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Isabelle Jeannot: «La FMKBDA est prête à s’investir pour la progression de la discipline»

6 septembre 2016, 11:08

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Isabelle Jeannot: «La FMKBDA est prête à s’investir pour la progression de la discipline»

Comme on dit souvent, une bonne nouvelle ne vient jamais seule. Dimanche dernier, la Fédération mauricienne de kick-boxing et disciplines assimilées (FMKBDA) a appris l’élection d’Isabelle Jeannot comme membre de la commission féminine de World Association of Kick-boxing Organisation (WAKO). Cinq jours plus tard, Annaëlle Coret est sacrée vice-championne du monde juniors des -56 kg. 

C’est là une heureuse coïncidence…
Effectivement, en une semaine, Maurice a remporté sa première médaille aux championnats du monde féminins grâce à Annaëlle Coret. C’est une performance exceptionnelle car elle était à sa première participation. Quant à moi, je suis heureuse d’avoir l’opportunité de promouvoir le kick-boxing parmi les femmes. 

Quelles ont été vos premières impressions en apprenant votre élection ?
Je l’ai appris à travers la presse. A aujourd’hui (NdlR : jeudi), je n’avais pas encore reçu de courrier officiel mais les résultats sont disponibles sur la page Facebook de la World Association of Kick-boxing depuis dimanche. Et comme toute bonne nouvelle, mon élection a été très appréciée. Maintenant, il faudra s’organiser pour mener à bien mon mandat en tant que membre de cette commission. 

L’appel aux candidates pour siéger au sein de la commission a été lancé en juillet 2016.  Qu’est-ce qui vous a motivé à vous inscrire aux élections ?
J’ai entendu parler de la commission féminine, il y a un an. C’est le Turc, Salim Kayiki, alors président par intérim de la WAKO, qui m’en avait parlé. Il était venu chez nous pour la Coupe des Nation en juillet 2015. Et quand j’ai reçu le courrier concernant les élections, ça m’a fait réfléchir. J’ai envoyé ma candidature, il y a deux semaines, juste avant la fin des inscriptions. A vrai dire, je ne croyais pas vraiment être élue. Mais je voulais passer un message fort à la WAKO. Maurice est partie prenante de tout projet qui pourrait faire progresser la discipline. La fédération et moi sommes prêtes à nous investir. 

Savez-vous déjà quelles seront vos responsabilités ?
Non. Je pense que les choses vont se mettre en place petit à petit. Mais je suis prête à m’investir pour faire avancer le kick-boxing féminin. Je mets mon expertise en tant qu’administratrice au service de la commission. Mon meilleur atout sera mon expérience passée sur le ring en tant que tireuse et juge-arbitre. Après je suis à la tête d’une fédération dynamique. On a l’habitude de faire de l’excellent travail avec des moyens très limités. Cette élection est un peu la reconnaissance du bon travail que nous faisons. Elle démontre que nous avons notre place au niveau de la plus haute instance. C’est dommage qu’à Maurice, le ministère de la Jeunesse et des Sports ne reconnaît pas cela.

La FMKBDA n’est qu’un petit membre de la WAKO. Comment êtes-vous arrivée à vous faire élire ?
C’est vrai que nous sommes une petite fédération. Mais nous avons de très bons résultats au niveau mondial. En 2013, nous avons eu deux champions du monde, James Agathe et Fabrice Bauluck. Ce dernier domine sa catégorie depuis 2004, année de son premier sacre mondial chez les juniors. Depuis, Maurice est régulièrement présente aux compétitions de la WAKO. Même avec un ou deux tireurs, on fait de bons résultats. Nous avons une bonne réputation sur la scène internationale. C’est sûrement ça qui a joué en ma faveur. 

Quels sont les projets que vous souhaitez proposer à la commission ?
Je n’ai pas vraiment défini de projets. Mais mon souhait est de voir plus de femmes pratiquer le kick-boxing. Si on arrive à les attirer vers la discipline, il faudra parvenir à les garder avec nous. Pour cela, il faut plus de coaches femmes. Il faut donner à ces dernières, les formations adéquates. 

Dans quelle mesure votre nomination au sein de la commission féminine pourrait profiter à la fédération locale ?
Je fais un premier pas au sein de l’instance suprême de la discipline. C’est la première fois qu’un dirigeant mauricien siège dans un comité international. L’objectif est de renforcer les liens. En m’impliquant au plus haut niveau, je me familiariserai avec les rouages de la WAKO. Par la suite, j’appliquerai ce qui se fait au plus haut niveau à notre fédération. 

Justement, comment allez-vous procéder pour  promouvoir le kick-boxing féminin au niveau local ?
Au début de l’année, nous avons mis en place une commission féminine. Cette dernière est présidée  par la juge-arbitre Ombretta Nanine. Elle est accompagnée des adeptes de la discipline et d’autres sportives. Le comité travaille sur plusieurs projets pour promouvoir la discipline auprès de la gent féminine. Ombretta Nanine et ses acolytes espèrent bientôt présenter la discipline dans les établissements scolaires. Elles veulent également travailler avec les municipalités sur divers projets pour la promotion du kick-boxing comme un sport de compétition, une activité pour le maintien de la forme et comme un moyen d’auto-défense. 

La Camerounaise Aboa Zanga et vous êtes les deux représentantes du continent africain au sein de la commission. Quels sont vos projets pour le continent ?
A ce niveau, il faudra aussi faire un état de lieu. Mais au niveau de l’Afrique du Sud, du Cameroun et du Gabon, la discipline est plutôt bien représentée. Nous avons aussi de bonnes relations avec Madagascar et la Réunion qui ont de bonnes équipes féminines. Maintenant, il faudra élargir le champ d’action. Je travaillerai avec la Camerounaise en conséquence.

« Le kick-boxing n’est pas uniquement un sport d’hommes »

Redoutez-vous certains obstacles pour développer la discipline en Afrique ?
Le premier défi sera de bousculer les idées reçues. Le kick-boxing est souvent perçu comme un sport d’hommes. Il faudra démontrer que ce n’est pas le cas. A Maurice, cela nous a pris du temps pour développer le kick féminin. Dans les années 1990 et 2000, on était une vingtaine à pratiquer le kick. Aujourd’hui, nous avons environ 80 licenciées. C’est déjà une bonne progression mais je pense qu’on peut toucher plus de jeunes filles. 

J’appréhende un peu la manière dont la commission va fonctionner. Les membres représentent plusieurs continents. Il faudra qu’on se rencontre et je ne sais pas comment ça va se passer. En tout cas, il faudra une bonne communication.

Cela fait 18 mois que vous êtes à la tête de la FMKBDA. Comment se passe votre mandat ?
Mon mandat se déroule bien car je suis soutenue par les autres membres. On privilégie un travail en équipe. Pour la saison 2016, on a choisi de se concentrer sur les jeunes. On a fait plusieurs compétitions au niveau local pour évaluer les nouveaux boxeurs. Certains ont eu la chance de concourir au niveau régional. Nous avons aussi fait de sorte d’avoir au moins un élément féminin à chacun des déplacements à l’étranger. Nous travaillons sur la relève. Il faut assurer  l’après Fabrice Bauluck et James Agathe.

« Nous continuerons à batailler pour que le kick soit présent aux JIOI »

Dans votre dernière interview à l’express vous émettiez le souhait de voir le kick-boxing aux JIOI. Où en est ce projet ?
L’année dernière, j’ai rencontré Philippe Hao Thyn Voon à ce propos. Il était, alors, président du Comité International des Jeux (CIJ). Bien qu’il nous ait semblé très réceptif, notre dossier n’a pas évolué. Néanmoins, je n’abandonnerai pas. Je sais que c’est mort pour 2019 mais nous continuerons à batailler pour que le kick soit présent aux JIOI.  

Vous aviez, également, des projets pour faire progresser les Mauriciens sur le circuit professionnel. Ces projets ont-ils pu être concrétisés ?
Fabrice Bauluck et Bryan Jameer ont disputé des combats professionnels. Le premier nommé est d’ailleurs détenteur de la ceinture mondiale RCFAI chez les poids coqs. C’est une grosse réalisation. Mais mon regret c’est de ne pas avoir pu offrir à James Agathe la même opportunité. Nous travaillons toujours pour que le champion du monde 2013 des 81 kg ait sa chance. 

Fabrice Bauluck devra, prochainement, remettre sa ceinture en jeu. Où en est l’organisation de combat ?
Hier, nous avons eu une réunion pour l’organisation de l’événement. Le promoteur du combat pour la ceinture mondiale reste le fondateur de la RCFAI, Joe Viljoen RCFAI. Cependant, il y aura des combats au  cours de la soirée. 

En avril 2016, la WAKO est devenue un des partenaires de l’IOC à travers de l’AIMS (NdlR : Alliance of Independent Recognised Members of Sports). Dans quelle mesure ce partenariat pourrait aider à promouvoir le kick-boxing ? 
Il y a des  memorandum of understanding qui sont signés mais souvent il n’y a rien de concret qui suit. A vrai dire, je ne connais pas la politique du nouveau président de la WAKO,  Borislav Pelevic. (NdlR : Le Serbe a été élu  président de la WAKO en novembre 2015). J’espère qu’en tant que membre de la commission féminine, je pourrai travailler plus étroitement avec le comité directeur.  



 

Isabelle Jeannot, une femme d’action

En février 2015, Isabelle Jeannot est devenue la première femme à prendre les rênes de la Fédération mauricienne de kick-boxing et disciplines assimilées. Dix-huit mois plus tard, elle marque à nouveau l’histoire du kick-boxing en se faisant élire comme membre de la commission féminine de la World Association of Kick-boxing Organisation (WAKO). 

Agée de 41 ans, elle se dit déterminée à relever le nouveau challenge. Tout comme en 1993 quand la FMKBDA a vu le jour. Isabelle Jeannot était, déjà, un membre actif de la nouvelle organisation. 

Ancienne hôtesse de l’air aujourd’hui reconvertie en directrice des opérations dans une agence immobilière, Isabelle Jeannot est une femme d’action. Elle a déjà revêtu des gants de boxe. Au début des années 2000, elle officiait comme juge-arbitre. Jusqu’en 2006, son autorité était très redoutée sur le ring. Dans son costume de juge-arbitre, elle était, alors, intraitable.  

Avant le kick-boxing, Isabelle Jeannot était une nageuse de haut niveau. Elle était championne de Maurice de 100 m papillon et avait représenté Maurice aux Jeux d’Afrique, à Hararé, en 1988.