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1961 : Le pacte secret

5 juillet 2016, 09:20

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1961 : Le pacte secret

 

Le sort des Chagos s’est décidé entre deux hommes en 1961. Le président américain John Fitzgerald Kennedy et le Premier ministre britannique Harold Macmillan ont conclu un accord politique dans le plus grand secret. Car, moins d’une année auparavant, les Nations unies ont adopté la Declaration on the Granting of Independence to Colonial Countries and People (Resolution 1514/ XV).

Cette convention stipule que des actions immédiates soient prises dans tous les territoires qui n’ont pas encore accédé à l’indépendance pour que tous les pouvoirs soient transférés aux habitants de ces territoires sans condition ou réserve aucune. Et avertit que toute tentative visant à la déstabilisation partielle ou totale de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec les objectifs et principes de la charte des Nations unies.

Durant les échanges entre Kennedy et Macmillan, les Américains s’engagent à installer une base militaire à Diego Garcia, la plus grande île de l’archipel. Cette partie du monde est géostratégique à leurs yeux (voir encadré Diégo : Big Brother au coeur de l’océan Indien).

Deux conditions sont imposées par les Américains. D’abord, pas question de décoloniser les Chagos. Ensuite, l’archipel doit être vidé de ses quelque 829 habitants. En échange, les Britanniques obtiendront un rabais de 14 millions de dollars sur les fusées Polaris que le Royaume-Uni projette d’acheter pour équiper leurs sous-marins atomiques. Ce deal sera rendu public plus tard dans le UK-US side note, en date du 30 décembre 1966, échangé entre l’ambassadeur américain à Londres, David Bruce, et le Secrétaire d’État britannique des Affaires étrangères, George Brown.

Londres ne tardera pas à honorer son engagement. Le 8 novembre 1965, le pays de sa Majesté institue le British Indian Ocean Territory (BIOT) par un décret- loi (Order in Council) pour l’administration des Chagos jusqu’ici administrés par Port-Louis et Aldabra, Desroches et Farquhar gérés pour leur part par les Seychelles. Toutefois, les Britanniques renonceront aux trois atolls seychellois le 28 juin 1976, jour de l’accession de l’archipel à l’indépendance.

DIEGO : BIG BROTHER AU COEUR DE L’OCÉAN INDIEN

Cet archipel intéresse les Américains surtout en raison de sa position géostratégique. Pour reprendre l’amiral John S. McCain (grand-père du candidat battu aux présidentielles américaines de 2008), «as Malta is to the Mediterranean, Diego Garcia is to the Indian Ocean – equidistant from all points.» Sans compter que Diego Garcia dispose d’un des plus grands ports naturels de l’océan Indien.

«United States and Britain in Diego Garcia The Future of a Controversial Base», ouvrage de Peter H. Sand publié en 2009 fait état du premier américain à avoir jeté son dévolu sur Diego Garcia. Il s’agit de Stuart B. Barber, adjoint au directeur du Long Range Objectives Group de la marine américaine créé en 1955. Selon lui, les États-Unis devaient, en anticipation à l’indépendance des anciennes colonies dans l’hémisphère Sud, acquérir des droits pour opérer des bases dans certaines îles stratégiquement situées. Ce, afin de pouvoir y installer des stations de communication, de ravitaillement et de prépositionnement. Une série de visites de prospection sur place s’enchaînera à partir de 1957. Toujours dans son livre, Peter H. Sand rappelle la visite de l’amiral Jack Grantham en 1961. Visite qui est filmée par hasard par des missionnaires qui ignorent tout du but de la présence américaine.

CONFÉRENCE À LONDRES

C’est aussi en 1961 que se tient la Constitutional Review Conference à Londres où un programme avec d’autres avancées constitutionnelles a été établi pour Maurice. Ce, avant la tenue de la dernière conférence constitutionnelle en 1965 débouchant ainsi sur l’indépendance du pays trois ans plus tard.

L’an prochain à Diego Garcia

L’express publiera également régulièrement des extraits du livre de Jean Claude de l’Estrac,L’an prochain à Diego Garcia, dans une démarche de vulgarisation des faits historiques. A lire ici : L’an prochain à Diégo Garcia: extraits