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Cap Research: de nouvelles molécules bientôt testées sur le lupus, le diabète, le cancer et l’hépatite C

7 août 2016, 08:08

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Cap Research: de nouvelles molécules bientôt testées sur le lupus, le diabète, le cancer et l’hépatite C

Cela fait maintenant trois ans que CAP Research Ltd, organisation de recherche clinique, s’est installée à Socota Phoenicia. Cette société, fondée par le Dr Régine Rouzier, vient de Montpellier, en France. CAP Research Ltd a eu l’idée de venir prospecter le marché mauricien à la suite d’une visite de représentants du Board of Investment en 2008. Ces derniers ont demandé au Dr Rouzier de voir si elle avait des possibilités de développer un secteur d’activités à Maurice. C’est en 2012 que ce médecin est venu tâter le terrain car avant cela, il n’y avait aucun cadre légal pour ce type d’essais cliniques. Le Clinical Trial Act a été voté par les parlementaires en 2011.

Plusieurs raisons ont incité le Dr Rouzier à implanter une organisation de recherche clinique à Maurice, comme l’explique Florent Panis, General Manager de Cap Research Ltd. «Le cadre légal posé, le bon niveau de formation des médecins et la stabilité politique et économique ont été déterminants. Ensuite, il y a une qualité de soins dans les cliniques avec lesquelles il est possible de créer des partenariats. Puis en Europe, lorsqu’on essaie de nouveaux médicaments, on a des gens qui sont malades mais qui bénéficient déjà d’un traitement. Or, ce que nous recherchons, ce sont des malades qui n’ont pas encore été traités. Le fort potentiel d’accès à ce type de patients a été déterminant», souligne-t-il.

Une fois ces conditions préalables remplies, CAP Research Ltd a ouvert son bureau. Et cette organisation de recherche clinique, qui travaille pour des laboratoires pharmaceutiques européens et américains, s’est mise en quête de participants pour expérimenter ses médicaments, non sans avoir requis que le Clinical Research Regulators Council, le Pharmacovigilance Committee et le comité d’éthique autorisent chacune de ses études.

Tout volontaire pour un essai clinique doit respecter certains critères. Les participants réalisent donc une visite de «sélection», c’est- à-dire un check-up médical complet. Le premier essai clinique effectué par CAP Research Ltd avait pour but de déterminer l’interaction entre l’alimentation et un nouveau type d’antirétroviraux (ARV) contre le VIH. Florent Panis avoue avoir eu toutes les peines du monde à trouver ne serait-ce que des volontaires sains.

«Au début, c’était vraiment dur. Nous étions peu connus et les gens avaient peur. On entendait souvent dire que nous étions là pour exploiter les Mauriciens ou que nous les traitions comme des cobayes. Or, rien n’est plus faux, fait valoir le General Manager de Cap Research Ltd. Nous avons dû répondre aux questions, expliquer les essais cliniques et le cadre légal et ensuite chercher des malades. Je dois dire qu’aujourd’hui, nous avons réussi à constituer une base de données avec des volontaires sains.» D’ajouter que pour les malades, c’était plus compliqué à trouver. «Nous avons dû passer par des médecins et des associations entourant les patients, car nous n’avons pas accès au secteur public, à notre regret.»

Il y a eu plusieurs variantes à cet essai clinique, notamment par rapport à des augmentations de doses sur les patients pour cerner d’éventuels effets secondaires, ou encore par rapport aux co-infections entre VIH et hépatite C. Pour les essais liés au VIH, les volontaires ont été admis pendant trois semaines dans une clinique du Nord avec qui Cap Research Ltd est en partenariat. «Les effets secondaires indésirables les plus rapportés ont été des maux de tête et des vomissements», indique Florent Panis. «Mais là encore, les trois médecins devaient déterminer si ce sont les conditions de l’essai, à savoir rester allongé et regarder la télévision une journée, ou la molécule elle-même qui étaient en cause.» Seuls les médecins ont les compétences pour cela, dit-il. Il n’y a pas eu d’autres effets secondaires à signaler. Certains patients n’ont rien eu, à l’instar de Carine*.

CAP Research Ltd a aussi fait partie d’études multicentriques sur le diabète et l’hépatite C. Elle testera bientôt un «médicament prometteur» sur le lupus. Essai qui ne nécessitera pas d’hospitalisation mais des visites ambulatoires. Tout comme cette organisation de recherche clinique est en négociation avec un laboratoire d’oncologie pour tester une molécule sur le cancer des poumons, de la prostate et du côlon.

Sans compter un essai clinique pour tester l’efficacité d’un concurrent au Sofosbuvir, médicament traitant l’hépatite C et ce, sur un échantillon de patients plus vaste. CAP Research Ltd va aussi entamer un essai clinique sur dix enfants diabétiques de type II de 11 à 17 ans. Le médicament sera administré en ambulatoire.

Que gagne un volontaire à participer à un essai clinique? Il perçoit soit des indemnités de participation, soit un traitement sur une longue période avec possibilité de guérison. Et à tous les coups, avant de démarrer l’essai, il a droit à un bilan de santé complet, comprenant des prises de sang, des analyses subséquentes, une virémie pour connaître sa charge virale en cas d’infection à un virus et une analyse pour déterminer le génotype dudit virus. Il bénéficie aussi d’un suivi complet pendant l’étude et à sa sortie.

Vu les difficultés que CAP Research Ltd a eues jusqu’ici par rapport à ses essais sur le VIH, cette organisation de recherche clinique n’est pas chaude pour recommencer l’expérience. «Il y a encore beaucoup à faire pour changer les mentalités. On a eu tellement de mal à recruter des volontaires pour un essai clinique sur une molécule d’ARV précise que le laboratoire a préféré ouvrir trois centres en Thaïlande pour y faire effectuer ses essais. Nous avons été obligés d’aller chercher nos patients nous-mêmes. À l’avenir, nous essaierons d’éviter les essais par rapport au VIH.»

Cela dit, Florent Panis estime que d’ici cinq à six ans, CAP Research Ltd disposera d’une base de données conséquente qui intéressera les autorités et surtout qui permettra d’attirer les laboratoires pharmaceutiques. Ce qui, au final, permettra au plus grand nombre d’avoir accès gratuitement à de nouveaux traitements.

CARINE, VOLONTAIRE POUR UN ESSAI CLINIQUE: «C’ÉTAIT COMME TROIS SEMAINES DE VACANCES»

<p>Carine*, 39 ans, a participé à deux essais cliniques différents mais liés à son statut de séropositive. Elle a été infectée par son mari, aujourd&rsquo;hui décédé. Elle se fait suivre dans un centre de soins public mais a toujours eu du mal à se conformer au traitement offert, car elle supporte mal les ARV fabriqués en Inde. <em>&laquo;Ils me brouillent les idées lorsque je les prends.&raquo;</em> Si bien que lorsqu&rsquo;elle rencontre une amie pharmacienne qui lui propose de se joindre aux patients faisant partie de l&rsquo;essai clinique de <em>CAP Research Ltd</em>, elle accepte.</p>

<p>C&rsquo;est ainsi que Carine se retrouve pendant trois semaines dans une clinique au nord de l&rsquo;île. Le premier jour, elle subit une batterie de tests, dont un bilan sanguin complet. Ses résultats sont détaillés. Elle découvre son taux de virus sanguin et celui-ci est beaucoup trop élevé en raison d&rsquo;une gastro-entérite. Et cela l&rsquo;empêche de participer à l&rsquo;essai. Une fois sa gastro traitée et sa charge virale diminuée, elle a pu intégrer l&rsquo;étude.</p>

<p>Ainsi, pendant 21 jours, elle reste sur place, allant se promener sur le balcon de la clinique à l&rsquo;étage ou regardant la mer, lisant, dormant, profitant des repas et suivant à la lettre l&rsquo;interdiction de manger quoi que ce soit qui soit cuisiné à l&rsquo;extérieur de la clinique. Elle reçoit même la visite de ses enfants.</p>

<p>Autant certains des cinq autres personnes participant à l&rsquo;essai souffrent d&rsquo;effets secondaires, comme des vomissements, des diarrhées, des vertiges, des maux de tête et d&rsquo;estomac, autant elle ne ressent pas grand-chose. <em>&laquo;Le troisième jour de la prise du comprimé, j&rsquo;ai eu un léger mal de tête mais dans l&rsquo;ensemble, je l&rsquo;ai bien toléré&raquo;</em>, affirme Carine. De préciser que les participants ont toujours été entourés par les médecins de <em>CAP Research Ltd</em> et par le personnel infirmier. <em>&laquo;À aucun moment, je ne me suis sentie comme un cobaye. </em><em>On était comme une famille.&raquo;</em></p>

<p>Si bien que lorsqu&rsquo;on lui propose, par la suite, de faire un second essai clinique, elle ne se fait pas prier. Ils sont quatre participants. <em>&laquo;Les avantages sont nombreux. Je ne connaissais pas ma virémie, ni mon génotype car dans le centre de soins public, on vous teste mais on ne vous dit rien. </em><em>Là, j&rsquo;ai tout appris sur ma maladie.&raquo;</em></p>

<p>En sus, poursuit-elle, elle a perçu à chaque reprise des indemnités d&rsquo;un peu plus de Rs 50 000. <em>&laquo;Et, au final, j&rsquo;ai reçu un an d&rsquo;ARV que je supporte très bien. Je n&rsquo;en ai tiré que des bénéfices. C&rsquo;était comme des vacances à chaque essai. Je peux vous dire que je serai la première devant la porte de CAP Research Ltd s&rsquo;il y a un autre essai clinique sur un nouvel ARV&hellip;&raquo;</em></p>

<p>*Prénom modifié</p>