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Chagos: en 1981-1982, une compensation sur fond de grèves et de négociations

6 juillet 2016, 11:00

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Chagos: en 1981-1982, une compensation sur fond de grèves et de négociations

 

La lutte pour avoir une compensation à la suite de leur déracinement a été longue et ardue. Mais les Chagossiens n’ont jamais baissé les bras. Ils ont obtenu gain de cause en juillet 1982.

«Seule solution, révolution.» Des slogans, les Chagossiens en avaient plusieurs, pour exprimer leur révolte. La période de mars à avril 1981 est marquée par un climat tendu. Entre manifestations, échanges de coups, arrestations et grèves de la faim, les Chagossiens ont mené la lutte pour obtenir une compensation.

16 mars 1981 : une dizaine d’Îloises se rendent à la British High Commission (BHC) où elles ne seront pas reçues. Elles décident donc d’assiéger le New Government Centre où il faudra l’intervention d’une vingtaine de policiers pour qu’elles quittent le bâtiment. Combatives, elles se rendent dans l’enceinte de l’hôtel du gouvernement et se font embarquer par la police, ce qui a pour but de provoquer une hystérie chez des manifestants qui s’étaient regroupés à la Place d’Armes.

La police est mandée sur place. Les manifestants font alors un sit-in devant le haut-commissariat britannique, ce qui provoque l’arrivée de la Riot Unit, qui tente en vain de repousser les manifestants vers le jardin de la Compagnie. Résultat : échange de coups entre manifestants et policiers.

Pendant la même période, une grève de la faim est entamée, la grève de la faim la plus longue qu’on ait connue à l’époque. Elle dure 20 jours. Les Îlois réclament une compensation de Rs 3 millions pour clore la première compensation aux Îlois de 1978 et une augmentation de la deuxième compensation du gouvernement anglais. Au bout de quelques jours de grève, une des grévistes, âgée de 60 ans, est hospitalisée.

Le Premier ministre, sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), reçoit par la suite les représentants du Front national de soutien aux Îlois et accepte de payer la compensation de Rs 3 millions. SSR propose l’envoi d’une délégation à Londres pour présenter les revendications des Chagossiens.  Les négociations sont en effet enclenchées, avec plusieurs représentants mauriciens, dont Paul Bérenger ; Kailash Purryag, alors ministre de la Sécurité sociale ; James Burty David et Elie Michel, Lilette Naick et Charlésia Alexis du comité Îlois-Organisation fraternelle. Les négociations ne sont toutefois pas fructueuses.

En 1982, les négociations prennent une autre tournure et les représentants du Foreign and Commonwealth Office viennent à Maurice. Cette délégation dirigée par Léonard Allinson négocie alors avec la délégation mauricienne, dirigée par Kailash Purryag.

Après des mois de négociations, un accord est conclu pour une compensation de 4 millions de livres par les Britanniques et de Rs 20 millions par l’État mauricien, qui servira à l’achat de 70 arpents de terres pour les Chagossiens. Les Britanniques exigent alors qu’il y ait un Trust Fund pour accorder cette compensation.

Les négociations sont menées sous le gouvernement travailliste jusqu’au 60-0 historique de juin 1982, qui propulse l’alliance MMM-PSM au pouvoir après les élections générales. La signature de l’accord est effectuée en juillet 1982 par le nouveau ministre des Affaires étrangères, Jean Claude de l’Estrac.