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Ukraine: un journaliste tué dans un attentat à la bombe à Kiev

20 juillet 2016, 16:23

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Ukraine: un journaliste tué dans un attentat à la bombe à Kiev

 

Un journaliste pro-occidental renommé a été tué mercredi par l’explosion d’une bombe placée dans la voiture qu’il conduisait dans le centre de Kiev, la capitale de l’Ukraine qui traverse depuis deux ans une crise politique profonde.

Pavel Cheremet, originaire du Bélarus mais possédant la nationalité russe, vivait depuis plusieurs années en Ukraine où il travaillait pour l’influent site d’information Ukraïnska Pravda et animait une émission matinale sur la radio Vesti.

Ce journaliste de 44 ans réputé pour son indépendance se rendait vers sa station de radio quand la voiture qu’il conduisait a explosé. Le véhicule appartenait à l’une de ses collègues, qui n’était pas à bord au moment de l’explosion.

«Il conduisait le long de la rue Ivan-Franko et s’était arrêté à un carrefour quand l’explosion a eu lieu. Les flammes sont montées jusqu’au deuxième étage» des immeubles environnants, a déclaré à l’AFP un chauffeur de taxi ne voulant confier que son prénom, Petro.

«Nous nous sommes précipités vers la voiture et avons ouvert la porte. Il était allongé sur le sol et gémissait. Il était sous le choc et sa jambe semblait cassée», a-t-il ajouté, précisant que Pavel Cheremet était encore en vie quand les secours sont arrivés, avant de succomber plus tard à ses blessures.

«La mort de Pavel Cheremet est une terrible tragédie», a réagi sur Twitter le président ukrainien Petro Porochenko, assurant que «les coupables seront punis». «C’était mon ami personnel. Je compatis avec ses proches et ses amis», a-t-il ajouté.

La police ukrainienne a annoncé dans l’après-midi l’ouverture d’une enquête pour «meurtre prémédité» tandis que le ministre de l’Intérieur, Arsene Avakov, a estimé que ce «meurtre effronté» visait à déstabiliser le pays.

«Un engin explosif improvisé, peut-être contrôlé à distance ou par un retardateur, a explosé. D’après les recherches préliminaires, cela équivalait à 400-600 grammes de TNT», a écrit sur Facebook un conseiller du ministère ukrainien de l’Intérieur, Zorian Chkiriak, précisant que «tous les scénarios sont étudiés».

Son journal déjà visé

Ukraïnska Pravda, un média indépendant particulièrement réputé, a été fondé à la fin des années 1990. Son fondateur, Guéorgui Gongadzé, avait été enlevé en septembre 2000 puis retrouvé décapité deux mois plus tard dans une forêt à une centaine de kilomètres de Kiev.

 

Son assassinat compta parmi les affaires criminelles les plus retentissantes dans le pays et Guéorgui Gongadzé, dont la tête ne fut retrouvée que neuf ans après sa mort, devint un symbole de la liberté de la presse en Ukraine.

La rédactrice en chef d’Ukraïnska Pravda, Sevguil Moussaïeva-Borovik, a déclaré à l’AFP que, selon elle, la mort de Pavel Cheremet était due «à ses activités professionnelles». «Pourquoi tue-t-on des journalistes en Ukraine? Quelqu’un veut déstabiliser la situation dans le pays en faisant ça», a-t-elle ajouté.

Pavel Cheremet est né au Bélarus, où il a travaillé pour la télévision nationale avant de quitter le pays à cause d’un conflit avec le régime autoritaire du président Alexandre Loukachenko et de fonder un populaire site d’information, Belarousski Partizan.

Il travailla ensuite pour le réseau télévisé public russe ORT où il présenta l’une des émissions d’information les plus populaires du pays, Vremia, avant de rejoindre une autre chaîne publique dont il démissionna en 2014, en protestation contre sa ligne éditoriale.

Le Kremlin a exprimé sa «grave préoccupation» par ce «meurtre d’un citoyen russe». «Nous espérons une enquête impartiale», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a pour sa part déploré dans un communiqué la perte d'«un journaliste remarquable et dévoué».

Ce meurtre intervient alors que l’Ukraine fait face à un conflit dans l’est séparatiste, qui a fait près de 9.500 morts en plus de deux ans. Le pays cherche toujours à retrouver une stabilité politique après le soulèvement pro-européen du Maïdan, qui a provoqué en février 2014 la fuite du président prorusse Viktor Ianoukovitch et son remplacement par un gouvernement pro-occidental.