner des points. En Europe, en Amérique ou même au centre international du Maroc où s’entraîne Christopher Fok, les joueurs ont la possibilité de bouger pour faire des tournois.

 

Carte de visite

<p><strong>Situation familiale :</strong> Marié à Dominique et père de deux enfants, Yannick (25 ans) et Axelle (21 ans).<br />
	<strong>Age : </strong>52 ans<br />
	<strong>Palmarès</strong><br />
	Champion en double hommes en 1996<br />
	N&deg;4 mauricien en 1998<br />
	Capitaine de l&rsquo;équipe de Maurice pour la Coupe Davis en 2000<br />
	Entraîneur depuis 1990</p>