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Prêtre assassiné: des musulmans dans les églises en France

31 juillet 2016, 22:31

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Prêtre assassiné: des musulmans dans les églises en France

 

Des dizaines de fidèles musulmans ont franchi dimanche les portes des églises pour prier aux côtés des catholiques en mémoire du père Jacques Hamel, assassiné mardi en pleine messe par deux jihadistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray.

L’enquête a connu ce dimanche de nouveaux développements, avec le défèrement du cousin d’Abdel Malik Petitjean, l’un des deux auteurs de l’attaque.

A Rouen, l’auguste cathédrale était pleine à craquer. Près de 2.000 fidèles, dont au moins une centaine de musulmans, ont assisté à la vibrante homélie de l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun.

«Notre monde se découvre solidaire d’un bout à l’autre de la planète, a déclaré Mgr Lebrun. Devant l’horrible et injuste mort d’un simple prêtre, des messages parviennent du monde entier. C’est l’espérance en marche».

Temps fort de la cérémonie, le rituel du geste de paix, au cours duquel catholiques et musulmans se sont serrés dans les bras les uns les autres. Tête nue, Mgr Lebrun est descendu de l’autel pour embrasser les responsables musulmans alignés dans le choeur.

«Il y a vraiment très peu de différences entre la religion musulmane et chrétienne», a déclaré Abdelkader à l’AFP, à l’issue de la cérémonie.

A Bordeaux, quelque 200 personnes ont célébré à l’église Notre-Dame «un temps de recueillement et de prière».

A Lens, une trentaine de musulmans ont pris place dans la nef de l’église Saint-Léger, arborant des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire «le terrorisme n’a pas de religion ni d’identité». Fait rare, la célébration s’est terminée par des applaudissements.

Défèrement du cousin d’Abdel Malik Petitjean

A Nice, théâtre d’un sanglant attentat revendiqué par l’Etat islamique qui a fait 84 morts, une dizaine de responsables religieux musulmans se sont également rendus à l’église Saint-Pierre-de-l’Ariane.

Certains fidèles musulmans ont sans doute hésité à passer le seuil des églises, comme à Saint-Paul, intimidant édifice du Marais, à Paris. Le curé, le père Pierre Vivarès, a cependant fait lire en arabe la 2e lecture de la messe. «En communion avec les chrétiens arabophones» d’Orient mais aussi pour «saluer nos compatriotes musulmans», a-t-il précisé.

Du côté de l’enquête, le cousin d’Abdel Malik Petitjean, Farid K., 30 ans, a été déféré dimanche en vue de sa mise en examen par un juge antiterroriste. Le parquet a ouvert une information judiciaire, confiée à des juges d’instruction spécialisés, notamment pour «participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et «assassinat en bande organisée, commis en raison de l’appartenance de la victime à une religion, en relation avec une entreprise terroriste».

La garde à vue du demandeur d’asile syrien, interpellé jeudi dans l’Allier, a en revanche été levée, a-t-on appris dimanche de source judiciaire.

«Aucun élément n’a démontré qu’il avait une quelconque implication dans les faits», selon une source proche de l’enquête.

 Liens récents entre les deux tueurs

Cinq jours après la prise d’otages et l’assassinat du prêtre de 85 ans, l’enquête a aussi mis en lumière les liens, semble-t-il très récents, entre les deux tueurs.

Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, 19 ans tous les deux, qui vivaient à 700 kilomètres de distance, seraient entrés en contact quelques jours seulement avant la prise d’otages via la messagerie chiffrée Telegram, selon Le Parisien et La Voix du Nord.

Adel Kermiche aurait décrit sur Telegram par avance le mode opératoire de l’attaque, mentionnant «un couteau» et «une église».

Un mineur de 17 ans qui avait cherché à partir en Syrie avec Adel Kermiche en 2015 a été arrêté récemment à Genève lors d’une seconde tentative, et remis à la France où il a été emprisonné.

Omar C., un autre homme de 19 ans fiché «S» (signalé pour radicalisation) et arrêté deux jours avant la prise d’otages dans une enquête distincte des services de renseignement, a été mis en examen vendredi. Une vidéo d’Abdel Malik Petitjean, dans laquelle celui-ci prêtait allégeance à l’EI et évoquait «une action violente», avait été trouvée dans un téléphone à son domicile.

Une autre enquête est en cours, dans laquelle un Français de 20 ans, Jean-Philippe J., a été interpellé. Il s’était rendu en Turquie début juin avec Petitjean avant d’être refoulé comme lui.

Sur le plan politique, le Premier ministre Manuel Valls a, dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche, jugé nécessaire de «revoir certaines règles pour tarir les financements extérieurs et accroître en compensation les possibilités de levées de fonds en France». Vendredi, dans un entretien au Monde, il s’était déjà dit «favorable» à une interdiction du financement étranger des mosquées.

Dans un communiqué, le député LR Eric Ciotti s’est dit «totalement opposé» à cette vision culpabilisatrice du Premier ministre, qui (...) renie à demi-mot la loi de 1905».

«Qu’il s’agisse de la formation des imams ou du financement de l’islam en France, le Premier ministre ne peut se contenter de formules creuses», a déploré de son côté la candidate à la primaire Nathalie Kosciusko-Morizet.