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Sommet de l’Asean: Obama annule sa rencontre avec Duterte qui l’avait insulté

7 septembre 2016, 07:58

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Sommet de l’Asean: Obama annule sa rencontre avec Duterte qui l’avait insulté

 

Le président américain Barack Obama a annulé mardi une rencontre avec son homologue philippin Rodrigo Duterte au sommet de l’Asie du Sud-Est au Laos, après avoir été traité de «fils de pute» par ce dirigeant d’un proche allié régional des Etats-Unis.

Le chef de l’Etat philippin «regrette que ses remarques devant la presse aient causé une telle controverse», a tenté d’excuser son gouvernement dans un communiqué publié juste avant l’ouverture du sommet de l’Asean (Association des Nations d’Asie du Sud-Est) à Vientiane.

M. Duterte, très coutumier des insultes, «a expliqué que des commentaires de presse selon lesquels le président Obama lui ferait la morale sur les exécutions extrajudiciaires l’avaient conduit à ce commentaire virulent», selon Manille.

Le président est très critiqué pour avoir incité ses concitoyens à tuer eux-mêmes toxicomanes et trafiquants de drogues. Ces exécutions extrajudiciaires ont déjà fait officiellement près de 3.000 morts depuis l’accession au pouvoir du président Duterte en juin.

Après une campagne ordurière et populiste, celui qui participe au Laos à sa première grande réunion internationale a multiplié les coups de sang, menacé de quitter l’ONU et de rompre avec Washington et Canberra.

Le président Obama devrait cependant être amené à croiser son homologue philippin lors de ce sommet au Laos, pays enclavé et frontalier de la Chine.

Ce coup de froid entre Washington et son allié militaire historique philippin survient au moment où doivent être évoquées à Vientiane les ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale, contestées par les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan.

A Washington, le département d’Etat, dont l’ambassadeur aux Philippines Philip Goldberg avait lui aussi été traité de «fils de pute» par le président Duterte, a qualifié les insultes contre Barack Obama de «commentaires malheureux».

Interrogé sur d’éventuelles «conséquences» sur l’alliance américano-philippine, le porte-parole Mark Toner a jugé que l’annulation de la rencontre Obama-Duterte représentait «une conséquence» diplomatique significative.

Cependant, le conseiller de Barack Obama, Benjamin Rhodes, a assuré que les relations entre les deux pays «restaient archi-solides», évoquant même une rencontre informelle entre les deux présidents mercredi.

L’Asean est au coeur du «pivot» ou «rééquilibrage» de l’Amérique vers l’Asie-Pacifique, pièce maîtresse de la politique étrangère et économique des Etats-Unis. «L’intérêt de l’Amérique pour l’Asie-Pacifique n’est pas un caprice passager», mais «le reflet des intérêts nationaux fondamentaux» de Washington sur le long terme, a fait valoir le président Obama devant la presse.

Rencontre avec Aung San Suu Kyi 

Il a aussi averti la Corée du Nord, qui a procédé lundi au tir de trois missiles balistiques, que ses «provocations» ne conduiraient qu’à «renforcer son isolement».

Barack Obama devrait aussi défendre les mérites du traité de libre échange trans-pacifique (TPP). Plusieurs pays de l’Asean sont signataires du TPP, mais d’autres restent à convaincre.

Ce sommet et celui de l’Asie orientale, qui inclut les grandes puissances régionales (Etats-Unis, Chine, Japon, Corée du Sud, Australie, Russie) jusqu’à jeudi sera aussi l’occasion pour le président américain de revoir la Birmane Aung San Suu Kyi, ancienne opposante historique devenue ministre des Affaires étrangères. Elle sera aussi reçue la semaine prochaine à la Maison Blanche, a annoncé M. Obama.

Il s’est par ailleurs engagé à aider le Laos à se débarrasser des bombes héritées de la guerre du Vietnam.

Le pays communiste est en effet celui qui a reçu le plus grand nombre de bombes par habitant, lorsque le conflit vietnamien a débordé sur son sol de 1964 à 1973. Washington tentait alors de couper les voies d’approvisionnement des combattants nord-vietnamiens. Sur les plus de deux millions de bombes lancées, quelque 30% n’ont jamais explosé et environ 50.000 personnes en sont mortes depuis la fin de la guerre.

M. Obama a annoncé 90 millions de dollars d’aide au Laos pour le déminage et l’aide aux victimes et il devrait visiter mercredi à Vientiane un centre d’accueil pour ces victimes.

«Ce fut une guerre secrète (qui) a fait du Laos le pays le plus bombardé, plus que l’Allemagne ou le Japon», a rappelé le président des Etats-Unis, soucieux d’assumer «l’héritage douloureux de la guerre».

Il est le premier président américain à se rendre au Laos, pays communiste décrit comme une succursale de la Chine qui y développe casinos et exploitations minières.