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Euro-2016: stupéfiante Islande, ridicule Angleterre, immortelle Italie

28 juin 2016, 09:06

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Euro-2016: stupéfiante Islande, ridicule Angleterre, immortelle Italie

 

L’Europe du foot en reste bouche bée! La minuscule Islande a infligé à l’Angleterre une élimination infamante en 8e de finale de l’Euro lundi (2-1) et défiera la France en quarts, lors desquels l’Allemagne affrontera l’Italie.

Cette dernière a sorti l’Espagne, double championne en titre, lundi (2-0). Son duel titanesque contre l’Allemagne championne du monde aura lieu samedi, à la veille de France - Islande dimanche. Les deux autres quarts seront Pologne - Portugal jeudi et pays de Galles - Belgique vendredi.

Un double champion en titre qui sort dès les 8e, une génération dorée qui disparaît après avoir remporté l’Euro-2008 puis 2012 et le Mondial-2010... L’élimination de l’Espagne par l’Italie dans une revanche de la finale de 2012 avait tout pour être la grosse histoire de cette dernière journée des 8e.

Mais juste après, l’Islande, qui participe à son premier Euro, a stupéfait l’Europe et humilié l’Angleterre, dont le sélectionneur, Roy Hodgson, n’a eu d’autre choix que de démissionner sur le champ.

Car cette élimination est un fiasco d’anthologie. «La pire défaite de notre histoire», a même enragé l’ancien international Gary Lineker, qui a tweeté, dans une allusion au Brexit trois jours plus tôt: «On dirait qu’on veut sortir à tout prix de l’Europe de toutes les façons possibles».

L’Angleterre a pourtant rapidement ouvert le score sur un penalty transformé par Rooney (4). Mais l’Islande, pleine de coeur, a immédiatement répliqué par Ragnar Sigurdsson (6) puis doublé la mise par Sigthorsson (18), qui a profité d’une grosse faute de main du gardien Joe Hart.

Trois présidents 

Et c’est donc l’île volcanique perdue au milieu de l’Atlantique nord qui a renversé l’empire du foot.

D’un côté, une petite nation de 330.000 habitants, davantage connue pour ses geysers, ses paysages somptueux et ses génies pop-rock (Björk ou Sigur Ros) que pour ses footballeurs. De l’autre, un pays qui a inventé le sport-roi, qui participait pour la 9e fois à un Euro et dont le championnat est le plus suivi du monde.

A Reykjavik, une foule en liesse d’une dizaine de milliers de personne a exulté en suivant la rencontre sur écran géant. «Il n’y a pas de mots, que des larmes de joie», a tweeté le ministère des Affaires étrangères.

Avec le recul, la superstar portugaise Cristiano Ronaldo doit se dire qu’elle aurait mieux fait de se taire après le nul 1-1 contre les Islandais au premier match: «L’Islande n’a fait que défendre. Ils ont mis le bus devant les cages. C’est une petite mentalité. C’est pourquoi ils ne feront rien».

Face à une telle dynamique, la partie est loin d’être gagnée d’avance pour la France, le pays organisateur, qui a tremblé dimanche face à une autre équipe supposée largement inférieure, l’Eire.

«Ce sera un très gros match, mais peut-être celui de ce soir signifiait-il plus pour nous, car nous regardons du foot anglais depuis que nous sommes petits. Mais la France, nous prenons aussi!», a souri le co-sélectionneur Heimir Hallgrimsson.

Cette soirée était décidément à part pour l’Islande puisqu’elle a arraché cette qualification historique sous les yeux non pas d’un mais de deux présidents de la République: l’actuel, Olafur Ragnar Grimsson, et son successeur, Gudni Johannesson, tout juste élu samedi.

Ils ne sont pas les seuls présidents à avoir apprécié le match. Celui du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a tweeté: «Royaume-Uni - Islande 1-2. L’hiver arrive», paraphrase d’une expression clé de la série culte «Game of Thrones». Avant de renvoyer une correction qui prend une résonance toute particulière dans le contexte post-Brexit: pas le Royaume-Uni, «l’Angleterre. Désolé ;)»

- Espagne: fin de règne -

Si on ne peut pas parler de surprise, c’est tout de même un gros pied de nez qu’ont adressé les Italiens à l’Europe du foot. Une génération moyenne et pauvre en stars (le gardien Gigi Buffon excepté), un championnat qui a perdu de son lustre: avant l’Euro, personne ne misait grand-chose sur eux.

Mais dans le football, les traditions ont la peau dure et les clichés sont souvent des lois d’airain. La Nazionale a de nouveau prouvé qu’il ne fallait jamais l’enterrer trop vite.

Pour l’Espagne, victorieuse des Euros-2008 puis 2012 et du Mondial-2010, c’est la fin d’une époque. Son déclin avait été amorcé avec l’élimination au premier tour du Mondial-2014.

Cette sortie précoce pourrait signer la retraite du sélectionneur Vicente del Bosque (65 ans), l’homme des titres de 2010 et 2012, après 8 ans à la tête de la Roja - une éternité.

Malgré une grosse pression en fin de partie, l’Espagne n’a pu développer à fond le jeu d’attaque flamboyant qui a assis sa domination sur le foot européen ces huit dernières années.

L’Italie, elle, n’a pas refusé le jeu, bien au contraire. Elle aurait même pu s’imposer plus largement sans la grosse performance du gardien espagnol David de Gea.

Il n’a cependant rien pu faire sur les deux buts: une frappe aussi précieuse que peu élégante du défenseur Chiellini sur un coup franc repoussé (33) puis, en toute fin de match, une volée limpide de Pellè (90+1).

Deux jours de repos sont au programme de l’Euro mardi et mercredi, avant que les qualifiés pour les quarts retrouvent le terrain de jeudi à dimanche.