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Hausse du cours mondial du sucre: les planteurs respirent

22 juin 2016, 20:14

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Hausse du cours mondial du sucre: les planteurs respirent

Une bouffée d’oxygène pour les producteurs de sucre! Ils auront droit à une augmentation du prix de vente du sucre destiné au Mauritius Sugar Syndicate (MSS) et ce, après deux années de vaches maigres. Pour la récolte sucrière déjà enclenchée, ils empochent Rs 15000 (prix après avoir déduit les frais opérationnels) pour chaque tonne de sucre commercialisée, contre Rs 13000 la tonne l’année dernière et Rs 12694 en 2014.

En fait, pour les 400 000 tonnes de sucre estimées dans le cadre de la récolte 2016 (dont 85% sont écoulés sur le marché européen), le Syndicat des sucres s’attend à un prix variant entre 520 et 550 euros la tonne pour le sucre blanc, en Europe. Ce qui constitue une augmentation de 25% par rapport à celui affiché l’an dernier.

Cette hausse est liée à un déficit dans la production mondiale de 7 millions de tonnes métriques de sucre en 2016 et de 4 millions de tonnes métriques en 2017, selon les estimations de l’International Sugar Organisation.

«Aujourd’hui, le marché mondial du sucre s’élève à 170 millions de tonnes métriques annuellement. Chaque année, ce marché augmente de 1,8%. Toutefois, le marché mondial a accumulé ces cinq dernières années un surplus qui est en train d’être épuisé. Ce qui entraîne une pression sur le cours du sucre sur le marché européen», analyse Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Syndicat des sucres.

Contraintes

Cette augmentation de prix ne peut que réjouir les planteurs, qui sont au nombre de 15 000. La superficie mise sous culture de canne, elle, ne se situe plus qu’à 50 000 hectares: face à un prix à la tonne très bas ces dernières années, nombre de planteurs ont commencé à abandonner cette culture. Il y a 15 ans, la superficie était de 75 000 hectares.

«Pour maintenir notre niveau de production et assurer la viabilité des quatre principaux groupes sucriers, il faut une masse critique en termes de tonnage de canne. Or, une superficie de 50 000 hectares assurant une production de 400 000 tonnes métriques n’est pas négligeable, par rapport à notre taille», soutient le n° 1 de l’institution chargée du marketing du sucre à Maurice.

Devesh Dukhira ajoute que le nouveau prix de vente devrait rassurer les planteurs et renforcer leur confiance dans ce secteur, même si sa contribution équivaut à 2% du produit intérieur brut.

Salil Roy, président de la Planters’ Reform Association, qualifie cette augmentation de «bouffée d’air frais» pour la communauté des planteurs. Il argue toutefois que pour atteindre l’équilibre financier, il aurait fallu que le prix atteigne Rs 16 500.

Il déplore malgré tout deux contraintes auxquelles la communauté des planteurs fait face: le retard dans le décaissement de l’assistance financière de Rs 2000 pour la récolte sucrière 2016 et le paiement de seulement 53% du prix par tonne (Rs 15000) alors que c’est généralement un montant équivalent à 80% qui est réglé.

«Il reviendra au pays de se montrer très agressif dans sa stratégie de vente pour maintenir nos parts de marché en Europe.»

Reste la libéralisation du quota sucrier pour les betteraviers européens en 2017, qui exercera de fortes pressions sur les exportateurs des pays du bloc ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), dont Maurice fait partie. Le Syndicat des sucres reste confiant qu’il y aura toujours des pays comme l’Italie, la Grèce et l’Espagne qui auront recours à l’importation, au vu des contraintes naturelles à augmenter leur production de sucre à partir de la betterave.

«Il reviendra au pays de se montrer très agressif dans sa stratégie de vente pour maintenir nos parts de marché en Europe. Maurice s’est forgé une réputation en Europe comme un producteur sucrier de classe, respectant ses délais de livraison et répondant aux normes internationales pour la qualité de son sucre», constate Devesh Dukhira.

Mais quid des conséquences d’un éventuel Brexit sur les exportations sucrières? Le Syndicat des sucres suit la situation de près même s’il juge invraisemblable une telle éventualité. Son CEO y réfléchit, d’autant plus que le pays exporte 50000 tonnes métriques de sucre vers la Grande-Bretagne. «Il faudra jouer à fond la carte diplomatique pour conserver notre accès préférentiel sur ce marché en cas de Brexit, quitte à faire valoir nos privilèges d’ancienne colonie et de membre du Commonwealth dans le cadre de nouvelles négociations bilatérales ou multilatérales.»