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Médecine: «incident diplomatique» avec la Russie et l’Ukraine?

1 août 2016, 22:20

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Médecine: «incident diplomatique» avec la Russie et l’Ukraine?

Constat : aucune université russe et ukrainienne ne figure sur la liste d’institutions d’enseignement supérieur vers lesquelles les aspirants médecins devront se tourner pour leurs études. Liste compilée par le Medical Council et dévoilée par l’express dans son édition de mardi dernier.

Alors que cette mesure devrait entrer en vigueur en 2017, dans les milieux concernés, on qualifie cette décision de «choquante». D’autant plus que ces deux pays de l’Europe de l’Est ont, pendant des années, été privilégiés par les étudiants mauriciens en médecine. L’on évoque même l’éventualité d’un «incident diplomatique».

D’ailleurs, le consul honoraire de l’Ukraine à Maurice n’a pas tardé à réagir. «Une lettre officielle a été envoyée au Medical Council, à l’ambassade de l’Ukraine à Pretoria et au ministère des Affaires étrangères. J’espère qu’il n’y aura aucun incident diplomatique, il nous faut des détails additionnels», fait ressortir le Dr Abdool Mahaboob Kureemun.

Le consul honoraire de l’Ukraine à Maurice se dit choqué par la décision du Medical Council d’enlever de cette liste les universités ukrainiennes. Il dit ne pas comprendre pourquoi des institutions «qui viennent tout juste d’être créées» figurent sur la liste, alors que «certaines des universités ukrainiennes ont 200 ans et une réputation».

L’Ukraine, rappelle encore le Dr Abdool Mahaboob Kureemun, «a aidé Maurice depuis 40 ans, alors que Maurice était pauvre après l’indépendance». Sans compter que l’ex-Union soviétique a octroyé des centaines de bourses d’études à Maurice et que c’est un peu grâce à cela que le système de santé local a pu fonctionner. «Nous ne comprenons pas pourquoi ces universités ont été enlevées de la liste d’un seul coup. On est en train de dire que les Mauriciens ne peuvent plus aller en Ukraine pour faire des études de médecine. Nous avons demandé au Medical Council de revoir sa décision», déclare le Dr Abdool Mahaboob Kureemun.

«Beaucoup de mécontents»

Qu’en est-il de l’ambassade russe à Maurice? «À l’ambassade, nous sommes en contact avec les universités russes et soviétiques.» Une source officielle fait ressortir que «plusieurs médecins mauriciens sont diplômés de ces universités et ont très bien réussi leur carrière». Ces médecins, poursuit-elle, sont connus et respectés dans le pays.

«Quelques médecins ont appelé l’ambassade et ont exprimé leurs inquiétudes profondes vu qu’aucune université russe ne figure sur la liste publiée dans le journal (NdlR, notre édition du mardi 26 juillet).» Notre source fait comprendre que l’ambassade de Russie compte entrer en contact avec le Medical Council «afin d’obtenir des informations officielles sur ce sujet et clarifier la situation».

Au Medical Council cependant, on campe sur ses positions. «Le maître mot reste la qualité.» D’expliquer que la liste est basée sur le classement Quacquarelli Symonds (QS) des universités qui dispensent des cours de médecine. QS est une compagnie britannique spécialisée dans l’éducation et les études à l’étranger. «Les universités en Russie ou en Ukraine ne figurent malheureusement pas sur la liste QS, modèle d’évaluation que nous avons choisi. C’est une décision difficile mais nous ne pouvons être émotifs sur cette question. La qualité est primordiale. Il faut penser à l’avenir.»

A-t-on l’intention de faire une exception en ce qui concerne ces deux pays? «Si nous faisons une exception, il nous faudra le faire pour plusieurs autres pays», réplique-t-on. Quid des bourses d’études médicales offertes par la Russie et l’Ukraine? «La question des bourses sera étudiée au cas par cas», dit-on.

Chez les médecins, cette décision ferait également beaucoup de mécontents. Sollicité par l’express, le Dr Waseem Ballam, président de la Medical Health Officers Association, souligne qu’une correspondance officielle sera envoyée au Medical Council. Cette décision, explique-t-il, a créé un «sentiment d’amertume». «Je suis en mesure d’affirmer que la majorité des médecins en poste dans les hôpitaux ont étudié dans les pays d’Europe de l’Est. Et parmi eux, on compte aussi des spécialistes.»