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Hôpital touché par une frappe au Yémen: 11 morts, dont un membre de MSF

16 août 2016, 08:00

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Hôpital touché par une frappe au Yémen: 11 morts, dont un membre de MSF

 

Des bombardements aériens de la coalition arabe, alliée du pouvoir, ont touché, lundi, un hôpital où intervient Médecins sans frontières (MSF) au Yémen, faisant onze morts, 48 heures après des frappes dans lesquelles dix enfants ont péri dans ce pays dévasté par la guerre.

Les raids, samedi et lundi, ont eu lieu dans des zones du nord contrôlées par les rebelles Houthis qui, alliés avec des soldats restés fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh, se disputent le pouvoir avec le président Abd Rabbo Mansour Hadi depuis 2014.

Neuf personnes ont été tuées sur le coup, lundi après-midi, et deux autres patients ont perdu la vie pendant leur transfert vers un autre hôpital, a annoncé dans un communiqué cette ONG, accusant la coalition arabe, alliée du pouvoir yéménite, d’être responsable de l’attaque.

Situé dans la province de Hajja, l’hôpital d’Abs, où travaille une équipe de MSF depuis juillet 2015, a été en partie détruit et tous les patients et membres du personnel soignant, survivants, ont été évacués, a ajouté l’organisation. Elle a souligné que la localisation exacte de cet établissement était bien connue des belligérants.

«Il s’agit d’un hôpital rural qui était très rempli au moment de la frappe, même s’il est difficile de dire combien de patients s’y trouvaient», a expliqué à l’AFP Teresa Sancristoval, responsable de l’ONG pour les opérations d’urgence au Yémen, selon laquelle «un électricien de MSF» figure parmi les morts.

C’est «la quatrième attaque» contre un site de MSF «en moins de 12 mois», a-t-elle relevé.

Des habitants d’Abs - tout comme les autorités sanitaires de la province - ont confirmé les raids sur l’hôpital, précisant que la coalition avait bombardé ces derniers jours les positions rebelles dans la cité.

Enquête

«Cibler intentionnellement des installations médicales est une grave violation du droit humanitaire qui pourrait constituer un crime de guerre», a de son côté estimé l’ONG Amnesty International, réclamant une enquête.

«Les frappes sur des infrastructures humanitaires, notamment des hôpitaux, sont particulièrement inquiétantes», a quant à elle réagi la porte-parole du département d’Etat américain Elizabeth Trudeau.

C’est à partir d’Abs, qui se trouve à la lisière de la ville d’Harad, à la frontière avec l’Arabie saoudite, que les rebelles yéménites ont souvent bombardé des régions saoudiennes proches, y faisant des victimes.

Fréquemment cible de la coalition, Harad est aussi le théâtre de combats acharnés entre forces gouvernementales aidées de soldats de la coalition et les rebelles chiites Houthis.

Des sources militaires progouvernementales ont annoncé que des véhicules militaires avaient transféré d’Harad des blessés rebelles à l’hôpital d’Abs, laissant entendre que les raids avaient visé l’établissement pour cette raison.

Ces frappes sont survenues deux jours après des raids également effectués par la coalition qui ont touché selon MSF une école dans la province de Saada, une autre région du nord aux mains des rebelles, y entraînant la mort de dix enfants.

La coalition a nié être à l’origine du bombardement d’une école et affirmé avoir pris pour cible un camp d’entraînement où les rebelles formaient selon elle des enfants soldats.

Lundi néanmoins, et après un appel en ce sens du patron de l’ONU Ban Ki-moon, la coalition arabe a annoncé l’ouverture d’une enquête sur ce bombardement, qui sera «indépendante et conforme aux normes internationales».

Autorisation des vols humanitaires

La coalition et l’Arabie saoudite sont régulièrement accusées de «bavures» contre des civils, en particulier contre des enfants.

Le 4 août, elle avait admis des «manquements» au droit humanitaire dans deux bombardements en 2015 : l’un contre un complexe d’habitation dans la ville portuaire de Mokha (65 morts selon Human Rights Watch) et l’autre contre un hôpital géré par MSF dans le nord. La coalition accusait des Houthis de s’y cacher.

Les raids aériens et les combats terrestres avaient repris de plus belle mardi au Yémen, trois jours après l’échec des pourparlers de paix au Koweït entre rebelles et pouvoir dont les positions demeurent irréconciliables.

Lundi, la coalition arabe a annoncé qu’elle autorisait désormais la reprise des vols humanitaires sur l’aéroport international de la capitale Sanaa, qui avait été fermé aux avions civils après la reprise des frappes.

Originaires du nord du Yémen, les Houthis se sont soulevés contre le pouvoir de M. Hadi en 2014, s’emparant de vastes portions du pays, dont la capitale Sanaa.

En mars 2015, l’Arabie saoudite sunnite voisine, qui accuse les Houthis de liens avec le rival iranien chiite, a pris la tête d’une coalition militaire arabe pour freiner la progression des rebelles en procédant à des bombardements aériens et à des combats au sol.

Depuis, cette guerre a fait plus de 6 400 morts et 30 000 blessés, dont de nombreux civils.