Publicité

Venezuela : le conseil électoral repousse sa décision sur le référendum révocatoire

27 juillet 2016, 07:53

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Venezuela : le conseil électoral repousse sa décision sur le référendum révocatoire

 

Le conseil national électoral (CNE) du Venezuela examinera la possible tenue d’un référendum anti-Maduro à partir de lundi prochain, alors que l’opposition, dont le gouvernement demande l’interdiction pour fraude, attendait initialement sa décision pour ce mardi.

Le communiqué du CNE ne précise pas quand l’organisme rendra sa décision.

Elu en 2013 jusqu’en 2019, le chef de l’Etat socialiste fait face à un Parlement contrôlé par une coalition de centre droit, la Table de l’unité démocratique (MUD), depuis les élections législatives de décembre 2015. Depuis, ces antichavistes (du nom de l’ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) ont exigé la tenue d’un référendum contre le M. Maduro avant fin 2016.

Pour cela, l’opposition a enclenché un processus long et complexe prévu par la loi.

Après avoir recueilli près de deux millions de signatures, dont seules 1,3 million ont été validées par le Conseil national électoral (CNE), au moins 200.000 signataires devaient confirmer leur choix, en personne, fin juin.

C’est sur ce point précis que doit se prononcer le CNE, organisme que l’opposition accuse d’être contrôlé par le gouvernement.

En cas de feu vert de l’autorité électorale, il faudra encore quatre millions de signatures pour pouvoir convoquer le référendum lui-même. Pour destituer le chef de l’Etat, le «oui» devra dépasser le score de M. Maduro à la présidentielle de 2013 (7,5 millions de voix).

La MUD espérait que le CNE authentifierait mardi ces 200.000 signatures, après un audit qui a duré près d’un mois. Certaine d’avoir les signatures nécessaires, la MUD a déjà appelé à manifester mercredi à Caracas.

Le CNE, accusé de favoriser le gouvernement par l’opposition, a affirmé qu’il «ne céderait pas aux pressions» et rappelé sa menace de suspendre le processus «en cas d’altération de l’ordre public».

Un porte-parole de M. Maduro a également demandé au CNE que la coalition Table de l’unité démocratique (MUD) soit considérée illégale, l’accusant d’avoir fraudé pour le recueil des signatures.

«Nous sommes venus demander l’annulation de l’enregistrement du parti politique appelé Table de l’unité démocratique (MUD), pour avoir participé à la plus grande fraude électorale qu’ait connue l’histoire du pays», a annoncé Jorge Rodríguez, délégué par M. Maduro pour surveiller le processus.

Selon le porte-parole, le parti MUD aurait fourni des milliers de signatures de personnes décédées, de mineurs et de détenus.

Nicolas Maduro lui-même a déposé une action pour fraude devant le Tribunal suprême de justice (TSJ), que l’opposition accuse également de servir le gouvernement. Au total, environ 8.600 recours ont été déposés devant le parquet et le TSJ.

Pas de retour en arrière

Pour l’opposition, il est crucial que le référendum ait lieu avant le 10 janvier 2017, car si M. Maduro est révoqué avant cette date, il y aura des élections anticipées. Si, au contraire, la consultation se tient après et si le président vénézuélien la perd, il pourrait désigner son vice-président pour le remplacer.

Le pays, dont l’économie s’est effondrée avec la chute du pétrole, est en ébullition. Pillages et lynchages se font plus nombreux, les habitants sont las d’une pénurie qui frappe 80% des aliments, d’une criminalité en hausse et de la pire inflation au monde (180,9% en 2015).

Pour le gouvernement, ce référendum, s’il a lieu, ne pourra pas se tenir cette année, car les délais légaux ne le permettent pas. «En 2016, il n’y aura pas de référendum. En 2017, au rythme où l’on va, il n’y en aura pas non plus au Venezuela», a lancé mardi le numéro deux du régime chaviste, Diosdado Cabello.

Selon un sondage de l’institut Venebarometro, 64% des Vénézuéliens voteraient pour le départ du président.

«Le référendum est une opportunité et il faut la saisir», assure Edgar Garcia, un électricien de 48 ans prêt à signer, alors qu’il fait la queue pour acheter des aliments.

Selon le constitutionnaliste José Ignacio Hernandez, le référendum pourrait se tenir en décembre ou, au plus tard, début janvier, mais «tout dépend de la volonté du CNE».

Si cet organisme «fait durer les choses, la conflictualité sociale augmentera et les seules voies qui resteront seront celle de la protestation et de la pression internationale», ajoute cet expert.

Empêcher le référendum «reviendrait à délégitimer un héritage très important du chavisme. Chavez s’est toujours exposé à la décision du peuple», a réagi Luis Almagro, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA). En 2004, le référendum contre l’ex-président Hugo Chavez fut un échec.