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Colombie : Après l’échec surprise du référendum, les conséquences économiques

10 octobre 2016, 12:47

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Colombie : Après l’échec surprise du référendum, les conséquences économiques

Tout était prêt : une fois approuvée, la paix en Colombie devait débloquer une manne financière, booster l’économie du pays et les investissements. Mais la victoire surprise du «non», lors du référendum de dimanche dernier a tout mis entre parenthèses.

Avant le camouflet du référendum, le président Juan Manuel Santos soulignait pourtant que la paix était le «meilleur investissement» que pouvait faire le pays en mettant fin à 52 ans de conflit avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Ainsi, la Banque mondiale avait annoncé en janvier l’octroi à la quatrième économie d’Amérique latine de 1,4 milliard pour financer ses efforts de paix.

De son côté, l’Union européenne était sur le point de lancer un fonds de près de 600 millions d’euros pour «soutenir l’application de l’accord de paix» tandis que les États-Unis devaient apporter 400 millions de dollars destinés au plan «Paix Colombie» sur le post-conflit.

A présent, «il y a une incertitude très grande. Tout cela va rester gelé jusqu’à ce que l’horizon s’éclaircisse. Tout va dépendre de ce que seront prêtes à céder les trois parties, le gouvernement, les Farc et les représentants du non», explique à l’AFP l’économiste César Ferrari, professeur de l’université Javeriana.

Bien que la Colombie ait enregistré une croissance moyenne de 3,9% dans la dernière décennie, la chute du pétrole a entamé ses recettes. Pour 2016, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse, de 3 à 2,5%.

Et le gouvernement colombien qui misait beaucoup sur la paix avait déjà fait ses calculs : l’après conflit devait se traduire par une croissance annuelle additionnelle de 1,1 à 1,9%, grâce à une meilleure sécurité et l’arrivée d’investisseurs étrangers dans le tourisme, les mines et le secteur agricole.

 «Résultat négatif» 

Mais pour le chef du département Amérique latine du FMI, Alejandro Werner, dont l’institution a renouvelé en juin la ligne de crédit de 11,5 milliards de dollars mise à la disposition de la Colombie, ces effets positifs «ne se matérialiseront pas» avant la fin réelle du conflit, a-t-il souligné à l’AFP.

En revanche, le «non» au référendum a le mérite de repousser le casse-tête du financement du post-conflit avec les Farc dans un contexte de chute des cours du pétrole.

Car la réintégration des guérilleros à la vie civile, comme prévu par les accords de paix conclus le 24 août, représentait un coût économique élevé.

Selon le Sénat, environ 31,4 milliards de dollars auraient été nécessaires au cours des dix prochaines années, soit un tiers du budget annuel de 2017 à 78,3 milliards de dollars.

De leur côté, les marchés ont plutôt bien réagi, avec de légères variations.

«La fin du processus de paix va prendre un peu plus de temps (...) Mais l’économie colombienne va continuer à être exactement la même», a assuré à l’AFP le ministre des Finances, Mauricio Cardenas.

Mais les analystes préviennent que l’impact pourrait être bien plus important à moyen ou long terme si l’incertitude politique se prolonge, retardant d’autant plus l’adoption d’une réforme fiscale qui doit se traduire par une augmentation de la TVA, non sans une forte polémique.

En cas de retard important, les agences de notation, qui considèrent cette réforme indispensable pour réactiver l’économie colombienne pourraient abaisser la note souveraine du pays.

«Le résultat du référendum en Colombie est négatif pour son historique de crédit. La défaite serrée de l’accord de paix souligne un paysage politique polarisé qui va saper la capacité du gouvernement à faire passer d’autres réformes», a averti Samar Maziad de l’agence Moody’s.