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The Neon Demon : Une Lolita postmoderne

9 septembre 2016, 09:23

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The Neon Demon : Une Lolita postmoderne

Résumé

Jesse, tout juste seize ans, venue du fin fond de sa Géorgie natale, débarque à Los Angeles avec l’idée de devenir mannequin. Jesse est d’une beauté éthérée, irréelle et il se dégage de sa personne physique une pureté presque palpable. Évidemment, Jesse est tout de suite remarquée ; d’abord par une maquilleuse qui a ses entrées, puis par un photographe très en vue et c’est le début de son ascension. Tout aussi évidemment, l’adolescente suscite de la jalousie et bien des convoitises de la part des autres mannequins. Certaines sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté et envisagent de le faire en usant de magie noire…

LA NOTE : 7/10

The Neon Demon, avec ses innombrables installations chic et chocs – et à la clé quelques-uns des plus beaux plans de la carrière de Nicolas Winding Refn – a quelque chose de vain. La sensation d’assister à l’une des plus incroyables satires de la mode et de la publicité, le tout en usant des mêmes armes que ces dernières, en fait un objet particulier à ne cependant pas sous-estimer. The Neon Demon est un thriller dont la structure se meut par ondulations serpentines. À chaque scène sa hauteur de ton elliptique, son niveau d’entrelacement spécifique.

Chaque scène dialoguée ou développant l’intrigue – bien qu’efficace – ne sert au cinéaste qu’à faire avancer ses pions, nous faire accéder à la prochaine performance visuelle.

Mais loin de ne se limiter qu’à une série de numéros virtuoses, The Neon Demon s’articule via de multiples angles de réalité, toujours fluctuants : le pont de vue zéro du récit, la vision fantasmée par Jesse - image d’un univers de la mode froid et aseptisé la promettant néanmoins à une grande carrière -, le regard féroce des photographes, et l’envers cauchemardesque et allégorique de ce manège pailleté. Il serait tentant d’y voir là l’écho de David Lynch, dont le Mulholland Drive explorait lui aussi les dessous d’une autre marotte de L.A., le cinéma, mais la comparaison ne tient pas tout à fait. Moins compliqué et tortueux, The Neon Demon tient plus d’un «Lolita» postmoderne qui croiserait le chemin de Black Swan…

Côté mise en scène, Winding Refn se laisse aller une fois de plus à un exercice de style grandiloquent, qui aussi somptueux soit-il, déborde de vanité et manque d’un semblant d’intelligence - les fulgurances graphiques de Only God forgives s’accompagnaient par exemple d’un récit. Mais la force des images, qui puisent tout à la fois dans l’esthétique publicitaire et dans la prise de distance d’artistes contemporains, suffit à garder sauve l’oeuvre. Qu’il soit question de ces scènes sombres desquelles émergent des néons tamisés enrobant les corps, où ces plans plus réalistes mais toujours très stylisés des intérieurs et des extérieurs à la Drive, c’est toujours un sentiment de fascination qui étreint le spectateur.

Une imp ression d’autant plus saisissante que la musique signée Cliff Martinez, qui mêle fureur et élégance, intensifie les sens à l’instar de celle d’Angelo Badalamenti pour Mulholland Drive, par exemple. Reste, sous le gloss et les néons, un minimalisme un peu toc susceptible de diviser. Pas suffisant toutefois pour enlever à The Neon Demon cette improbable aptitude à associer mauvais goût assumé et sophistication extrême. Même sursaturés de formes géométriques et de couleurs, les plans n’atténuent jamais en rien la destinée tragique de Jesse, éclatante Elle Fanning.

Si l’on ajoute à ce tableau une faculté inouïe à chorégraphier la mort et à toujours lui trouver le plus bel écrin, The Neon Demon ne démérite pas. Puisse simplement le Danois densifier à l’avenir un peu son propos, et dépasser ce statut d’esthète génial mais suffisant. À voir pour les amateurs de thrillers aussi complexes que sanglants.

 

 

Fiche technique

Genre : épouvante, horreur
Durée : 2 h
De : Nicolas Winding Refn
Avec : Elle Fanning, Karl Glusman, Jena Malone, Bella Heathcote, Abbey Lee, Christina Hendricks, Keanu Reeves
Salles : Star Bagatelle, La Croisette

EN SALLES

Insaisissable 2

L’histoire en une ligne : Le gang des magiciens voleurs doit reprendre du service lorsqu’ils se font manipuler par un riche sociopathe…
Titre original : Now You See Me 2
Genre : Aventures, action
Durée : 2 h 5
De : Jon M. Chu
Avec : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Dave Franco, Daniel Radcliffe, Lizzy Caplan, Jay Chou, Sanaa Lathan, Michael Caine, Morgan Freeman
Salles : Star La Croisette, Bagatelle

Star Trek : Sans Limites

L’histoire en une ligne : Le capitaine Kirk, Spock, Sulu, Bones et Uhura reprennent du service et mettent le cap sur de nouvelles aventures…
Titre original : Star Trek Beyond
Genre : science-fiction, aventures
Durée : 2 h 5
De : Justin Lin
Avec : John Cho, Simon Pegg, Chris Pine, Zachary Quinto, Zoe Saldana, Karl Urban, Anton Yelchin, Idris Elba
Salles : Star Caudan, La Croisette, Bagatelle

SOS Fantômes

L’histoire en une ligne : Quatre jeunes femmes un peu fantasques et leur assistant un peu débile sont tout ce qui se dresse entre la ville de New York et une invasion de fantômes…
Titre original : Ghostbusters
Genre : Comédie, famille, fantastique
Durée : 2 h
De : Paul Feig
Avec : Melissa McCarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones, Michael K. Williams, Chris Hemsworth
Salles : Star Caudan, La Croisette, Bagatelle