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Incidence post-DTAA: les auditeurs craignent le pire

21 juin 2016, 21:15

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Incidence post-DTAA: les auditeurs craignent le pire

Qu'on ne se voile pas la face. Le Double Taxation Avoidance Agreement (DTAA), mort et bien enterré, aura une cascade d’incidences sur divers secteurs économiques du pays. À commencer par le global business avec des Management Companies, mais aussi les cabinets d’audit qui gèrent un portefeuille important de sociétés offshore.

John Chung, Senior Partner de KPMG, estime que le vrai test pour les Big Four (PricewaterhouseCoopers, Ernst & Young, KPMG et Deloitte) interviendra après avril 2017, quand les nouveaux amendements du traité fiscal entre Maurice et l’Inde interviendront.

«Il est évident que durant cette période de transition, des sociétés offshore ou encore des fonds d’investissement décideront de leur présence à Maurice sur la base de nouveaux changements dans le global business. S’ils décident de mettre fin à leurs opérations à Maurice, ce sera un coup dur pour les cabinets d’audit dont les clients offshore représentent au moins 30 % de leur marché

Une analyse que partage Gerald Lincoln, Managing Partner d’Ernst & Young. «L’impact pourrait être négatif pour les sociétés offshore si celles-ci, estimant que la juridiction mauricienne est moins attrayante, décident de plier bagage. C’est un créneau qui gère des activités pour les auditeurs qui pourront subitement se retrouver en difficulté.»

Du côté d’Afsar Ebrahim, Deputy Group Managing Partner chez BDO, c’est un autre son de cloche. Il n’éprouve aucune appréhension quant aux retombées négatives du nouveau traité fiscal Maurice-Inde sur les services d’audit des sociétés indiennes opérant dans l’offshore mauricien.

«Je ne vois pas pourquoi un fonds d’investissement ou une compagnie offshore, qui sont bien servis par des cabinets d’audit, quittera Maurice pour une autre juridiction sans une raison valable. » Et d’ajouter que dans le cas de nouveaux clients, c’est une autre paire de manches à la lumière des changements intervenus dans le traité fiscal.

Auditeurs indépendants

Certes, ceux qui laisseront plus de plumes dans le sillage de la nouvelle configuration du secteur du global business demeurent les auditeurs indépendants. «Il y a presque 200 auditeurs enregistrés officiellement, dont une cinquantaine opèrent en indépendants. Ces derniers travaillent essentiellement avec les sociétés offshore. Or, la situation actuelle dans ce secteur influerait négativement à terme sur leurs activités», analyse Panna Jugroo, Senior Partner de Lancaster Chartered Accountants et président du Mauritius Institute of Public Accountants.

Il soutient que sa société,qui est de taille moyenne, va également souffrir de cette nouvelle donne même s’il tient à souligner que LancasterChartered Accountants audite très peu de bilans financiers des Global Business Companies de l’Inde.

Force est de constater toutefois que le marché est loin d’être négligeable pour les Big Four. Les honoraires engrangés de l’audit des comptes des sociétés offshore tourneraient autour de Rs 30 millions et Rs 90 millions annuellement. Un marché juteux que les cabinets d’audit ne souhaitent pas voir disparaître du jour au lendemain. D’où un repositionnement sur le marché.

Pour contenir éventuellement les risques d’une hémorragie des sociétés offshore de la juridiction mauricienne, les Big Four jouent la carte de la diversification. Avec, à la clef, la recherche de nouveaux marchés d’audit en Afrique. Quoi qu’il en soit, les dommages collatéraux liés à la révision du traité fiscal ne se limiteront pas aux sociétés offshore. D’autres activités seront aussi dans le collimateur. Des spécialistes l’avaient prévu.