Publicité

Seeven Seevathean: Un ferblantier inoxydable

18 septembre 2016, 10:15

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Seeven Seevathean: Un ferblantier inoxydable

La ferblanterie est une affaire de famille chez les Seevathean. Cela, même si le métier demande beaucoup de patience.

De bin matin, à Bambous. C’est rare, lui, qu’il ait un coup de bambou. Pourtant, cela fait presque 20 ans qu’il découpe, soude, forge, cisèle et modèle du fer-blanc, de l’aluminium ou de la tôle pour gagner sa vie. Rencontre avec Seeven Seevathean, 59 ans, qui fait feu de tout bois.

Sachez pour commencer que la ferblanterie était loin d’être son premier amour. Ce qui le fascinait, c’était «bann pwa lour. Voyaz dan kamion, lev sima, fer travay kosto». En fait, c’est un ami qui l’a présenté aux marteau, racloir, fer à plier et autres pinces à cintrer, pour ne citer qu’eux. Puis, de cisaille à compas, il a décidé de se jeter à l’eau, tant qu’à faire, en ouvrant son atelier, à Boundary Road, Rose-Hill. 

Mais en 1994, le cyclone Hollanda a balayé son petit local, tel le loup dans les Trois petits cochons. Mais Seeven a vite repris du poil de la bête. Et en 2005, il a bougé à Bambous, où la concurrence est moins féroce. L’emplacement est plus stratégique et plus visible, non seulement pour les touristes mais aussi pour les Mauriciens. Des clients à qui il propose des arrosoirs, petits, moyens et grands, des lanternes, des marmites, des dekti, des kalchoul, des tirelires et des moules à gâteaux en forme de dauphin, guitare papillon, entre autres. 

Histoire de ne pas passer du coq à l’âne, d’où viennent les matériaux ? «Ferblan népli ganyé aster, bizin travay ek aliminium ek tol. Mo pran kot fourniser. Lontan, ti éna bann zérican, pétrol ti pé vinn ladan. Aster népli trouvé mem sa...»

Les jerricans de pétrole ont disparu mais Seeven, lui, n’accuse pas de coup de pompe. Il est debout aux aurores tous les jours. Et vers 7 h 30, il est déjà dans son atelier. «Mo trasé, koupé, azisté, soudé ziska 3 zer tanto. Ler lamé fatigué, mo al lakaz, mo ress Stanley mwa.»

Tiens, on allait oublier le précieux métal. Le travail de ferblantier est-il un bon filon ? «Kapav trasé, réssi débat. Sé enn métyé ki démann boukou pasians.» Pour les prix, il faut compter entre Rs 250 et Rs 350 pour les arrosoirs, Rs 1 500 et Rs 5 000 pour un luminaire «géant», design et vintage ou encore Rs 1 500 pour une marmite.

Cuisinons le ferblantier. Qu’en est-il de la famille, des enfants ? «J’ai trois fils et une fille. L’aîné a 37 ans et le benjamin 31.» Et le métier de ferblantier a beau être en voie de disparition, chez les Seevathean, on se fait un devoir de perpétuer les traditions. Deux des fils de Seeven ont suivi ses traces. Le «spécialiste des moules à gâteaux» a son atelier à Rose-Hill et le «spécialiste qui fabrique des cheminées pour les hôtels» a installé le sien à Nouvelle-France. «Mo bien fier mo bann zanfan», tient à préciser le père, qui ajoute que ses fistons ont, comme lui, une volonté de fer.

Des plans pour l’avenir ? Travailler, encore et toujours. Pas question, en tout cas, de se laisser envahir par la rouille.