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Mekhissi: «Mimoun a marqué sa génération. A moi de marquer la mienne»

18 août 2016, 07:55

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Mekhissi: «Mimoun a marqué sa génération. A moi de marquer la mienne»

 

«Mimoun a marqué sa génération, à moi de marquer la mienne», a expliqué Mahiédine Mekhissi, mercredi à Rio, après avoir remporté sa 3e médaille olympique au 3000 m steeple en trois Jeux, le bronze sur tapis vert, aux dépens du Kényan Ezekiel Kemboi, coupable de franchissement de ligne.

Comment s’est déroulée la course?

«J’étais derrière Ezekiel (Kemboi) et à un moment donné, tout seul, sans être poussé, il a coupé le fromage. Et moi, j’ai su qu’il allait être disqualifié. Je me suis dit qu’il y avait des règles et dans la logique des choses, il devrait être disqualifié. Normalement... Il est carrément sorti à l’intérieur. Il y a des règles, elles ont été appliquées. Je suis content.»

Quelle saveur a cette médaille?

«Je pense que la médaille, je l’ai gagnée sur le terrain. Une fois que je l’ai vu sortir, psychologiquement, il comptait pour du beurre. Je ne regardais même plus Ezekiel, je regardais derrière. Les deux premiers étaient costauds, c’était impossible pour moi d’aller les chercher aujourd’hui. Donc, j’ai calé ma course par rapport au mec derrière. C’est pour ça qu’à l’arrivée, tout le monde voit ma joie. Pour moi, je suis troisième. A 800 m de l’arrivée, je me suis demandé si j’allais chercher Kemboi, mais si j’y vais, je peux emmener des mecs avec moi et je peux me faire avoir. C’est un coup de poker de ma part. C’était osé» (de rester 4e et de compter sur la disqualification).

Quel est votre sentiment maintenant que vous avez la médaille?

«Je suis fier d’apporter cette médaille à l’équipe de France, pour moi, pour mes proches, pour ma famille. Je marque l’histoire du sport français en gagnant une troisième médaille à mes troisièmes Jeux. C’est exceptionnel, personne ne l’a fait avant moi (sur piste). Mimoun l’a fait mais sur plusieurs disciplines. Mimoun a marqué sa génération. A moi de marquer la mienne.»

Mais vous n’avez pas eu droit au tour d’honneur...

«Je pensais que j’allais pouvoir le faire, car je pensais qu’il allait automatiquement être disqualifié. Du coup, j’attendais et je ne comprenais pas pourquoi c’était aussi long. En rentrant au Village, je n’y croyais plus. Je me disais: "Tu es quatrième, c’est quand même quelque chose." Mais, j’avais pas la médaille au bout. Tout le monde sait que je reviens de loin.»

Du coup, elle a plus de valeur à vos yeux cette médaille?

 

«Par rapport à d’où je reviens, par rapport au scénario, c’est la plus belle de mes médailles. On ne m’a jamais fait de cadeau, pourquoi j’en ferais aux autres. Il y a des règles, il faut les respecter. Moi, j’applique les règles, tout le monde doit appliquer les règles.»

Et pourtant, vous avez des bonnes relations avec Ezekiel Kemboi?

«Depuis que je m’étais exprimé sur tout ce qui se passe au Kenya, je sentais qu’il y avait un froid entre nous, comme avec tous les Kényans. Il n’y a pas d’ami dans la course. On est aux Jeux, il y a des règles et elles ont été respectées. Tant mieux pour moi, tant pis pour lui. Quand on m’a disqualifié à Zurich, je n’ai rien dit.»

Il n’y a pas eu de tour d’honneur, mais il y aura quand même un podium...

«Ça va être la troisième fois. Je sais ce que c’est. Les Jeux, c’est exceptionnel, c’est le summum pour un athlète. Cette troisième place, elle est méritée. Je pense à tous les efforts, les sacrifices. C’est une belle récompense. Ça prouve que je ne travaille pas pour rien. Ce que je veux, c’est marquer l’histoire de mon sport. Je pense que j’ai marqué l’histoire.»

Pourquoi tenez-vous à marquer l’histoire?

«Je veux que les gens se rappellent de moi. Je veux être un exemple pour les jeunes. Je veux être comme un porte-drapeau. Je veux montrer que quand on croit à ses rêves, on peut réussir.»

Propos recueillis en conférence de presse