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Black Screen African Film Festival: Rachel Perkins, des films pour changer les mentalités

3 juillet 2016, 11:30

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Black Screen African Film Festival: Rachel Perkins, des films pour changer les mentalités

 

La réalisatrice et productrice australienne Rachel Perkins est l’invitée d’honneur du Black Screen African Film Festival, qui se tient à Maurice jusqu’au dimanche 3 juillet. À la tête de Blackfella Films, elle met en avant la culture aborigène d’Australie à travers ses oeuvres. Elle même aborigène, elle explique: «Je viens d’une famille très politisée. Mon père était un activiste. J’ai vu les changements qu’il a apportés et cela m’a inspirée. J’ai voulu également pouvoir changer les choses. À 18 ans, j’ai eu la chance de rejoindre une organisation aborigène, qui produisait des films et ils m’ont encouragée à réfléchir sur la façon d’utiliser la télévision pour promouvoir les droits des aborigènes.»

Le peuple aborigène d’Australie a connu la ségrégation, de même que le racisme. «Nos terres nous ont été enlevées et ce n’est que récemment que nous avons pu les ravoir. En sus de cela, la plupart des gens n’étaient pas au courant de l’histoire des aborigènes. De nombreuses personnes ne connaissent pas l’histoire de Mabo. Rien n’était enseigné à ce sujet dans les écoles. Aujourd’hui les choses sont en train de changer. L’Australie est un pays très ignorant de son passé. Nous avons pensé qu’à travers des films, nous pourrions raconter et partager notre histoire

Rachel Perkins croit fermement dans le pouvoir de l’art, notamment des films, pour faire changer les mentalités. «Le cinéma vous permet de vous mettre dans la peau d’autres personnes et de voir le monde avec d’autres yeux. Quand vous arrivez à toucher le cœur des gens, vous arrivez à changer leur façon de penser. Tous mes films comportent des messages», souligne-t-elle.

 

«Mes films n’ont pas changé la vie des Aborigènes mais ont permis de changer la perception que les gens avaient d’eux et à mieux comprendre l’histoire de l’Australie.»

 

Si certains la jugent propagandiste, la réalisatrice dit ne pas s’arrêter à de tels commentaires. «Le documentaire, en sept séries, intitulé First Australians que j’avais fait en 2008, est le plus vendu des DVD éducatifs en Australie. Il est disponible dans la plupart des écoles. Cela m’a pris six ans pour le faire. Ce documentaire a permis aux jeunes Australiens de grandir tout en connaissant l’histoire de leur pays. Mes films n’ont pas changé la vie des Aborigènes mais ont permis de changer la perception que les gens avaient d’eux et à mieux comprendre l’histoire de l’Australie», fait-elle ressortir. Ainsi Mabo, sorti en 2012, a reçu un très bon accueil, aussi bien en Australie qu’à Toronto, au Canada, ou encore à Berlin, en Allemagne, où il a été présenté.

Si la production de films aborigènes n’était guère aisée auparavant et que, comme l’explique Rachel Perkins, les Aborigènes ont dû se battre pendant 30 ans et traîner certaines organisations en cour, aujourd’hui il existe plusieurs programmes télévisés autour de la culture aborigène. «La production de films est financée par le gouvernement. Nous avons également un fonds spécial pour les Aborigènes qui veulent faire des films autour de leur culture. Les autorités ont compris que nous avions beaucoup à offrir aux gens et maintenant, nous sommes encouragés à partager notre histoire.»

Avant le lancement officiel du festival, Rachel Perkins a rencontré quelques-uns des étudiants de l’Open University. «J’ai rencontré quelques jeunes ayant à cœur d’apprendre les rouages de la cinématographie à Maurice et je suis persuadée que dans quelques temps, vous pourriez faire de très bons films», indique-t-elle.

Avant de venir à Maurice, Rachel Perkins a mis la touche finale à son prochain film. «Il s’intitule Jasper Jones et est adapté d’un roman populaire australien. Nous pensons le présenter à Toronto en octobre, puis en Australie en janvier prochain. Et j’aimerai bien le projeter à Maurice également.»