Publicité

Nikolaos Pappas: «Il n’y aura pas de fuite d’huile lourde»

22 juin 2016, 14:10

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Nikolaos Pappas: «Il n’y aura pas de fuite d’huile lourde»

La compagnie grecque Five Oceans Salvage se trouve au Bouchon pour l’opération de sauvetage du MV Benita, échoué sur les récifs depuis jeudi. Nikolaos Pappas, le Managing Director, nous parle de l’opération et des difficultés rencontrées.

Le MV Benita s’est échoué sur les récifs le jeudi 16 juin. Quel est votre constat de la situation?

Tout d’abord, il faut savoir que c’est le propriétaire du MV Benita qui nous a recrutés. Scott Shipping est notre agent à Maurice. La décision de nous nommer pour le sauvetage vient directement du propriétaire et de sa compagnie d’assurances.

Il y a quelques compartiments qui sont inondés. Après avoir transféré des équipements par hélicoptère, nous avons commencé à enlever les polluants du navire, le mardi 21 juin. C’est notre priorité absolue.

Jusqu’ici, nous avons enlevé 30 tonnes de fioul des cales. Nous sommes assez satisfaits du résultat. L’opération de pompage est un processus continu qui va durer 24 heures sur 24. En parallèle, on prépare le navire endommagé pour le renflouage.

Par ailleurs, cinq autres experts de Five Oceans Salvage sont arrivés à Maurice aujourd’hui (NdlR,le mardi 21 juin). Ils seront impliqués dans des travaux électriques, mécaniques et de soudure, entre autres. Nous tenons des réunions de debriefing quotidiennes avec la Mauritius Shipping, où l’on discute du progrès des opérations.

Cette situation vous est-elle familière?

Personnellement, j’ai mené plus de 135 opérations de sauvetage et durant ma carrière, j’en ai supervisé plus de 200. J’ai une formation d’architecte naval et j’ai également assumé les fonctions de Senior Salvage pendant plusieurs années avant de devenir le directeur général de la compagnie. Je continue à apporter mon expertise.

Avez-vous déjà une idée de combien ce type d’opération de sauvetage peut coûter à la compagnie propriétaire du MV Benita?

D’après mon expérience, je dirais plusieurs millions de dollars américains. Mais à ce stade, c’est difficile d’avancer un chiffre.

Quelles sont les difficultés et les contraintes que vous pouvez rencontrer et qui peuvent ralentir l’opération de sauvetage?

Le plus grand souci, c’est les mauvaises conditions météorologiques. Depuis notre arrivée, le temps n’a pas été très clément. C’est notre plus grande frayeur. Cela ralentit les opérations. Le mauvais temps a une influence sur les dégâts. Mais pour le reste, on peut gérer.

L’opération va durer combien de temps?

Avec un peu de chance et si tout se passe bien, les polluants seront pompés jusqu’à la fin de la semaine. Et à la fin du mois, on devrait être prêt à renflouer le navire.

Vous dites qu’il serait suicidaire de plonger dans de mauvaises conditions. Pourtant notre ministre de l’Environnement par intérim, Alain Wong, a plongé lundi, afin de faire une évaluation de la situation sous l’eau…

Pour le moment, c’est impossible que mes plongeurs aillent sous l’eau, à côté du navire endommagé. Les mauvaises conditions météorologiques ne nous le permettent pas. Je maintiens qu’il serait suicidaire pour eux de plonger dans ces conditions. Mais on espère que dans les prochains jours, les conditions météorologiques vont s’améliorer et que nous pourrons aller sous l’eau.

Le ministre a dit qu’il allait remettre les photos et vidéos sousmarines et un rapport aux Salvage Experts pour que les choses aillent plus vite. Les avez-vous reçus?

Nous n’avons rien reçu pour le moment.

Il est également à la recherche de l’avis d’autres experts. Est-ce un signal que votre expertise est remise en cause?

Je ne peux dicter ce que le ministre fait ou ne fait pas. Je pense que chacun veut une seconde opinion. Nous avons l’expertise qu’il faut, les Senior Salvors et moi, et elle s’étale sur plusieurs années.

À Maurice, nous n’avons pas l’expertise qu’il faut pour aborder ce genre de situation. Comment les autorités mauriciennes peuvent-elles bénéficier de votre savoir-faire?

Nous sommes présents à Maurice depuis 2011. Nous avons participé à l’opération de sauvetage du MV Angel 1. C’est la quatrième opération dans l’île depuis cette année.

Depuis le premier jour, il y a une bonne coopération et une assistance de la part des autorités mauriciennes concernant ce genre d’opération. Bien sûr, elles ont leurs requêtes et leurs préoccupations. Elles n’ont pas d’expertise dans ce genre d’opération mais elles en ont dans le secteur maritime. Quelqu’un qui a de l’expertise dans le secteur maritime peut comprendre parfaitement les difficultés et les étapes des opérations qui sont entreprises.

Pouvez-vous nous assurer que durant les opérations, il n’y aura pas de fuite d’huile lourde?

Je peux quasiment garantir qu’il n’y aura pas de fuite d’huile lourde. Si jamais lors des opérations, un peu d’huile fuit, elle sera vite contenue, dans une très petite superficie à la proue du navire. Et cela peut être facilement enlevé.