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Afrique du Sud : Le braconnage au cœur d’une conférence internationale

23 septembre 2016, 08:17

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Afrique du Sud : Le braconnage au cœur d’une conférence internationale

 

La lutte contre le trafic des espèces menacées par un braconnage largement nourri par la demande de l’Asie. C’est le thème qui dominera les débats de la conférence mondiale sur la faune qui s’ouvre demain.

L’enjeu de la convention qui débute demain à Johannesburg est capital, selon les organisations non gouvernementales (ONG). Cette nouvelle réunion de la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées (Cites) est organisée tous les trois ans pour réglementer le commerce des animaux et des plantes.

«Au moment où tant d’espèces sont gravement menacées par un braconnage insatiable et le commerce, la réunion aura un pouvoir de vie ou de mort sur des animaux emblématiques comme les éléphants, les rhinocéros, les lions et les pangolins», prévient Teresa Telecky, de la Humane Society International. Soit les 182 pays de la Cites «s’entendent pour les protéger au maximum», soit «ils risquent de disparaître», met-elle en garde à l’intention des 3 500 délégués attendus jusqu’au 5 octobre.

Le braconnage alimente un trafic extrêmement lucratif, évalué à 20 milliards de dollars par an, selon la Cites. Ce qui en fait le quatrième commerce illégal sur la planète après celui des armes, de la contrefaçon et des êtres humains.

Rhinocéros et éléphants, prisés respectivement pour leurs cornes et leur ivoire, paient le prix fort. Trois rhinocéros sont tués chaque jour pour leurs cornes, selon l’organisation mondiale de protection de la nature World Wildlife Fund. Ces huit dernières années, plus de 5 000 d’entre eux, soit le quart de leur population mondiale, ont été tués en Afrique du Sud, qui abrite à elle seule 80 % de ces mammifères encore en vie.

Leurs cornes, composées de kératine comme les ongles humains, sont très recherchées en Asie, où la médecine traditionnelle leur prête des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques. Sur le marché noir, le kilo se monnaie plus cher que l’or, jusqu’à 60 000 dollars.

Lever l’interdiction

De son côté, la population des éléphants vivant dans les savanes d’Afrique a décliné de 30 % entre 2007 et 2014, elle aussi victime pour l’essentiel du braconnage, selon un recensement récent. À Johannesburg, «l’essentiel de l’attention internationale se focalisera sur l’ivoire des éléphants africains et la corne du rhinocéros blanc du Sud», résume le secrétaire général de la Cites, John Scanlon.

Le commerce international de cornes de rhinocéros et d’ivoire est officiellement interdit depuis respectivement 1977 et 1989. Mais ces mesures n’ont pas réussi à enrayer les massacres. Au point que certains envisagent désormais de légaliser certains commerces, seule façon selon eux de réduire le braconnage.

À Johannesburg, le petit royaume du Swaziland va ainsi proposer de lever l’interdiction du commerce de corne de «ses» rhinocéros. Il est soutenu par les éleveurs de ces mammifères. Leur protection «nous coûte une vraie fortune. Le moindre centime va dans la protection des rhinocéros, ce n’est pas tenable», affirme à l’Agence France-Presse une propriétaire d’Afrique du Sud, Lynne MacTavish.

La proposition swazie a toutefois peu de chances d’aboutir, fermement combattue par les ONG qui redoutent à l’inverse que la levée du moratoire ne nourrisse encore davantage la demande. Le Zimbabwe et la Namibie doivent demander la levée de l’interdiction du commerce de l’ivoire pour pouvoir vendre sur le marché leur stock d’ivoire confisqué ou provenant d’éléphants décédés de mort naturelle.