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Pauvreté: «Ki bidzé sa ?»

31 juillet 2016, 22:20

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Pauvreté: «Ki bidzé sa ?»

Le Budget a fait la part belle au social. Plusieurs mesures ont été annoncées par le grand argentier pour soulager le porte-monnaie des plus démunis. Mais qu’en pensent les principaux intéressés ? Sont-ils vraiment satisfaits ?

Encore faut-il qu’ils aient eu vent de «la chose»… «Ki bidzé sa ?» lance d’emblée Rachelle Belle, une habitante de Cité Roma. Cette mère de trois enfants a, dit-elle, autre chose à faire que de «perdi létan ek sa bann zistwar politik-la».

À l’heure où experts, analystes et journalistes étaient suspendus aux lèvres de Pravind Jugnauth, Rachelle, elle, préparait à manger pour ses gamins. Et de nous demander si les prix des denrées ont augmenté, «kouma zot fer a sak fwa». Ah ? Le prix du gaz a baissé ? Très bien. Mais encore faut-il savoir ce qu’elle pourra faire cuire dans sa marmite…

Entourée de ses enfants, qui jouent à la marelle, elle soutient tout de même qu’il s’agit d’une bonne décision. «Pou kapav asté li pli fasil aster.» Qu’en est-il de l’allocation de subsistance pour les plus démunis ? Rachelle, qui est au chômage, n’y croit pas. Puisqu’elle a déjà essayé, à plusieurs reprises et en vain, d’obtenir une aide de l’État.

«Mo mari so lamé inn blessé dans travay. Li ti fer demann pou enn pension, repons mem zamé inn gagné», lâche-t-elle sur un ton ironique. Elle se contentera donc de la baisse du prix de la bonbonne de gaz, les céréales ne faisant pas partir de sa tant bazar. «Dilé, grin sek tousala pann baissé ?»

Même lieu, autre perspective. Brutus Olivier, 21 ans, est quant à lui apprenti maçon. Pour lui, le Budget ne casse pas des briques. Il n’a d’ailleurs même pas pris la peine de suivre le grand oral du ministre des Finances vendredi. Il a pris connaissance de quelques mesures annoncées en discutant avec des amis.

Ce qu’il a retenu, comme la plupart des gens, c’est la baisse du prix du gaz. Difficile toutefois de ne pas être sceptique quand on a du mal à les joindre les deux bouts tout au long du mois. «Bé kan pou baissé sa ? Sak fwa zot anons bel bel zafer apré zamé pa trouvé», affirme le jeune homme. Qui se dit dépité par l’augmentation du prix du paquet de cigarettes.

À Karo Kalyptis, Hansley Mandarin est affairé à construire une barrière pour empêcher que les habitants du coin ne viennent déverser leurs ordures sur un terrain vague. Le Budget ? Il en a «vaguement» entendu parler à travers des bribes de conversations, çà et là.

«Monn tandé gaz inn baissé. Li bon, enn zafer ki tout dimounn servi sa», déclare-t-il, pioche à la main. Un avis que partage Florine, assise en compagnie de ses voisines, sous un arbre. Elle se mêle à la conversation, a des choses à dire. «Asterla nou kapav fer enn zefor pou asté gaz pou kwi…»

Mais avant, il faudra qu’elle mette un peu d’argent de côté pour pouvoir s’acheter un four. Pour l’instant, le manque de moyens fait qu’elle et ses voisines utilisent un foyer commun. «Dilé, diri, tousala pann monté ?» Négatif. «Bé bizin dir bon mem alor.»

Plus loin, assis sous une boutique, quatre jeunes gens tirent sur une cigarette tout en partageant une bouteille de bière. Histoire d’en profiter avant que les prix ne grimpent. «Bidzé ? Ein, wi, ti vendrédi sa. Inn mont sigaret…» prévient Jean-Yves tout en regardant son ami Sanju. Alors, satisfait ou pas ? «Pa koné.»

Le mot de la fin : «Dé tout fason, pa pou sanz nou lavi sa…»