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Fort de ses nouvelles centrales, le Pérou songe à exporter son électricité

13 octobre 2016, 11:37

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Fort de ses nouvelles centrales, le Pérou songe à exporter son électricité

Sur les hauteurs de la jungle péruvienne, la centrale hydroélectrique de Chaglla, mise en service fin septembre, fonctionne à plein régime : avec ses nouvelles installations, ce champion de la croissance en Amérique latine songe désormais à exporter son énergie.

«Les (centrales) hydroélectriques construites depuis 2009, les thermiques qui fonctionnent avec du gaz et les duales (au gaz ou au diesel), plus la chute de la demande d'il y a quelques années, permettent au Pérou d'avoir un surplus d'énergie, avec une réserve assez importante», explique à l'AFP l'ancien ministre de l'Energie, Carlos Herrera.

Le Pérou, deuxième producteur mondial d'argent, troisième de cuivre et cinquième d'or, connaît une expansion économique depuis des années qui entraîne dans son sillage le secteur de l'énergie. 

En 2015, l'hydroélectricité représentait 34% de la production électrique du Pérou, contre 63% d'origine thermique, le reste provenant du solaire ou de l'éolien. 

Avec la centrale de Chaglla, construite dans la région de Huanuco (centre) et la mise en service prochaine de celle de Cerro del Aguila, dans la région de Huancavelica (sud), autre zone sous-développées du pays, la part de l'énergie hydraulique pourrait s'approcher de 40%, selon les experts. 

«Après avoir souffert durant des années d'un manque dans la provision et la connexion énergétique, aujourd'hui, on ressent un certain soulagement», estime Abraham Chahuan, dirigeant de la mine d'Antamina, un des plus importants gisements de cuivre du monde, à Ancash (nord).

 Un million de familles

«Mais je pense que nous ne devons pas cesser d'investir dans (le secteur de) l'énergie (...) Car si nous avons un surplus aujourd'hui, dans deux ou trois ans, on pourrait être en manque», relativise-t-il.

A son arrivée à la tête du pays en juillet, le nouveau président, le libéral de centre droit Pedro Pablo Kuczynski, a proposé d'exporter l'énergie produite.

Le Pérou a une puissance installée de 12.189 MW, dont 10.718 MW destiné au marché électrique, selon les données du gouvernement datant de 2015. Or, le pays ne consomme au maximum que 6.600 MW environ, explique l'ex-ministre Herrera. 

Mais de nombreux obstacles doivent être surmontés avant de pouvoir exporter.

«Tant qu'il ne sera pas clair qu'il y a suffisamment d'énergie et que celle-ci est garantie pour la consommation interne, il y aura toujours des discussions» sur l'opportunité d'en exporter, juge le directeur d'Odebrecht Energie pour l'Amérique latine, Erlon Arfelli.

Pourtant, avec une croissance moyenne de la demande de 500 MW par an et les projets en cours, le pays andin ne devrait pas connaître de difficultés d'approvisionnement durant les cinq prochaines années. 

Mais l'électricité produite par les centrales hydroélectriques, moins chère, est destinée au marché intérieur, rappelle M. Herrera. Pour en exporter, d'autres centrales de ce type devraient voir le jour, mais leur construction est lente et leur coût élevé, ajoute-t-il.

«Le Pérou a un potentiel de production de 20.000 MW dans la zone andine et de 20.000 MW supplémentaires dans la jungle. Mais dans cette dernière, le développement semble difficile, car il existe des problèmes environnementaux», relève l'ancien ministre de l'Energie. 

La centrale de Chaglla, qui produit 456 MW, fournit de l'électricité à un million de familles.