Publicité

Référendum au Royaume-Uni: suspense total, les deux camps au coude-à-coude

24 juin 2016, 07:45

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Référendum au Royaume-Uni: suspense total, les deux camps au coude-à-coude

 

Les camps du maintien et de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne étaient au coude-à-coude vendredi, et les premiers résultats plus favorables que prévu au Brexit ont encore accru le suspense de ce référendum crucial pour l’avenir du pays et de l’Europe.

Des sondages, des politiques et les marchés pointaient en début de soirée vers une courte victoire du maintien du Royaume-Uni au sein de l’UE. Mais des résultats largement favorables au Brexit dans plusieurs villes du nord de l’Angleterre et au Pays de Galles ont douché cet enthousiasme.

La livre sterling, qui avait grimpé à un pic de 1,50 dollar en six mois, a chuté sous 1,45 dollar après l’annonce des résultats plaçant les camps du «in» et du «out» au coude-à-coude.

Revirement spectaculaire, les bookmakers, qui donnaient plus de 90% de chances à une victoire du «Remain» à la clôture des bureaux de vote jeudi à 21h00 GMT, ont commencé à miser sur un Brexit au début de la nuit. Jusqu’à ce que les premiers résultats de Londres, très en faveur d’un maintien dans l’UE, les poussent à revenir à leur pari initial.

La tension était au maximum et le suspense total, alors que seulement 20% des votes étaient dépouillées peu avant 02h00 GMT.

Le résultat officiel de ce référendum aux enjeux colossaux pour l’avenir du Royaume-Uni et du reste de l’Europe devrait être annoncé vendredi au petit matin.

On attendait toujours le verdict définitif des grandes villes, dont Londres. La City de Londres, le quartier de la Finance, a voté à une majorité écrasante pour un maintien mais le nombre de voix est trop insignifiant pour peser.

«C’est extrêmement serré, cela va se jouer sur un rien», estimait le député et ancien chef du Parti national écossais (SNP) Alex Salmond sur le plateau de la BBC.

- «Le génie est sorti de la bouteille» -

Au QG de la campagne de «Vote Leave», dans un immeuble londonien, l’atmosphère était à la fête en début de nuit: les bouchons de champagne ont sauté à l’annonce du premier résultat pour un Brexit, celui de Sunderland. Des cris de joie accueillaient l’annonce à la télévision de chaque résultat favorable à la sortie de l’UE.

Des drapeaux britanniques constellaient les tables et les militants attendaient d’avoir plus de résultats avant d’attaquer un gros gâteau «Leave» en forme de bouteille de champagne.

Présent dans la salle, Nigel Farage, le leader du parti europhobe Ukip, avait pourtant déclaré juste après la clôture des votes: «Il semble qu’un maintien dans l’UE ait l’avantage».

Les derniers sondages aussi penchaient plutôt vers un maintien dans l’UE. Un ultime sondage YouGov publié à la clôture des bureaux de vote avait donné le maintien dans l’UE en tête à 52% contre 48%. Deux autres enquêtes d’opinion conduites avant et après le vote donnaient le même écart.

L’enjeu est de taille et tous les dirigeants européens sont intervenus pour retenir les Britanniques, conscients que leur départ ferait peser une menace de désintégration du club des pays membres de l’UE.

Le président français François Hollande a estimé qu’il faudra «engager une relance de la construction européenne», quelle que soit l’issue du référendum.

Outre les conséquences économiques immédiates pour le pays et au delà, un Brexit serait dommageable à plus long terme, ont prévenu les grandes institutions financières internationales, du FMI à l’OCDE.

«Le génie est sorti de la bouteille et il ne sera plus remis dedans. L’UE est condamnée, finie de toute façon. Si nous échouons ce soir, quelqu’un d’autre réussira», a estimé Nigel Farage jeudi soir.

- Turbulences -

Un Brexit ouvrirait aussi une période de turbulences politiques, avec un possible départ de David Cameron.

Le Premier ministre britannique, qui a mis en jeu sa crédibilité en menant campagne pour le maintien dans l’UE, a voté à Londres sans faire de déclaration. Il a appelé un peu plus tard ses compatriotes à opter pour le maintien, gage selon lui d’un «avenir meilleur».

Le référendum a exposé les profondes divisions au sein des Tories et de son gouvernement conservateur, dont plusieurs membres ont fait campagne pour un Brexit.

Malgré ces divisions, 84 députés conservateurs eurosceptiques ont publié après la fermeture des bureaux de vote une lettre affirmant que David Cameron devait rester Premier ministre quel que soit le résultat du référendum.

«Nous, partisans d’une sortie et membres du parti conservateur (...) estimons que, quelle que soit la décision du peuple britannique, vous avez à la fois le mandat et le devoir de continuer à diriger la nation», ont écrit les signataires, dont Boris Johnson, chef de file du camp du Brexit et ex-maire de Londres.

Cherchant à freiner les divisions au sein de son parti conservateur, M. Cameron avait annoncé en janvier 2013 la tenue de ce référendum. Mais il a ouvert une boîte de Pandore et déchaîné les passions, attisées par les redoutables tabloïds britanniques, toujours prompts à vilipender l’UE.

Dans cette atmosphère toxique, le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox la semaine dernière, par un homme invoquant la «liberté pour le Royaume-Uni», a sidéré le pays, sans que l’impact de ce drame sur le vote ne puisse encore être mesuré.