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Gong final pour Mohamed Ali, sous les fleurs et dans la gloire

11 juin 2016, 07:32

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Gong final pour Mohamed Ali, sous les fleurs et dans la gloire

 

Le boxeur de légende Mohamed Ali a accompli vendredi son dernier voyage, celui vers sa tombe, dans une procession mêlant émotion, gloire et ferveur universelles.

L’inhumation dans sa ville natale de Louisville, au coeur des Etats-Unis, a été suivie par une cérémonie d’hommage rassemblant célébrités et représentants de toutes les religions.

Le cercueil de la vedette planétaire a auparavant parcouru 30 kilomètres en corbillard, des milliers de personnes s’étant massées sur le trajet.

«Ali, Ali», ont scandé sous le soleil ces spectateurs, venus pour certains d’Afrique ou d’Asie.

A un moment de sa vie, Mohamed Ali, décédé à 74 ans, fut le visage le plus immédiatement reconnaissable sur les cinq continents.

Ils ont brandi des pancartes, des ballons, des photos, des dessins. Et d’innombrables bouquets de roses qui ont fini par recouvrir le corbillard.

Malgré la longue attente et la chaleur, certains anonymes n’ont pas quitté les gants de boxe qu’ils avaient enfilés en hommage à l’icône du pays.

Le convoi funéraire, rassemblant une vingtaine d’imposantes limousines, a littéralement dû se frayer un chemin à travers la foule dans certains quartiers de Louisville.

'Il incarnait l’espoir'

Ce fut le cas devant la maison où a grandi celui qui s’appelait alors Cassius Clay.

Pour cet ultime hommage, Toya Johnson, une Noire habitant tout près, avait enfilé un tee-shirt à l’effigie du champion et pris une place à l’ombre des heures à l’avance.

«Il aurait adoré que les gens se rassemblent comme aujourd’hui, alors c’est ce que l’on fait», confiait-elle à l’AFP.

«Il incarnait l’espoir pour tout ce quartier, les jeunes l’ont toujours pris en exemple et ce n’est pas fini!», ajoutait-elle.

Les limousines transportaient les nombreux enfants et petits-enfants de Mohamed Ali, ainsi que des personnalités choisies pour porter son cercueil: le comédien Will Smith et les anciens champions du monde de boxe Lennox Lewis et Mike Tyson.

La procession s’est achevée au cimetière Cave Hill, pour une inhumation de «The Greatest» dans la stricte intimité familiale.

Un «généreux mécène», dont le nom n’a pas été révélé, avait couvert de pétales de roses rouges le chemin final vers la tombe.

Le boxeur aux pas de danseur et poings d’acier repose donc dans son Etat du Kentucky, au coeur d’un pays qui l’a vilipendé ou idolâtré suivant les époques.

Ayant grandi en pleine ségrégation raciale dans une ville où des lieux publics lui étaient interdits, c’est en imperator qu’il y a fait son dernier tour, empruntant des rues baptisées de l’identité qu’il s’est lui-même choisie en se convertissant à l’islam.

Mais, au fait, qui a été enterré vendredi à Louisville? Le petit Cassius Clay, révolté par le vol de son vélo? Le géant des rings, terrassant les poids lourds au fil de «combats du siècle»? L’opposant obstiné à la guerre du Vietnam? L’insupportable provocateur exhibant un gorille en plastique pour se moquer de son rival Joe Frazier?

Ou bien encore le poète de la contre-culture qui «vole comme le papillon (et) pique comme l’abeille»? Le militant attiré par la radicalité version Malcolm X? L’humaniste pacifique prônant la tolérance religieuse?

Eh bien justement, tout cela dans un même homme.

'Prisonnier de son corps'

Toutes ces facettes ont été évoquées après le cimetière, lors d’une ultime cérémonie d’adieu dans une salle omnisports décorée de fleurs, du drapeau américain et du drapeau olympique.

Les 15.500 spectateurs ont assisté à une pluie d’éloges et d’anecdotes, à l’image du comédien Billy Crystal qui a relaté comment il était devenu l’ami du géant en imitant sa logorrhée verbale.

«Il nous a appris que la vie c’est mieux quand on construit des ponts entre les gens, plutôt que des murs», a déclaré l’humoriste, en allusion à la promesse du milliardaire républicain Donald Trump d’édifier une muraille sur la frontière mexicaine.

Valerie Jarrett, une conseillère de Barack Obama qui était retenu à Washington par la remise de diplôme de fin de lycée de sa fille aînée, a elle lu une lettre du président et de sa femme.

«Mohamed Ali était l’Amérique. Mohamed Ali sera toujours l’Amérique», a-t-elle dit.

L’ancien président Bill Clinton ne l’a pas démentie, en saluant un «homme libre et de convictions», dont «les choix nous réunissent tous ensemble aujourd’hui».