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«MV Benita»: l’idée de dynamitage fait l’effet d’une bombe

7 juillet 2016, 08:00

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«MV Benita»: l’idée de dynamitage fait l’effet d’une bombe

 

«Ne touchez pas à notre récif !» C’est, en substance, le message des résidants du Bouchon et des villages avoisinants. Une pétition circule en ce moment dans ces localités pour dire non au dynamitage du récif. C’est une des solutions à l’étude afin de déloger le MV Benita qui s’y est encastré et les habitants sont contre.

Plus d’une centaine d’habitants ont déjà apposé leur signature sur la pétition. «Nous n’hésiterons pas à aller jusqu’à manifester s’il le faut. Nous voulons avoir accès aux informations quant à ce qui va se faire par rapport au récif. C’est une des raisons de cette pétition», dit Éric Heidrich, trésorier du Petit Bouchon Benevolent Association.

En effet, tout comme lui, nombre des habitants de ce village s’inquiètent de ce qui se passe dans le lagon où l’accès leur est d’ailleurs toujours interdit. Cependant, les informations qui leur parviennent à travers les médias et surtout une plateforme qui se construit petit à petit autour du vraquier et du récif leur font craindre le pire.

«Nous ne voulons pas qu’on dynamite le récif. Ce serait une catastrophe de plus que subira le lagon du Bouchon si on y touche. Il y a d’autres moyens, comme la pression hydraulique, qui pourraient être utilisés», continue notre interlocuteur.

Il ajoute que des pêcheurs de la région lui ont également fait part de leurs craintes quant au fait que des caves où ils trouvent des langoustes risquent d’être détruites. Les habitants ainsi que les membres de cette association du Bouchon ne veulent pas se contenter de contester seulement. Ils veulent aussi apporter leur contribution au nettoyage du lagon. Si le fioul est plus léger que l’eau et flotte dessus, malheureusement à marée basse, il se colle sur les coraux et  les rochers.

Nettoyer bénévolement

«Nous voulons pouvoir nettoyer cela de même que les abords de la plage afin de limiter les dégâts. Plus on attendra, plus cela aura un impact négatif sur les crustacés et autres animaux marins. Il y a aussi les oiseaux qui s’en nourrissent au bord de la mer. C’est toute une chaîne qui sera affectée», dit  Éric Heidrich.

Il rappelle que l’association bénévole du Petit Bouchon a été créée pour l’embellissement et le maintien de la plage du Bouchon. «C’est pour continuer dans cet élan que nous souhaitons pouvoir, à titre bénévole, commencer à nettoyer les rochers et le sable. Il nous faut cependant l’autorisation du commissaire de police et du ministère de l’Environnement et nous leur lançons cet appel», insiste-t-il.

Mardi, des membres de l’association ont aussi consigné une déposition au poste de police de Plaine-Magnien pour faire part de leurs requêtes et de leur contestation. Tant que l’option de dynamitage n’aura été complètement et clairement éliminée et les informations  qu’elles souhaitent communiquées, ces personnes continueront à veiller.

D’autres tests seront effectués vendredi

Entre-temps, l’objectif principal des autorités est de savoir comment briser la roche où s’est encastré le MV Benita. Des éléments de la Special Mobile Force ont effectué des tests mardi dans une clairière située dans l’Est, au cas où l’expert américain Gary DeMarsh privilégierait l’implosion, ou le dynamitage contrôlé, comme solution pour libérer le navire. Selon une source proche du dossier, ils procéderont à d’autres tests demain, vendredi 8 juillet en présence de l’expert et ceux de Five Ocean Salvage.

Du côté des autorités concernées, ces tests ne semblent pas faire l’unanimité. «Et s’ils ne sont pas concluants ?» Une source insiste aussi sur les conditions à considérer. Notamment que la roche se brise d’un seul coup, que le vraquier, la coque et la cloison machine ne soient pas endommagés lors de l’opération et que l’environnement ne soit pas affecté. Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’après les résultats des tests qu’une décision en bonne et due forme sera prise.

Quant à l’enquête du Central Criminal Investigation Department sur Omar Taton Palmes, elle se poursuit ce jeudi. Celui-ci devra participer à une reconstitution des faits sur le MV Benita, après avoir donné sa version. S’il est reconnu coupable d’avoir mis le moteur du navire hors service, il devra écoper d’une servitude pénale n’excédant pas 60 ans. Le capitaine du vraquier et l’officier en charge de la National Coast Guard dans la nuit du 16 au 17 juin seront, eux, entendus dans les  jours à venir.

Par ailleurs, le Voyage Data Recorder qui a été envoyé en Angleterre par courrier express pour d’autres analyses a livré la première animation après vérification complète. Désormais, ce sera aux enquêteurs de déchiffrer le contenu pour les besoins de l’enquête policière.