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Evacuations de villages en Inde après les raids au Cachemire

30 septembre 2016, 12:30

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Evacuations de villages en Inde après les raids au Cachemire

L'Inde a évacué vendredi des villages frontaliers du Pakistan qui réfléchissait à sa réponse à des opérations militaires indiennes la veille au Cachemire, sur fond de tensions exacerbées entre les deux puissances nucléaires.

L'ONU a appelé au calme après une opération commando présentée par l'Inde comme des «frappes ciblées», et par le Pakistan comme de simples «échanges de feu» de part et d'autre de la frontière de facto divisant le Cachemire.

Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a convoqué son Conseil des ministres vendredi. A l'ordre du jour: les tensions dans cette région que les deux pays se disputent depuis près de 70 ans, et qui connait depuis juillet un regain de violences.

La même fébrilité régnait dans les couloirs de New Delhi. Le Premier ministre indien Narendra Modi réunissait dans la matinée son comité de sécurité pour discuter de la situation.

L'Inde a annoncé jeudi avoir conduit des raids commandos au milieu de la nuit contre des caches «terroristes» situées près de la ligne de démarcation entre les deux pays, reconnaissant à demi-mot que celles-ci se trouvaient du côté contrôlé par le Pakistan.

Selon sa version, les abris visés étaient la dernière halte de petites cellules rebelles qui s'apprêtaient à pénétrer clandestinement dans la partie contrôlée par New Delhi de cette région à majorité musulmane.

Evacuations

Cette opération militaire intervient une dizaine de jours après l'attaque d'une base indienne au Cachemire où 19 soldats avaient trouvé la mort, la plus meurtrière dans la région depuis plus d'une décennie.

Le précédent bilan de 18 morts a été revu à la hausse vendredi après qu'un soldat indien a succombé à ses blessures.

Par crainte de représailles aux raids au Cachemire, des milliers de villageois du Pendjab indien (nord-ouest) ont été enjoints de quitter leur foyer.

Les autorités supervisaient l'évacuation de villages situés dans une bande de dix kilomètres parallèle à la frontière pakistanaise. 

Un millier de localités, réparties sur six districts pendjabis le long de la barrière barbelée, pourraient être au final concernées.

En tracteur, en camion ou à moto, des familles entières s'acheminaient vers des camps temporaires mis en place par les autorités.

Pour Jaswant Kaur, un fermier de 55 ans, cette évacuation était la quatrième de ces dernières années.

«Ce n'est jamais agréable de laisser votre maison, votre champ, votre bétail et tout le reste. Vivre ici signifie être toujours sur le fil du rasoir», confie-t-il.

Des évacuations de moindre ampleur se déroulaient également plus au nord de l'Inde, à proximité de la ville de Jammu.

Nationalisme

Des deux côtés de la frontière, un virulent nationalisme s'exprimait dans les médias vendredi matin.

Le quotidien économique indien The Economic Times louait ainsi le gouvernement nationaliste hindou d'avoir pour la première fois annoncé publiquement ces frappes et ainsi directement confronté le Pakistan.

Cette annonce «signe la fin de la gestion traditionnelle de nos relations avec un voisin-ennemi et trace une nouvelle ligne rouge», se félicite le journal.

Côté pakistanais, on qualifiait de «farce» les «frappes chirurgicales» de l'Inde.

«Toute la nation est unie avec notre valeureuse armée pour ensevelir les funestes desseins de nos ennemis», a déclaré Shahbaz Sharif, gouverneur du Pendjab pakistanais et frère du Premier ministre, selon des propos rapportés en une du quotidien ourdou The Express.

Mais un son de cloche plus nuancé provenait de l'éditorial du quotidien Dawn. 

Le principal journal anglophone pakistanais met en garde contre «la guerre des mots» des médias, tout aussi dangereuse selon lui que «la guerre des sabres».

La partie du Cachemire contrôlée par l'Inde, où sévissent des groupes rebelles pro-pakistanais, s'est embrasée en juillet après la mort d'un jeune rebelle charismatique, Burhan Wani.

L'Inde et le Pakistan revendiquent tous deux la région himalayenne du Cachemire depuis la Partition de 1947. Des dizaines de milliers de personnes, en grande majorité des civils, ont perdu la vie dans ce conflit.