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Megha Venketasamy, spécialiste en coaching: «On a tendance à mettre les employés dans des boîtes»

15 août 2016, 14:59

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Megha Venketasamy, spécialiste en coaching: «On a tendance à mettre les employés dans des boîtes»

 

Megha Venketasamy a récemment été désignée Country Ambassador pour Maurice à trade+impact, le sommet de l’entrepreneuriat social féminin pour l’Afrique et le Moyen-Orient, prévu au Maroc, du 19 au 26 septembre.

Si vous deviez, pour attirer d’éventuels clients, résumer votre offre en quelques mots, que diriez-vous?

Je me présenterais comme un Process Facilitator. Mon expertise sur l’évaluation du processus. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment cette personne est arrivée là où elle est aujourd’hui, comment elle va s’y prendre pour arriver là où elle souhaite aller. Et surtout comment. Comment aller plus loin? Comment certaines choses nous entravent.

Comment vous êtes-vous lancée dans le coaching?

Après des études en business, j’ai évolué durant quatre années dans le secteur du textile et de la vente. Mais j’ai fait le choix de quitter cet emploi et je me suis occupée, à temps partiel, de l’administration de l’entreprise de mon ex-époux pendant un an. Ensuite, j’ai travaillé avec deux autres entrepreneurs. Soit au total trois années durant lesquelles j’ai découvert beaucoup de choses sur le monde de l’entreprise. J’ai pu constater, entre autres, les erreurs que les gens commettaient.

C’est de cette manière que j’ai compris qu’une idée n’est pas suffisante. D’où mon approche, lors de mes rendez-vous, consistant à demander à mes interlocuteurs de mettre à nu leur idée d’entreprise. Mais les entrepreneurs sont souvent tellement amoureux de leur idée qu’ils ne se donnent pas la peine de fouiller, d’établir une structure.

En 2013, avec Bruneau Woomed pour partenaire d’affaires, j’ai fondé une boîte, Business Magic. Nous avons eu un joli parcours pendant presque deux ans. Ce qui m’a amenée, l’an dernier, à me mettre à mon compte. Je suis accréditée auprès de l’International Society of Neuro-Semantics en tant qu’Associate Certified Meta-Coach. Mon approche puise aussi bien de mon expérience de coaching que de mes études de management.

Parlez-nous de votre méthodologie?

Je me sers de ma formation de meta-coaching et je passe beaucoup de temps à écouter. Je comprends qu’il y a des schémas, des programmes, façon de parler, qu’une personne a créés et dont elle se sert dans la vie. Ce n’est pas le contenu le plus important, c’est le contenant. De plus, on ne peut pas dissocier vie professionnelle et vie personnelle.

Quels enseignements en tirez-vous, en ce qui concerne la formation initiale des salariés et la structure des entreprises?

On a toujours tendance à mettre les employés dans des boîtes. C’est l’une des raisons qui m’ont fait quitter les entreprises classiques. On ne peut évoluer dans une boîte. Par ailleurs, à Maurice, il y a un engouement pour les formations de toutes sortes. C’est bien sur un CV mais, souvent, ça ne sert pas à grand-chose.

Qu’est-ce qui bloque dans les entreprises? C’est la peur. Les entrepreneurs, petits ou grands, ont peur des voies encore inexplorées; il y a une trop forte tendance à faire les choses de manière traditionnelle. Ce qui manque le plus à Maurice, c’est la volonté d’explorer de nouvelles façons de travailler.

Demain, la majorité des employés seront des Millennials, des gens de ma génération, nés comme moi dans les années 80, puis nous aurons ceux des années 90 et ceux nés au début des années 2000. Pour travailler avec eux, il faut un autre environnement de travail, qui soit bien plus dynamique, qui leur permette de créer et d’apporter leur contribution. C’est ce qui fait défaut aujourd’hui.

Comment faire de sorte que les choses changent?

Il faudrait intégrer les gens. Il ne s’agit pas simplement d’écouter les collègues et les employés; ça va au-delà.

Et vous, Megha Venketasamy, quelle est votre vision de l’avenir?

Dans un futur proche, j’aimerais être là pour les élections, non pas sur le politique mais pour faire entendre ma voix; j’aimerais également qu’elle soit aussi celle de ma génération.

Je reviendrais aussi à un souvenir de mes 11 ans lorsque j’ai lu Jane Eyre, de Charlotte Brontë. Quand le livre a été publié en 1847, dans l’Angleterre victorienne, c’était sous le pseudonyme Currer Bell parce qu’il était alors inadmissible qu’une femme puisse écrire un roman. Ce livre a façonné celle que je suis devenue, qui a ouvert la porte à la féministe qui sommeillait en moi. Pas simplement la féministe mais aussi la femme. Celle qui croit en l’égalité.