Publicité

L’armée américaine accusée d’avoir tué huit policiers afghans

19 septembre 2016, 21:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

L’armée américaine accusée d’avoir tué huit policiers afghans

 

Les forces américaines en Afghanistan sont accusées d’avoir tué par erreur huit policiers afghans lors de frappes aériennes destinées à protéger ces derniers d’une attaque rebelle contre leur position dans le sud du pays.

Ce nouvel incident, le premier du genre depuis que les troupes américaines stationnées sous mandat de l’Otan ont vu leurs prérogatives élargies en juin, s’est produit dimanche dans la province troublée d’Uruzgan, un fief des talibans en lutte contre le gouvernement central.

Selon les responsables locaux joints sur place par l’AFP, les Américains sont intervenus alors que les insurgés attaquaient un poste de police près de la capitale provinciale Tarin Kot.

«La première frappe a tué un des policiers et alors que les autres se portaient à son secours, une deuxième frappe a fait sept morts parmi eux», a rapporté le commandant de police de la province Rahimullah Khan.

Pour ce responsable c’est bien son poste qui était ciblé: «ce ne pouvait pas être un tir non intentionnel. Mais chaque fois que ça arrive, ils disent toujours ça, que c’était une erreur» a-t-il accusé.

Un des policiers qui a échappé aux tirs, Mohammad Sediq, a ajouté que les policiers étaient «engagés dans un combat rapproché» avec des talibans quand ils ont été touchés par les tirs américains.

«J’étais là quand un avion de combat nous a attaqués, puis un hélicoptère a fait un second passage», a confirmé un autre policier rescapé, Tor Jan.

Le responsable du conseil provincial d’Uruzgan, Mohammad Karim Khadimzai, a précisé que les policiers «se trouvaient à l’intérieur de leur poste» au moment du raid.

Contacté à Kaboul, le commandement de l’Otan a confirmé que deux frappes aériennes avaient été conduites, dimanche, en soutien aux forces afghanes menacées par des assaillants.

Ces deux frappes «ciblaient des individus qui visaient et menaçaient nos partenaires afghans à Tarin Kot», a indiqué à l’AFP le général américain Charles Cleveland, porte-parole de la mission militaire de l’Otan.

«Nous n’avons pas d’informations sur ces individus», a-t-il assuré. «Les forces américaines, celles de la coalition et les forces afghanes ont le droit de se défendre et, dans cette affaire, elles ont répondu à une menace immédiate» a-t-il également remarqué avant de renvoyer sur le ministère de l’Intérieur.

enquête en cours

Le ministère s’est contenté d’assurer qu’il «enquêtait» sur cette attaque.

La précédente bavure de l’armée américaine en Afghanistan remonte à septembre 2015, lorsque onze policiers afghans spécialistes de la lutte antidrogue avaient été tués par une frappe aérienne dans la province du Helmand (sud), bastion taliban qui produit 85% de l’opium mondial.

Mais cette nouvelle erreur intervient au lendemain d’une bavure de la coalition internationale menée par les Etats-Unis en Syrie: elle a reconnu samedi avoir bombardé un site de l’armée syrienne confondu avec une position de l’organisation Etat islamique (EI). Au moins 60 soldats syriens ont été tués.

En vertu des nouvelles prérogatives que leur a conféré en juin le président Barack Obama pour contrer la menace islamiste, les forces américaines en Afghanistan disposent désormais de l’autorité nécessaire pour cibler «activement» les talibans et leurs positions ainsi que celles de l’EI - présentes essentiellement dans l’Est.

Leur commandement peut notamment ordonner des frappes aériennes en soutien aux forces afghanes qui se trouvent directement menacées - et non plus seulement pour protéger les forces de l’Otan, comme c’était le cas auparavant.

Au début du mois, les Américains sont ainsi intervenus au côté des forces afghanes pour contrer une offensive des talibans qui encerclaient Tarin Kot et avaient tenté de s’emparer de cette capitale provinciale, semant la panique parmi les habitants.

Elles ont fait de même au cours de l’été autour de Kunduz (nord) et de Lashkar-Gah, capitale du Helmand, pour empêcher les talibans de prendre le contrôle de la ville.

Depuis la brève chute de Kunduz, tombée en octobre 2015 trois jours durant aux mains des insurgés, la protection des capitales provinciales est une priorité pour le gouvernement et ses alliés occidentaux.