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Alain Laridon: «Certains partis essayaient de monnayer l’affaire Chagos»

6 juillet 2016, 10:55

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Alain Laridon: «Certains partis essayaient de monnayer l’affaire Chagos»

 

Alain Laridon, observateur de la politique locale, revient sur les partis qui ont défendu la cause chagossienne durant les années 1970-80…

Peut-on parler de silence sur le dossier Chagos entre 1965 et 1981 ?

Je ne pense pas, non. Qu’il n’y ait pas de grosses actions judiciaires ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. Cette période était très marquée par les actes de sensibilisation. À partir de 1968-69, le vocabulaire politique change, avec le Club des étudiants militants qui parle d’impérialisme et de socialisme. Le travail de sensibilisation par rapport à l’archipel des Chagos prend de l’importance. À l’époque, les Mauriciens n’étaient pas très au courant des Chagos et de ce qui se passait. C’est l’Organisation fraternelle qui démarre la lutte.

Dans les années 1975-1976, les artistes locaux parlent aussi des Chagos à travers leur musique et le premier député du Mouvement militant mauricien (MMM), Dev Virahsawmy, soulève même l’affaire au Parlement. En 1981, il y a la grève des femmes chagossiennes pendant vingt jours et elles ont le soutien de plusieurs syndicats et du MMM aussi. Finalement sir Seewoosagur Ramgoolam prend les choses en main pour la négociation des compensations.

La campagne électorale de 1982 éclipse-t-elle le problème du dossier Chagos ?

Elle n’éclipse pas totalement le dossier Chagos mais c’est vrai que ce n’était pas un argument de la campagne électorale. On parlait surtout de redresser la situation du pays et on parlait de l’économie du pays. Les Chagos n’étaient pas la priorité pendant la campagne électorale mais le dossier n’était pas pour autant mis de côté.

À l’époque, quel parti politique suivait le mieux le dossier Chagos ?

Le MMM et le Parti travailliste (PTr) s’occupaient plus de la cause chagossienne car, après tout, ces deux partis sont membres de l’Internationale socialiste. Du côté du MMM, Paul Bérenger et Jean Claude de l’Estrac étaient les deux passionnés du dossier et du côté du PTr c’était James Burty David qui se prononçait plus sur la cause chagossienne. Ces deux partis avaient les mêmes arguments : que Maurice récupère l’archipel des Chagos, et le bien-être des Chagossiens. D’autres partis, à l’instar du PMSD, traitaient cette affaire différemment et essayaient de tirer profit et de monnayer cette affaire, en voulant exporter des produits locaux, comme les légumes, là-bas.

Les Chagossiens ont-ils toujours pu voter ?

Les Chagossiens suivaient le MMM et le PTr, surtout avec Silvio Michel qui était élu dans la circonscription n°4 et qui était à l’écoute des Chagossiens. Ça se répercutait aussi dans la circonscription n°1. Du côté du PTr, il y avait James Burty David. Les Chagossiens ont toujours pu voter et leur poids politique était surtout au n°1 et au n°4.

Le Select Committee de 1983 n’a pas eu de gros effets finalement ?

Ça n’a pas débouché sur grand-chose en effet mais il faut noter une chose qui n’a pas changé : tous les Premiers ministres qui se sont succédé parlent des Chagos dans leurs discours aux Nations unies. À présent, nous devons bien travailler notre dossier et aller à la Cour internationale de justice.