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FDI et investissement: le casse-tête chinois

8 juillet 2016, 22:30

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FDI et investissement: le casse-tête chinois

À ce stade, on ne connaît pas encore les grandes orientations budgétaires du ministre des Finances. Il n’a fait qu’écouter les opérateurs, sans donner aucune indication sur ses priorités. Sauf que Pravind Jugnauth n’a pas le choix. S’il souhaite viser une croissance de 4%, voire 5%, il lui faudra, entre autres, relancer les investissements directs étrangers (FDI) et booster l’investissement local. Comment? Il devra faire preuve d’imagination. Pour, d’une part, développer de nouveaux créneaux susceptibles d’attirer des investissements locaux. Et d’autre part, enlever des lourdeurs administratives afin de favoriser un flux de FDI.

INVESTISSEMENT

La tendance est à la baisse ces dernières années. Rien qu’en 2015, l’investissement a été de moins 2,5%. Statistics Mauritius est toutefois optimiste. Prévoyant une reprise de 6,4% cette année.

Du côté de Business Mauritius, on est catégorique. On insiste sur la nécessité de faire grimper le taux d’investissement par rapport au Produit intérieur brut (PIB). Il a chuté lourdement, passant de 20,9% du PIB en 2013 à 17,5% du PIB en 2015. Même si Statistics Mauritius prévoit une légère reprise, soit 17,9% du PIB, ce sera toutefois insuffisant pour réaliser une croissance soutenable et créer des emplois productifs.

«Dans un premier temps, il sera difficile de viser un taux d’investissements de 24% du PIB, cela avait été le cas dans le passé», concède l’économiste Azad Jeetun. N’empêche, poursuit-il, il faut tout au moins réaliser une croissance de l’investissement «pour atteindre les objectifs sur le front de l’emploi et de la croissance et faire repartir la machinerie économique». Et d’ajouter que face à des investissements privés qui peinent toujours à décoller, c’est l’État, à travers ses investissements dans des infrastructures, qui a pu maintenir la croissance à un certain niveau.

Reste que le faible taux d’inflation, moins de 2% actuellement, et une consommation en baisse, n’encouragent pas les opérateurs économiques à investir. Surtout dans un contexte de morosité économique. «Les dépenses des ménages liées à la consommation n’ont pas augmenté d’une manière significative ces trois dernières années. La croissance a été d’une moyenne de 2% à 3% seulement», fait remarquer un économiste sous le couvert de l’anonymat. Ce qui lui fait dire qu’«on imagine mal des opérateurs s’engageant dans des projets d’investissements quand la demande ne suit pas l’offre». Devant cette situation, martèle-t-il, il n’y a pas  trente-six solutions: il faut créer les conditions pour favoriser un «feel good factor» dans le pays.

La donation indienne de Rs 12,6 milliards est, à ce chapitre, la bienvenue. Une partie sera injectée dans la construction d’Heritage City, projet qui est susceptible d’attirer des investisseurs immobiliers locaux et étrangers.

Quid du FDI, qui demeure une composante cruciale dans la stratégie de l’investissement? Pour le premier trimestre 2016, le montant de FDI s’est élevé à plus de  Rs 3 milliards, dont  Rs 2 milliards investies dans les projets immobiliers.

Et c’est justement là où le bât blesse. En effet, la majeure partie du FDI est investie dans le secteur de l’immobilier. En 2015 notamment, le secteur de l’immobilier avait attiré le gros des Rs 9,6 milliards de FDI, soit Rs 6,8 milliards. Et il est fort à parier que cette même tendance sera observée en 2016.

Or, les spécialistes sont unanimes à soutenir que des investissements dans l’immobilier ont des effets limités sur la croissance économique et ne génèrent généralement pas d’emplois. «De plus, ils n’agissent pas sur l’appareil productif du pays», explique l’économiste Azad Jeetun.

FONDS DIRECTS  ÉTRANGERS

Un autre spécialiste relativise cette concentration du FDI sur l’immobilier, affirmant que cela relève d’un contexte particulier lié au projet gouvernemental de lancer des IRS (Integrated Resort Schemes) à partir de 2002. Du coup, compte tenu des concessions fiscales accordées à l’époque aux promoteurs d’IRS, le gros des investissements a été orienté vers ce secteur, alors que les autres secteurs n’attirent que très peu  d’investisseurs étrangers.

Le Premier ministre,  sir Anerood Jugnauth, a déjà exprimé des réserves sur cette problématique. Reste toutefois à voir si cette tendance qui dure depuis plus d’une dizaine d’années, sera renversée.

Pour sa part, grâce à des actions ciblées, le Board of Investment s’attend à passer le cap de Rs 10 milliards de FDI cette année. «Nous travaillons actuellement à plusieurs niveaux pour attirer des multinationales à relocaliser leurs opérations à Maurice à travers des partenariats stratégiques», souligne le Managing Director Ken Poonoosamy.

De citer en exemple le cas de Ceridian, société de BPO spécialisée dans la gestion du capital humain, qui vient de conclure un partenariat stratégique avec SD Worx, un des leaders européens. «Il y a d’autres opportunités dans le secteur des technologies de l’information et de la communication. L’idée est d’attirer des investissements étrangers à Maurice et d’offrir des opportunités d’emploi aux jeunes», dit-il.