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Dr Ramkoosalsing: «Un an après, une patiente toujours pas remise de son premier essai au ‘C’est pas bien’»

20 juillet 2016, 14:44

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Dr Ramkoosalsing: «Un an après, une patiente toujours pas remise  de son premier essai au ‘C’est pas bien’»

 

Quand avez-vous vu arriver les adolescents sous l’influence des drogues synthétiques pour la première fois à l’hôpital  Brown-Séquard ?
C’était il y a trois ans à peu près. À l’époque, il n’y avait que quelques jeunes. Là encore, c’était pour la consommation du Black Mamba, une forme de cannabis de synthèse. Il y avait d’autres jeunes qui avaient affirmé avoir consommé de la «poussière tomb». Et au fil des années, il y a eu d’autres patients sous l’influence du «C’est pas bien».

Il y a quelques années, un collègue qui travaille à la prison m’a raconté qu’un détenu avait eu un malaise. Il avait consommé une drogue de synthèse contenant de l’héroïne. Il avait été traité comme un consommateur d’héroïne.

Mais comment traite-t-on des patients sous l’influence des drogues synthétiques ?
Le traitement est symptomatique. Le patient est traité jusqu’à ce que les substances cessent d’avoir un effet sur son organisme. Des fois, cela peut prendre une semaine ou plus. Mais il faut également réaliser que certains patients sont traités dans les hôpitaux généraux. Surtout s’ils font un malaise. 

Le réflexe des proches, c’est d’emmener la personne à l’hôpital. Je ne saurais vous dire s’il y a des patients qui ont été admis à l’unité des soins intensifs mais ce n’est pas à écarter. Le problème, c’est que l’on ne connaît pas les composants des drogues de synthèse, ni leur dosage.

Comment sont les patients lorsqu’ils sont sous l’influence des drogues de synthèse ?
Ils sont généralement dans un état semi-confusionnel. Ils sont agités, ils ont des hallucinations, des délires de perception. Les patients présentent des symptômes de schizophrènes. Ils ont des Cannabis-Induced Psychosis. C’est le Tetrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis, qui donne ces symptômes.

Est-ce que les effets néfastes se ressentent dès la première prise de la drogue de synthèse ?

J’ai une patiente qui a consommé du «C’est pas bien» pour la première fois en juin de l’année dernière. Nous sommes en juillet et elle ne s’est toujours pas remise. Elle a des maux de tête et d’autres symptômes qui sont toujours d’actualité. Elle n’a que 17 ans et elle en était à sa première prise.

«Si le ministre de la Santé dit que la situation est alarmante, ce serait un blâme pour lui-même (…) Arrêter le traitement à la méthadone a été une très mauvaise décision.»

Est-ce qu’ils sont nombreux ceux qui vont se soigner dans  le privé ?
Depuis que je suis à la retraite, je n’ai pas augmenté mes consultations dans le privé mais les patients sont, eux, plus nombreux. La majorité des patients sont sur de l’héroïne et sur les drogues synthétiques. Et il y a plus d’hommes que de femmes. Ceux qui sont en désintoxication reçoivent un traitement à la codéine. C’est un traitement de trois semaines à rythme décroissant. Il faut ajouter à cela des antidépresseurs et des  somnifères prescrits.

C’est quoi le budget pour trois semaines de traitements ?
Cela peut sembler conséquent mais cela coûte moins cher que de consommer des drogues. Un consommateur de drogues peut dépenser entre Rs 600 et Rs 1 000 par jour. Les médicaments, eux, peuvent coûter Rs 2 000 par semaine et le traitement peut durer trois semaines.

Que répondez-vous au ministre de la Santé qui dit que la situation «n’est pas alarmante» ?
Je pense que si le ministre de la Santé dit que la situation est alarmante, ce serait un blâme pour lui-même. Mais il est vrai qu’il y a un problème aigu. Et encore, il ne s’agit pas que des drogues de synthèse, mais aussi de l’héroïne. Et arrêter le traitement à la méthadone a été une très mauvaise décision. 

J’avais des patients sur ce traitement qui ont rechuté. Quant au traitement au Suboxone, il est efficace pour une courte durée. Le Naltrexone ne marche que sur les nouveaux usagers de drogues. Tandis que la méthadone était efficace. J’étais moi-même responsable de son introduction, je sais de quoi je parle.