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Royaume-Uni: le ministre Boris Johnson veut quitter l’UE mais pas l’Europe

15 juillet 2016, 08:27

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Royaume-Uni: le ministre Boris Johnson veut quitter l’UE mais pas l’Europe

 

A peine nommé, le nouveau chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, contesté pour ses approximations ou ses boutades de mauvais goût, a tenté jeudi de rassurer ses interlocuteurs européens en déclarant que quitter l’UE «ne signifie pas quitter l’Europe».

Boris Johnson s’exprimait pour la première fois depuis l’annonce mercredi soir de son entrée au gouvernement de Theresa May, dominé par les partisans du Brexit.

«Il y a une différence énorme entre le fait de quitter l’UE et nos relations avec l’Europe qui vont s’intensifier», a déclaré devant son ministère Boris Johnson, qui a été le fer de lance de la campagne en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, laquelle a été décidée par référendum le 23 juin.

«Bien sûr, nous allons appliquer la volonté de la population (exprimée) lors du référendum, mais cela ne veut aucunement dire quitter l’Europe», a-t-il ajouté.

Dans la soirée, pour sa première sortie publique, il s’est rendu à la réception organisée à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet à l’ambassade de France à Londres où il a été hué par les invités. «Nous devons désormais nous assurer (...) de créer une nouvelle relation intergouvernementale meilleure que le système actuel», a-t-il déclaré à un journaliste de l’AFP, précisant être présent «pour rassurer tout le monde au sujet du Brexit».

Investie mercredi, moins de trois semaines après le référendum, Mme May, 59 ans, qui s’est engagée à préserver l’unité du Royaume-Uni, se rendra quant à elle vendredi pour son premier déplacement en Ecosse, où, contrairement à l’Angleterre, la population a très majoritairement voté pour rester dans l’UE.

Elle doit s’entretenir à Edimbourg avec la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, qui a menacé d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance si les intérêts de ses administrés n’étaient pas pris en compte.

Theresa May est aussi confrontée aux demandes pressantes des dirigeants européens de rapidement procéder au divorce d’avec l’UE.

«Plus tôt, la Première ministre Mme May engagera la procédure de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, meilleure sera la relation future entre l’Europe et le Royaume-Uni et meilleure sera notre propre situation», a déclaré le président français François Hollande.

Le 54e chef du gouvernement britannique, première femme à ce poste depuis Margaret Thatcher, est une eurosceptique qui avait rejoint le camp du maintien dans l’UE pendant la campagne référendaire.

Signe du travail à accomplir, Mme May a créé un ministère spécialement dédié au Brexit, mais c’est surtout la désignation aux Affaires étrangères de Boris Johnson - connu pour ses impairs diplomatiques - qui a retenu l’attention.

Cela est «révélateur de la crise politique britannique», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, ajoutant que «dans la campagne, il a beaucoup menti aux Britanniques».

En réaction, Boris Johnson a répondu que M. Ayrault lui avait «envoyé une lettre charmante (...) en me disant qu’il était impatient de travailler avec moi».

«Relation spéciale» 

Continuant de former le gouvernement jeudi, Mme May s’est débarrassée de deux poids lourds du gouvernement de David Cameron, l’ex-ministre des Finances, George Osborne, remplacé par Philip Hammond, et Michael Gove, ancien ministre de la Justice et un des ténors de la campagne en faveur du Brexit.

Et elle a nommé Andrea Leadsom, autre personnalité de premier plan parmi les partisans de la sortie de l’UE et un temps sa rivale dans la course à Downing Street, au poste de ministre de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales.

Dans l’après-midi, elle a reçu un appel du président américain Barack Obama qui l’a félicitée et lui a réaffirmé son attachement à la «relation spéciale» avec le Royaume-Uni.

Selon une porte-parole de Mme May, elle lui a déclaré de son côté espérer «des discussions constructives et positives» avec les dirigeants de l’UE.

Fille de pasteur, connue pour sa pugnacité, mais aussi pour une certaine froideur, Theresa May a succédé à David Cameron, balayé par la tempête du référendum qu’il avait lui-même décidé d’organiser.

Sur le front économique, Philip Hammond a assuré qu’il n’y aurait pas de budget d’urgence, et donc pas de nouvelles mesures d’austérité.

Interrogé par la BBC, il a insisté sur l’importance de maintenir un «accès au marché unique de l’Union européenne» pour la puissante industrie financière britannique.

Le ministre des Finances, dont l’expérience a semblé rassurer les marchés, a rencontré jeudi à Londres le secrétaire d’Etat américain au Trésor Jack Lew.

La Banque d’Angleterre (BoE) a maintenu de son côté son taux d’intérêt à 0,5%, mais la plupart des membres de son comité de politique monétaire s’attendent à un assouplissement en août.

De nombreux investisseurs avaient parié sur un assouplissement monétaire, ce qui a conduit la livre à franchement remonter face au dollar et à l’euro après cette décision. La Bourse de Londres a, quant à elle, terminé en légère baisse (-0,24%).