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MV Benita: le bateau part, les problèmes restent

24 juillet 2016, 08:00

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MV Benita: le bateau part, les problèmes restent

 

Est-ce vraiment un adieu ? 36 jours après s’être échoué sur des rochers, au Bouchon, le MV Benita vogue à nouveau sur les mers depuis samedi 23 juillet. Pour les autorités, l’opération de renflouage, effectuée grâce à trois remorqueurs, s’est avérée être un «succès». Mais il ne faut pas se réjouir trop vite, semble-t-il. Car, malgré la satisfaction affichée, le sort du vraquier n’est pas encore connu. Et les conséquences des fuites de fioul sur l’environnement n’ont pas encore été proprement évaluées.

Pour le moment, l’objectif principal est d’éloigner le bateau, jusqu’à 12 milles nautiques du récif. Un déplacement qui n’est pas sans danger selon une source. Celle-ci évoque un risque potentiel de pollution pour le parc marin de Blue-Bay ainsi que pour le lagon. Pire encore: «Désormais, le risque est plus élevé vu que le fioul peut, à n’importe quel moment, se déverser au large. Avant le renflouage, l’huile lourde était confinée au lagon du Bouchon», poursuit notre interlocuteur.

Jusqu’ici, le ministre Anwar Husnoo, qui assure la suppléance au ministère de l’Environnement, a maintenu que le parc marin de Blue-Bay n’a pas été touché. «Nous nous attendons à d’autres fuites d’huile dans les jours à venir. C’est normal ! Mais nous surveillons la situation de très près en étudiant la faune et la flore marines et effectuons des prélèvements d’échantillons d’eau de mer», fait ressortir Anwar Husnoo, qui était au Bouchon, samedi.

Nageant à contre-courant, Alain Wong, qui est en déplacement à l’étranger a, tenu à faire part, quant à lui, de son insatisfaction. Celui qui est responsable du ministère de l’Environnement dit regretter que le renflouage n’ait pas été fait «plus vite que cela pour éviter une deuxième fuite». Il fait là référence à celle de jeudi dernier.

Et maintenant ? À quoi faut-il s’attendre ? Wayne O’Brien, directeur général de la compagnie Singapourienne Swire Emergency Response, chargée de remettre à flot le MV Benita, se veut rassurant. «L’opération a été un défi. Mais l’aide de la Special Mobile Force et de la National Coast Guard a été précieuse. Quant à l’opération de nettoyage de la plage, elle, se poursuit et risque de prendre du temps.»

Attendons voir.

Par ailleurs, 174 tonnes de fioul ont été pompées et transportées à terre par les hélicoptères de la police. Et ce, depuis que le MV Benita s’est échoué sur les rochers dans la nuit du 16 au 17 juin. Le vraquier se dirigeait vers Durban en Afrique du Sud.

Combien ?

Plus de Rs 15 millions ont été dépensées par les ministères et organismes concernés. Un chiffre appelé à gonfler avec la facture de Five Oceans Salvage, la société grecque dépêchée par l’armateur du navire. Le bilan financier final ne sera pas connu avant plusieurs mois, selon Anwar Husnoo. Toutefois, le gouvernement mauricien devrait être remboursé par London P & I Club, l’assureur du navire.

«J’ai pleuré»

Le MV Benita en a fait voir de toutes les couleurs aux autorités. Ainsi qu’aux habitants. Ce qui explique les cris de soulagement et les applaudissements sur la plage, au moment où le vraquier a été «libéré». Toutefois, les adieux ont été difficiles pour les marchands qui ont bien profité de l’affluence. «J’ai pleuré en voyant le navire partir», se désole Sharmeen Bucktowa.