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Violence domestique : le viol conjugal pas encore un délit

15 juin 2016, 08:57

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Violence domestique : le viol conjugal pas encore un délit

 

«Nous allons essayer d’inclure le viol conjugal dans les amendements, en prenant en considération les points soulevés par les honorables Baloomoody et Alan Ganoo.» C’est ce qu’a expliqué la ministre de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille hier, mardi 14 juin. C’était lors de son summing-up dans le cadre du Protection from Domestic Violence Bill qui a, du reste, été voté avec amendement.

Aurore Perraud a expliqué que le viol conjugal sera criminalisé avec des amendements aux codes pénal et civil. «L’Attorney General Office travaille déjà sur ce projet d’amendement. Nous avons suspendu la séance pour essayer de reconsidérer ces amendements avec les officiers du State Law Office. Nous avons pris des mesures administratives, car seules les mesures légales ne seraient pas suffisantes. Il nous faut protéger les victimes de violence conjugale. Quand on entend que des époux tuent leur compagne à coups de ‘grinder’ et emballent le corps, cela démontre que malgré que la loi existe, il y aura toujours des actes de violence. La police doit être accountable quand elle intervient dans un cas de violence domestique», a commenté la ministre.

Auparavant, l’intervention de Ravi Rutnah lors des débats a surpris plus d’un, y compris des membres de la majorité. Le Deputy Chief Whip de la majorité a notamment qualifié d’«immoral» le fait qu’un jeune homme de 20 ans ait une relation amoureuse avec une femme de plus de 40 ans, faisant notamment allusion au meurtre de Patricia Verrière la semaine dernière. «Nous avons désormais une culture fondée sur le non-respect de la dignité humaine», a-t-il déclaré. Ce qui a suscité des remarques de désapprobation dans l’hémicycle. La Speaker est même intervenue pour lui rappeler qu’il n’était pas là pour porter des jugements sur des personnes.

Ravi Rutnah a insisté et a, cette fois, voulu faire référence à l’ex-mari de Nandanee Soornack. Et il a de nouveau été rabroué par Maya Hanoomanjee. Ce qui n’a, cette fois-ci pas plu à Ivan Collendavelloo, qui a réclamé des explications à Maya Hanoomajee.

Rien ne semblait arrêter Ravi Rutnah, résolu à terminer son discours. Et de faire mention de la déesse Durga ou encore de citer Lady Macbeth – «unsex me here» – en faisant référence à Macbeth, pièce de théâtre de William Shakespeare. Les ambassadrices de l’Australie et de l’Afrique du Sud étaient alors présentes dans la galerie des invités.

Commentant le projet de loi, Ravi Rutnah a salué le fait qu’il s’agissait d’une «bonne mesure législative» mais que l’apport des policiers était primordial pour que le projet soit un succès. «Je suis d’avis que les amendements auront un impact limité dans la lutte contre la violence domestique. La ministre n’est pas allée jusqu’au bout. Il faut améliorer la manière dont la justice répond à ce problème. Il faut forme les policiers et mener des campagnes de sensibilisation», a, lui, déclaré Alan Ganoo lors de son intervention.

Ce à quoi le ministre Xavier-Luc Duval a rétorqué que «nous sommes restés trop longtemps indifférents mais on traite ce dossier avec détermination. Plus de 250 officiers ont déjà été formés et seront connus comme les Domestic Violence Officers. Il y en a trois dans chaque station de police. Je lance un appel aux autorités concernées, aux policiers surtout, pour qu’ils soient davantage réactifs».

Prenant la parole à son tour, le député Veda Baloomoody s’est rangé du côté d’Alan Ganoo pour dire qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction «mais le travail reste incomplet». «Prenons le cas de la femme de 41 ans tuée la semaine dernière. Elle avait un ‘protection order’ mais à quoi cela a servi pour la protéger ?» Évoquant le viol conjugal, il a déploré qu’il ne figure toujours pas dans le projet de loi. «Ce n’est pourtant pas difficile d’amender le ‘Criminal code…»

Reprenant, les affirmations de Xavier-Luc Duval, il a dit ne pas croire qu’il y a effectivement trois policiers formés dans chaque station de police. «Le Premier ministre avait d’ailleurs déploré un manque d’officiers de police il y a peu. Je pense qu’il faut non seulement former les policiers pour qu’ils fassent leur devoir correctement mais également les jeunes magistrats.»