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Drogues synthétiques : «La mort de Yogesh aurait pu être évitée avec l’aide des autorités»

6 août 2016, 09:18

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Drogues synthétiques : «La mort de Yogesh aurait pu être évitée avec l’aide des autorités»

 

Un jeune de plus. Yogesh, 22 ans, est un de ceux qui se sont laissé tenter par l’interdit, au point d’y laisser la vie. Il a rendu l’âme aux petites heures du matin du jeudi 4 août, alors qu’il se trouvait en compagnie de sa petite amie, Sonali. Cette dernière a affirmé que le jeune homme, un habitant de Triolet, avait fumé un bong, préparé à partir d’un mélange de drogues de synthèse, quelques heures avant sa mort.

Les parents de la victime, Vidiabrat, 63 ans, et Veena, 51 ans, que l’express a rencontrés, sont remontés. Ils sont presque sûrs qu’une telle situation aurait pu être évitée avec l’aide des autorités. «Perdre un enfant qui a cet âge, ce n’est pas facile. C’est lui qui aurait dû être là pour préparer mes funérailles et non l’inverse. Le ministère de la Santé affirme que la situation n’est pas alarmante alors qu’elle est grave», confie le père, un attendant à l’université de Maurice.

Yogesh était destiné à un avenir brillant, selon ses parents. Après avoir complété sa scolarité secondaire au collège de Terre-Rouge, il avait décidé de se spécialiser dans le secteur informatique en prenant des cours, pour éventuellement trouver un emploi. Mais depuis qu’il a fait la connaissance de sa copine il y a un an, «il n’était plus le même. Il avait changé et il passait la majeure partie de son temps hors de la maison», raconte Veena. Sonali et son fils auraient commencé à sortir ensemble il y a cinq mois.

«Il arrivait qu’il ne rentre pas pour dormir. Et quand on l’appelait, soit il ne répondait pas, soit il disait qu’il était chez des amis», poursuit cette femme au foyer. D’ailleurs, le soir du drame, Veena et son époux ignoraient où se trouvait leur fils. Ce dernier avait quitté la maison aux alentours de 13 heures pour se rendre à Plaine-Verte, où il suit des cours.

Ne le voyant pas rentrer aux alentours de 20 heures, Veena l’appelle sur son portable. «Il a décroché mais avait des difficultés à parler», se souvient-elle. Elle essaye alors le téléphone de Sonali, en vain. Ce n’est que jeudi, aux alentours de trois heures du matin, que cette dernière retourne son appel pour lui dire que son fils a fait un malaise.

En se rendant dans la maison où se trouve Yogesh, à 7e Mille, Triolet, les proches constatent que ce dernier ne respire plus. «Il saignait du nez et avait vomi. Il avait déjà rendu l’âme», raconte son cousin, qui a aidé à transporter son corps à l’hôpital. «C’est lors de ses funérailles qu’on a su qu’il ne s’était pas rendu à ses cours», dit Vidiabrat.

La copine de la victime a été longuement interrogée dans la journée de jeudi. Elle a confié aux enquêteurs que Yogesh et elle se rendaient souvent dans cette maison à Triolet pour «kas en poz». Et mercredi, a ajouté Sonali, ils étaient en compagnie de quatre autres jeunes.

Sheila*, la propriétaire de la maison où Yogesh a été découvert inerte, explique qu’elle était absente cette nuit-là. «Plus tôt dans la journée, Yogesh est venu nous rejoindre, Sonali et moi, quand nous étions à Port-Louis. Sonali m’a ensuite dit qu’elle comptait se rendre à nouveau chez moi et elle avait déjà les clés. Dans la nuit, elle m’a appelée pour me dire que Yogesh n’était pas bien et qu’il ronflait beaucoup. Je lui ai dit de le retourner sur le ventre. Et aux alentours de quatre heures, elle m’a de nouveau appelé pour me dire qu’il est mort et qu’on l’a transporté à l’hôpital

La jeune femme soutient que le couple venait de temps en temps chez elle et repartait tard dans la soirée après avoir dîné. Et qu’elle n’était pas au courant de ce qui se passait entre ces jeunes. Quant aux parents du jeune homme, ils n’en démordent pas : ce sont les fréquentations de Yogesh qui l’ont tué.

*prénom modifié

ANIL GAYAN : «MO PA TRO  KRWAR LAPRESS…»

À l’issue d’une conférence de presse, pour le lancement d’une base de données sur les maladies cardiaques touchant les enfants, le vendredi 5 août, Anil Gayan a dit ne pas croire ce que la presse raconte au sujet de Yogesh. «Attendons le rapport scientifique après des analyses en laboratoire pour en avoir le cœur net. ‘We jump to conclusions’ quand un jeune meurt. Pour le cas de Goodlands, la presse avait rapporté qu’il était mort après avoir consommé de la drogue synthétique alors qu’il s’était pendu. Cela n’a pas été rapporté par la presse», a fait ressortir le ministre de la Santé. Par ailleurs, Anil Gayan souligne être en possession du rapport de l’Observatoire nationale sur la drogue. Selon lui, cela ne concerne pas que la drogue synthétique. Le Conseil des ministres a pris note de ce rapport.