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Dopage: les athlètes russes entre colère, désillusion et espoir avant les JO

21 juin 2016, 10:26

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Dopage: les athlètes russes entre colère, désillusion et espoir avant les JO

 

A quelques heures de la décision du Comité international olympique, qui pourrait leur entrouvrir une porte vers les JO de Rio de Janeiro, les athlètes russes, réunis à Cheboksary (ouest de la Russie), pour leurs Championnats nationaux, oscillent entre colère, désillusion et minces espoirs.

Lors du «sommet olympique», mardi à Lausanne (Suisse), à moins de deux mois de l’ouverture des Jeux au Brésil (5-21 août), le CIO pourrait en effet décider d’autoriser certains athlètes russes à s’aligner, vraisemblablement sous une bannière neutre, comme le drapeau olympique.

A condition de «prouver qu’ils ont été soumis à une surveillance et à des contrôles antidopage crédibles, durant une période appropriée», comme l’a suggéré la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) par la voix du Norvégien Rune Andersen, qui dirige la Task Force consacrée à la Russie. Autrement dit, à condition de s’entraîner à l’étranger.

C’est le cas notamment de la spécialiste du saut en longueur Darya Klishina, basée en Floride, à la prestigieuse académie IMG. «Il y a un petit espoir pour moi», confiait lundi à l’AFP la jeune femme de 25 ans, qui ne cachait pas se sentir «beaucoup mieux que les autres athlètes».

«Quelques-uns m’ont déjà dit hier: +tu dois y aller, même si c’est seule, tu dois te battre et défendre l’honneur de notre pays. Vas-y, saute, et fais une performance+», ajoutait la double championne d’Europe en salle, qui ne s’était pas qualifiée pour les JO de Londres en 2012.

- 'Je suis Russe, j’ai un pays, j’ai un drapeau' -

L’honneur de la Russie, c’est aussi ce qui préoccupait lundi la double championne olympique de la perche Yelena Isinbayeva, qui excluait de concourir sous une autre bannière que celle de son pays.

«Je suis Russe, j’ai un pays, j’ai un drapeau», clamait devant la presse celle qu’on surnomme «la Tsarine». «Notre équipe ne boycotte pas les jeux Olympiques et il n’y a pas de guerre dans notre pays. Nous n’avons donc aucune raison de concourir sous le drapeau olympique.»

Isinbayeva, qui qualifiait vendredi de «violation des droits de l’Homme» la décision de l’IAAF de prolonger la suspension de toute compétition des athlètes russes - les privant de fait des Jeux de Rio - et promettait de la contester devant les tribunaux, ne désarme donc pas.

Pas plus que la Fédération russe d’athlétisme. L’instance soutiendra les athlètes voulant attaquer la décision de leur Fédération internationale et ira «probablement en justice» elle aussi, une fois le rapport final de l’IAAF reçu, affirmait lundi son président Dmitri Chliakhtine.

En attendant, elle souhaite obtenir plus de précisions sur les critères d’éligibilité pour les athlètes pouvant encore espérer s’aligner au Brésil, et enverra une requête en ce sens à l’IAAF.

«Que veut dire (s’entraîner) en dehors de la Russie?», s’interrogeait ainsi lundi l’entraîneur Iouri Borzakovski.

«Nous avons organisé un camp d’entraînement de trois mois au Portugal. S’ils (l’IAAF) veulent soulever plus précisément cette question, je suppose qu’ils parlent des athlètes qui s’entraînent à l’étranger en dehors de l’équipe russe», estimait-il, fataliste.

Iouri Borzakovsky espère toutefois que certains athlètes russes pourront aller à Rio, sans se risquer à lister les candidats potentiels. Dmitri Chliakhtine, lui, évoque le nom de Darya Klishina.

«J’attends la décision demain, comme tout le monde», concluait celle-ci lundi. Comme tous ses compatriotes réunis à Cheboksary, et peut-être un peu plus.

La fédération russe est suspendue depuis novembre, après un rapport cinglant d’une commission d’enquête indépendante de l’Agence mondiale antidopage dénonçant un système de dopage et de corruption institutionnalisés en Russie.