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Vacoas: paralysé à vie après un accident

19 juillet 2016, 13:32

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Vacoas: paralysé à vie après un accident

Les plus vulnérables face aux accidents : les motocyclistes. Ils sont peu à vouloir parler des séquelles. Mais celles-ci sont bel et bien présentes. Dilshad, 25 ans, en sait quelque chose. Depuis son accident de la route, il y a trois ans, il est alité dans une petite chambre sombre. Cet ancien maçon a perdu toute autonomie de mouvement.

C’est à peine s’il peut atteindre les paquets de biscuits posés sur la table de fortune, à côté de son lit. «Je ne peux pas quitter le lit sans l’aide d’une autre personne.» Dans la plupart des cas, cette personne est son grand frère, qui a lui-même des soucis de santé. Abdullah, 27 ans, qui s’est fait opérer du cœur, suit toujours un traitement.

Le soir de l’accident, Dilshad revenait d’un chantier. Il a subi une blessure à la colonne vertébrale. «Même après tout ce temps, je ne me souviens pas des circonstances de l’accident. Je me souviens simplement du réveil douloureux», explique-t-il. Il dira par la suite qu’il n’aime pas parler de ce drame.

Abdullah et Aisha, le frère et la mère de  Dilshad, gardent espoir que celui-ci retrouvera la mobilité.

Depuis ce jour, toute la partie inférieure de son corps est paralysée. Une sonde entortillée sort sous sa couverture; à l’autre bout, une bouteille de cinq litres donne une idée de son état. «Mon frère ne peut pas bouger, confie Abdullah. Je dois lui donner son bain, changer ses couches et l’aider dans tout ce qu’il fait. Le plus dur ce sont les escarres qu’il a constamment. Cela nécessite un soin particulier.» Il doit quotidiennement nettoyer ces plaies qui sont dues  à l’immobilité.

«Les cicatrices me font mal»

En sus de s’occuper de son frère, Abdullah doit faire attention à lui-même car sa santé n’est pas au beau fixe. Il y a cinq ans, il a dû se faire opérer d’urgence pour des problèmes cardiaques. Il vit avec une valve artificielle. Depuis son opération, il lui est impossible de faire des efforts. «Je ressens souvent des douleurs à ce niveau. Même les cicatrices me font toujours mal.»

Avant son opération, Abdullah faisait de petits travaux pour aider sa famille. «Aujourd’hui, même si je voulais travailler, je ne pourrais pas. Mon frère a constamment besoin d’une personne à la maison, et c’est ma priorité», dit-il.

Questionné sur ses journées, Dilshad esquisse un sourire sans joie. «Vous avez vu mon état? Tou mo létan fini lor lili mem. Dormi lévé la mem», dit-il. Peu bavard, sauf avec son frère, il est souvent perdu dans ses pensées.

Avant son accident, outre le travail, il était actif et sportif. Maintenant, entre les quatre murs de sa chambre, il ne fait que dormir et converser avec son frère. De temps en temps, Abdullah sort son frère pour qu’il prenne de l’air frais, mais ce dernier doit vite retourner au lit car il ne peut rester longtemps autrement qu’allongé.

La mère des deux garçons, Aisha, est une petite femme dont les traits tirés témoignent de sa fatigue, mais elle fait de son mieux pour ramener un salaire à la maison. «Mo travay trwa fwa par sémenn kot dimoun», déclare-t-elle. Or, ses revenus ne sont pas suffisants.

La famille doit sa survie à la générosité des voisins et des proches. «Les plus grosses dépenses sont les médicaments de Dilshad. Entre les couches, les crèmes, les lingettes et les désinfectants, cela représente un budget considérable», observe le frère. Récemment, le jeune homme a commencé à avoir une pension d’invalidité après maintes démarches. Et la famille a entamé des démarches pour voir s’il existe des moyens afin que le plus petit de la famille retrouve la mobilité.

«Ici, les médecins ont dit qu’il n’y a rien à faire. Mais nous espérons avoir l’avis d’un autre spécialiste», indique Aisha. Son fils explique que selon les informations qu’il a eues, il est peu probable que Dilshad puisse marcher normalement un jour. «Mais il retrouvera un peu de ses moyens et n’aura pas besoin d’être totalement assisté. Il n’aura plus besoin de sonde, ce qui va le soulager.» Toutefois, rien n’est sûr, car pour une  telle opération, un voyage sera nécessaire. Outre les frais que cela va occasionner, il faudra des dispositifs spéciaux afin qu’il puisse prendre l’avion. Tout dépendra de l’avis que leur donnera le second spécialiste…