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Évasion fiscale: Maurice, choix de prédilection

1 août 2016, 21:37

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Évasion fiscale: Maurice, choix de prédilection

 

«Urgent. J’ai un client qui veut être transféré à Maurice. Laissez-moi savoir si vous pouvez m’aider.» C’est là la phrase d’ouverture d’une correspondance adressée par Jennifer Mossack à un homme de loi mauricien. Jennifer Mossack est la fille de Jürgen Mossack, cofondateur de Mossack Fonseca, la firme juridique panaméenne dont les documents confidentiels ont été mis au jour par deux journalistes du Süddeutsche Zeitung, en Allemagne.

Sans poser de questions, le Mauricien répond par l’affirmative. Dans son courriel de retour: «J’imagine que votre client veut que la compagnie à Maurice soit enregistrée comme résident fiscal ayant une Global Business Licence 1.» En d’autres mots, la compagnie peut bénéficier de toutes les conventions de double imposition auxquelles Maurice est signataire.

Il s’agit là du début d’une redomiciliation d’une compagnie des Iles Vierges britanniques à Maurice, ladite compagnie opérant en Afrique. Plus précisément en Algérie, depuis que ce pays a ouvert son territoire aux investisseurs étrangers, en vue de la prospection gazière et pétrolière.

Les compagnies incorporées à Maurice et opérant en Algérie ne sont pas si rares. À l’instar de NAD Group SA, une compagnie dormante dont les directeurs sont de nationalités française et monégasque. Mais ce sont surtout les Sud-Africains qui choisissent Maurice comme lieu d’incorporation de leurs compagnies.

Afin d’éviter de payer des impôts, Mossack Fonseca préconise, entre autres, la structure ci-dessous à son client, une compagnie sud-africaine qui est impliquée dans l’exploitation gazière en Afrique de l’Ouest.

 

Si ces agissements sont, à ce niveau, toujours légaux, ces compagnies ont pourtant souvent des choses à cacher. Comme la firme de diamant Diacor International Ltd, opérant au Sierra Leone et ayant un siège à Maurice à travers Karvos Trading Incorporation, sise à Port-Louis, en passant par Makison Holdings Corporation, basée aux Iles Vierges britanniques. Diacor International détient près de 45 millions de dollars américains à travers Karvos Trading, à Maurice.

Diacor International a été l’une des 133 compagnies mises sur pied en Afrique par la firme Mossack Fonseca. Ces compagnies sont soupçonnées d’être connectées à BSG Resources, la compagnie mère du milliardaire israélien Benjamin Steinmetz, comme le démontrent des enquêtes menées par le Consortium international de journalistes d’investigation. Ces sociétés sont toutes impliquées dans l’exploitation et le pillage des ressources naturelles des pays africains.