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Merkel assume sa responsabilité après une cinglante défaite électorale

5 septembre 2016, 20:04

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Merkel assume sa responsabilité après une cinglante défaite électorale

 

Angela Merkel a reconnu, lundi, sa responsabilité au lendemain d'une l'humiliante défaite électorale de son parti, vaincu par une droite populiste qui a fait campagne contre la politique d'ouverture aux réfugiés de la chancelière.

Tout en se disant convaincue que sa décision d'ouvrir l'Allemagne à un million de demandeurs d'asile en 2015 était «la bonne», Mme Merkel a admis être «aussi responsable» de la débâcle des siens en Mecklembourg-Poméranie occidentale, un Etat régional d'ex-RDA communiste dont elle est élue.

«Tous doivent désormais réfléchir à ce qu'on peut faire pour regagner la confiance (des Allemands) et, naturellement, moi la première», a-t-elle dit, alors que les législatives de l'automne 2017 approchent.

«Le thème de l'intégration (des réfugiés) et de la reconduite (des migrants) qui n'ont pas d'autorisation de séjour chez nous vont jouer un rôle important», a-t-elle ajouté, en marge du sommet du G20 en Chine.

En surfant sur les agressions sexuelles de masse attribuées à des migrants au Nouvel An et deux attentats en juillet revendiquées par les jihadistes du groupe Etat islamique, les populistes de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont célébré un score retentissant dans le Mecklembourg.

«Historique»

Avec 20,8%, ils arrivent derrière les sociaux-démocrates (30,6%) mais s'imposent à la deuxième place devant l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel à 19%, une première dans de telles élections régionales. 

Le mouvement politique fortifie du coup son assise à un an des législatives avec cette percée très symbolique dans le fief électoral de la chancelière, qui avait personnellement fait campagne.

«Notre pays connaît une rupture politique, et ce n'est pas trop que de dire que cela a une dimension historique», s'est félicité un dirigeant de l'AfD, Jörg Meuthen. 

Les alliés bavarois (CSU) de la dirigeante allemande conservatrice, en opposition frontale depuis des mois à sa politique d'immigration, sont repartis à l'assaut. Ils réclament plus que jamais «un plafond» annuel de réfugiés autorisés à venir en Allemagne, qu'a à nouveau refusé la CDU.

La presse tire, elle, la sonnette d'alarme face à la montée de la droite populiste en Allemagne, un phénomène d'une ampleur inconnue depuis 1945.

«C'était plus qu'une petite élection régionale, c'était une élection sur Merkel : une tempête protestataire dans le nord-est a emporté la CDU qui a glissé derrière l'AfD. Une débâcle pour la chancelière», estime l'hebdomadaire de référence Der Spiegel sur son site.

Le quotidien le plus lu du pays, Bild, s'interroge lui sur le nombre «de gifles (que) Merkel  peut encore supporter».

L'AfD est désormais représentée dans neuf des 16 parlements régionaux trois ans après sa fondation. Le parti a bousculé le jeu politique avec un discours anti-migrants, mais aussi par son rejet du bipartisme et des élites conservatrices et sociales-démocrates qui alternent ou se partagent le pouvoir depuis 70 ans.

«Fin de l'ère Merkel»

«L'AfD est en train d'avoir une influence fondamentale sur le paysage partisan. Les coalitions de gouvernement à l'ancienne ne s'imposent plus», relève Sebastian Friedrich, un politologue spécialisé sur ce parti.  

Désormais l'Allemagne n'apparaît plus comme une exception européenne, après avoir semblé épargnée par la progression des partis nationalistes et populistes sur le continent.

Au niveau national, les populistes allemands en sont à 14% d'intentions de vote selon un récent sondage, soit un gain de 10 points dans les douze mois qui ont suivi la décision de Mme Merkel d'ouvrir son pays aux demandeurs d'asile.

Si la chancelière n'a pas encore annoncé sa candidature à un quatrième mandat, rares sont ceux à en douter.

«C'est le début de la fin pour l'ère Merkel», a prévenu lundi l'une des chefs du parti anti-migrants, Beatrix von Storch. Et l'AfD espère une nouvelle percée le 18 septembre lors des élections du parlement de Berlin.

Angela Merkel a toutefois encore pour elle de n'avoir aucun rival sérieux dans son parti et de pouvoir compter sur la faiblesse du parti social-démocrate, qui semble n'avoir aucune chance de devancer la CDU en 2017. «Merkel n'a pas de soulèvement à craindre» dans son parti, «aucun successeur ne se profile», souligne Karl-Rudolf Korte, professeur de sciences politiques à l'université de Duisbourg.