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Hillary Clinton, tenace survivante de la politique américaine

29 juillet 2016, 09:56

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Hillary Clinton, tenace survivante de la politique américaine

 

Hillary Rodham Clinton cite parfois son idole Eleanor Roosevelt, l’épouse de l’ancien président démocrate Franklin Roosevelt: pour faire de la politique quand on est une femme, «il vous faut la peau aussi épaisse qu’un rhinocéros».

En campagne, elle aime répéter les mille anecdotes sur les épreuves auxquelles elle a survécu durant ses quatre décennies de vie publique. «J’ai les cicatrices pour le prouver», dit-elle.

On ne compte plus les accusations républicaines de mensonge, fraude, clientélisme, voire de meurtre. Une large majorité d’Américains la trouvent malhonnête. Et pourtant la voici à 68 ans aux portes de la Maison Blanche, première femme à porter les couleurs d’un grand parti américain à l’élection présidentielle.

Assumant pleinement son rôle de pionnière, elle s’est dit, jeudi, en acceptant l’investiture de son parti, «heureuse pour les grand-mères et les petites filles et toutes celles qui sont entre les deux».

«Je suis heureuse pour les garçons et les hommes aussi, car quand une barrière tombe pour quelques-uns en Amérique, cela ouvre l’espace pour tous.»

De Chicago à l’Arkansas

Hillary Diane Rodham est née le 26 octobre 1947 à Chicago et a grandi dans la banlieue blanche et paisible de Park Ridge, en plein Midwest, dans une famille de la classe moyenne.

Elle adore sa mère Dorothy; le père, Hugh Rodham, petit patron, est têtu, dur. Mais il lui transmet son éthique de travail et la crainte permanente de manquer. C’est aussi de lui qu’elle hérite des convictions républicaines qu’elle conservera jusqu’à ses années d’étudiante. La famille est protestante méthodiste.

Très bonne élève, elle entre en 1965 dans la prestigieuse université pour jeunes femmes, Wellesley College. Dans le tumulte des «sixties», les quatre années universitaires lui ouvrent les yeux sur la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam, l’égalité hommes-femmes...

L’étudiante aux grosses lunettes, qui déteste le maquillage, est bosseuse et ambitieuse. Ses camarades l’élisent présidente des étudiantes, ce qui lui permet un coup d’éclat: un discours idéaliste et exalté à la cérémonie de remise des diplômes.

«Elle était déjà une leader à 19 ans, elle savait ce qu’elle voulait dans la vie», dit à l’AFP Suzanne Salomon.

Suit l’entrée en 1969 à la faculté de droit de Yale et la rencontre avec Bill Clinton, son «Viking venu d’Arkansas».

Elle avait «un air volontaire et une maîtrise de soi que j’avais rarement vus chez quiconque, homme ou femme», écrira Bill.

Son activisme en faveur des droits des enfants et des femmes s’épanouit pendant ces années, et à la sortie, elle choisit de travailler pour le Fonds de défense des enfants, pendant que Bill Clinton se lance en politique dans l’Arkansas.

Après un passage par Washington en 1974, à la commission d’enquête sur le scandale du Watergate, elle rejoint Bill, bientôt élu gouverneur, tandis qu’elle intègre un grand cabinet d’avocats de Little Rock.

Chelsea, leur fille unique, naît en 1980. Evoquant une mère «merveilleuse, attentive et drôle», celle-ci a dit, jeudi, sa fierté face à une femme animée d’un «sens aigu» de la justice.

 Deux pour le prix d’un 

Sous pression, Hillary Rodham finit par abandonner son nom de jeune fille et devient Hillary Clinton, Première dame de l’Arkansas, puis des Etats-Unis après l’élection de Bill en 1992.

Mais l’image de «co-présidente» de l’ombre tranche avec le rôle traditionnel d’une Première dame s’occupant de bonnes oeuvres. Son épreuve du feu, la refonte du système de santé, tourne au désastre en 1994. Après cet échec, elle se retire des dossiers trop politiques pour se consacrer à la cause des femmes, notamment à l’étranger.

Humiliée par son mari adultère, elle le défend pourtant bec et ongles pour empêcher sa destitution dans l’affaire Monica Lewinsky, alors même qu’ils suivent une thérapie de couple.

Les Américains compatissent: jamais sa cote de popularité n’aura été aussi élevée, 67% d’opinions favorables en décembre 1998.

Scandales

A l’approche du départ de la Maison Blanche, elle se lance en politique et devient sénatrice de l’Etat de New York. Elle passe son tour à la présidentielle de 2004 mais, aux primaires suivantes en 2008, Barack Obama l’étrille pour son vote autorisant la guerre d’Irak.

Hillary Clinton avait fait de son expérience un slogan, promettant d’être une nouvelle Dame de fer; les Américains lui ont préféré un quadragénaire néophyte incarnant le changement.

Coup de théâtre, elle devient secrétaire d’Etat de Barack Obama pendant son premier mandat. Hyperactive mais sans réels succès à son actif, critiquent ses détracteurs.

Les républicains l’accusent surtout d’incompétence après l’attaque de Benghazi, en Libye, lors de laquelle quatre Américains sont tués dont l’ambassadeur.

Et si elle a échappé à une inculpation dans l’affaire de la messagerie privée qu’elle a utilisée au lieu du compte gouvernemental, le scandale renforce l’image d’un couple Clinton se croyant au-dessus des lois et contribue à l’effondrement de sa cote de popularité.

Mais ces années de diplomatie cimentent aussi son image de femme d’Etat.

«Jamais un homme ou une femme n’a été aussi qualifié qu’Hillary Clinton pour la présidence des Etats-Unis d’Amérique», a affirmé Barack Obama lors de la convention.