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Cancer du sein : journal émouvant d’une optimiste

16 octobre 2016, 22:00

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Cancer du sein : journal émouvant d’une optimiste

La Française Julie Chaber, qui a vécu dix ans à Maurice, a couché sur papier et avec humour sa lutte contre le cancer du sein. Son roman intitulé Le journal pas si triste de mon cancer du sein, est un hymne à la vie. Son récit en ce mois du cancer du sein.

Jusqu’à décembre dernier, cette belle trentenaire, mariée à Eric, un Français d’origine mauricienne et mère de Lena, bientôt 12 ans, avait tout pour être heureuse. «Après avoir grandi en France, mon mari souhaitait à l’âge adulte renouer avec ses racines. Nous sommes venus à Maurice pour deux mois d’abord et nous avons tellement aimé que nous sommes restés dix ans.» Elle y menait la vie d’une expatriée, son mari ayant fondé Reefcube Ltd, Mobile Agency, cette Webmaster gérait un site sur la course à pied, raconte-t-elle dans un échange de méls.

On apprend aussi dans un extrait de son livre, qu’elle menait une vie très saine : elle faisait régulièrement du sport et mangeait bio. Bien que sa mère ait eu deux cancers du sein, elle se croyait protégée contre ce mal parce qu’elle avait une hygiène de vie rigoureuse, qu’elle avait allaité sa fille pendant longtemps et que tous les messages de prévention allaient dans le sens d’une protection contre le cancer en cas d’allaitement long.

 Et puis, un jour de décembre 2015, elle sent une boule dans son sein gauche. Elle se rend alors à la clinique Apollo Bramwell où elle passe une mammographie et une échographie. Le médecin qui lui fait faire l’échographie décèle tout de suite qu’il y a un problème et la fait revenir le lendemain pour une cytoponction. Lorsque les résultats tombent deux jours plus tard, il est question «d’un fort soupçon de malignité» et c’est l’effondrement.

Perdue, Julie Chaber se rend chez sa généraliste qui lui conseille d’aller se faire soigner à La Réunion. Elle s’y rend. Au centre médical Les Orchidées, à St Denis, elle voit «des cancéreux partout. Ils ressemblent à des cadavres, des morts-vivants, pâles et sans cheveux. Surtout des femmes et même des jeunes.» Elle est dans le déni total. «Je ne suis pas comme eux. Je ne suis pas comme vous !» pense-t-elle alors.

Elle s’affole de tout ce qu’elle voit. «Oooo mon Dieu, il y a des brochures sur comment choisir sa perruque, le tatouage des mamelons. Ooooooo mais calmez-vous là, je ne vais perdre ni mes cheveux, ni mes seins parce que je ne suis pas comme eux, je ne suis pas comme vous ! Je n’ai qu’un petit nodule de 1,6 cm. C’est rien ça. On va me l’enlever vite fait, bien fait et tout sera fini», écrit-elle encore.

Or, les choses ne se passent pas ainsi. Le chirurgien qu’elle qualifie de «canon» ne la ménage pas. Elle a droit à la totale. D’abord une chirurgie en deux étapes, la première pour enlever la tumeur et les ganglions indiquant si le cancer s’est généralisé ou pas et ensuite, la mastectomie, soit l’ablation totale du sein. Une fois le mois, Julie Chaber prend l’avion pour La Réunion pour une séance de chimiothérapie. Elle en a fait six. Mais avant de commencer, elle organise une «hair party. Sachant que j’allais perdre mes cheveux, j’ai organisé une soirée où j’ai réuni tous mes amis. On a fait la fête et à la fin de la soirée, je me suis rasée la tête avec leur soutien.»

Son calvaire ne s’arrête pas là. Elle passe aussi par 25 séances de radiothérapie et doit se faire des injections de suppresseur d’hormones pendant un an car son cancer est hormono-dépendant. «Cela m’a coûté très cher et j’ai bien conscience que tous les Mauriciens n’ont pas cette chance», dit-elle. Elle est suivie par le Dr Sandra Gréget, référence en matière de cancer à l’Ile Soeur.

À Maurice, elle apprécie les soins de soutien dispensés par Justine Koenig qui est socio-esthéticienne à Fortis Darné et «la gentillesse des infirmiers du laboratoire» de cette clinique. À la fin de ses traitements, Julie Chaber et les siens décident de regagner la France. Pourquoi? «Honnêtement, je suis devenue parano. Maurice, c’est petit et les gens m’ont connu malade, chauve, fatiguée. J’ai eu envie de redevenir anonyme, de tourner la page. Je ne voulais pas être la cancéreuse de service.»

Pour se défouler durant cette période particulièrement douloureuse de sa vie, elle anime d’abord une page régulière sur Facebook. «Mettre des mots sur les maux m’a permis de prendre de la distance et de donner des nouvelles en direct à mes amis.» Ce sont ces derniers qui lui conseillent d’ailleurs de les compiler pour en faire un livre. Elle suit le conseil et y injecte une bonne dose d’humour car «le rire est la meilleure arme», estime-t-elle. C’est aussi pour faire profiter de son «expérience en toute humilité, partager ce qui a marché pour moi et qui n’a pas fonctionné», qu’elle a été de l’avant avec ce roman.

Elle est aujourd’hui en rémission et doit absorber des hormones pendant dix ans. «Je serai déclarée guérie dans cinq ans mais les rechutes sont toujours possibles, c’est le problème du cancer. Je me dis que rien n’est gagné alors je mets toutes les chances de mon côté en mangeant sainement, en faisant du sport.»

Aux femmes qui découvrent qu’elles ont un cancer du sein, Julie Chaber conseille «de profiter à fond des soins qu’elles peuvent trouver à Maurice comme le reiki, les massages, l’acuponcture, la socioesthétique et de ne pas culpabiliser». L’a-t-elle fait ? «Je fais partie de ces malades qui se demandent ce qu’ils ont fait de mal pour tomber malade et je m’en veux d’avoir bouleversé la vie de mon enfant… mais rassurez-vous, j’en parle toutes les semaines à mon psy pour sortir de cette culpabilité.»

Qu’est-ce que ce cancer a changé dans sa vie ? «Alors que je ne croyais en rien, je me suis tournée vers Dieu et j’ai fait un long cheminement spirituel. Je suis devenue catholique.»