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Euro-2016: un rêve bleu pour oublier les heures noires

10 juin 2016, 18:59

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Euro-2016: un rêve bleu pour oublier les heures noires

C'est à eux de jouer: les Bleus affrontent vendredi soir (21h00) la Roumanie au Stade de France en ouverture de l'Euro-2016, dans un pays qui ne demande qu'à vibrer aux exploits d'Antoine Griezmann et Paul Pogba pour mettre de côté pendant un mois conflits sociaux et peur des attentats.

Le 15e Euro de l'histoire, le premier à 24 équipes, a été baptisé «Le rendez-vous». Celui fixé aux joueurs de Didier Deschamps sera lesté d'une charge émotionnelle sans nulle autre pareille au moment d'entonner la Marseillaise pour le premier des 51 matches du championnat d'Europe des nations.

A 25 et 23 ans, Griezmann, tête d'affiche de l'attaque française, et Pogba, la pépite du milieu de terrain, devront supporter à ce moment là le regard de 66 millions de spectateurs. Et endurer le jeu inévitable des comparaisons avec les glorieux aînés sacrés en France, de Michel Platini, héros de l'Euro-1984, à Zinédine Zidane, icône du Mondial-1998.

Platini avait 29 ans le jour de la finale le 27 juin 1984, Zidane, 26, ce fameux 12 juillet 1998. Mais aucun des deux ne portait sur ses épaules un tel poids, celui d'un pays qui rêve d'une parenthèse enchantée, entre les grèves à répétition et le traumatisme des attaques contre Charlie Hebdo en janvier 2015 puis des attentats du 13 novembre et leurs 130 morts.

Ces attentats ont semé la crainte: la France reste une cible du groupe Etat islamique (EI) et ce tournoi va s'ouvrir entouré de mesures de sécurité sans précédent. Plus de 77.000 policiers et gendarmes et une partie des 10.000 soldats de l'opération Sentinelle - versant militaire de Vigipirate- sont mobilisés.

Les fan zones, espaces réservés aux supporteurs dans les 10 villes hôtes, cristallisent les inquiétudes, même si n'importe quel bar peut aussi être la cible d'une attaque, comme le redoutent les forces de sécurité.

Outre les craintes liées à la sécurité, l'Euro va s'ouvrir dans un contexte social plus tendu que jamais avec des grèves tous azimuts, dans les transports ou le secteur des déchets.

«L'image qui est donnée n'est pas celle que nous voulions», a regretté Jacques Lambert, le président du comité d'organisation de l'Euro, vendredi matin sur France Inter. La fête risque-t-elle d'être gâchée par les grèves qui secouent la France depuis 10 jours? «Elle l'est déjà», a-t-il tranché.

Le Stade de France, plus qu'un symbole

Dans un contexte qui dépasse de si loin le cadre du sport, la pression est donc écrasante pour les joueurs. Pour les en préserver le plus longtemps possible avant le match inaugural, Didier Deschamps a supprimé la traditionnelle balade en extérieur, alors que les Bleus ont dormi dans Paris la veille du match.

Les caméras qui cernent l'hôtel des Bleus ont seulement capté vendredi matin de Didier Deschamps et son staff, discutant, détendus, sur une terrasse.

Mais à 21h00, le capitaine Hugo Lloris et ses hommes prendront de plein fouet la ferveur qui les entoure et dont ils ont eu un avant goût durant leur stage de préparation à Biarritz et leurs matches de préparation à Nantes et Metz.

Le Stade de France, aux 80.000 places, est un marqueur fort dans l'imaginaire collectif français.

C'est sur cette pelouse que Zizou souleva la Coupe du monde. C'est dans cette enceinte que les Bleus se qualifièrent pour le Mondial-2014 le 19 novembre 2013 à l'issue d'un barrage renversant contre l'Ukraine, gagné 3 à 0, score de la finale de 1998. C'est aussi autour de ce stade que des kamikazes se firent exploser lors de la tragique soirée du 13 novembre 2015.

Peuvent-ils le faire ? Les Bleus peuvent-ils aller au bout ? «Pourquoi on ne pourrait pas faire quelque chose de bien à domicile ?», a répondu par une autre question Alain Giresse, champion d'Europe en 1984, consultant sur France Info.

L'Allemagne, favori, évidemment 

Parmi les autres favoris, l'Allemagne, qui, comme la France, doit gérer une cascade de blessures en défense. Elle ne cache pas ses ambitions.

«Qu'on écrive enfin une nouvelle histoire et qu'on ramène une 4e étoile de champion d'Europe à l'Allemagne!», a lancé son manageur général, Oliver Bierhoff, qui avait marqué le but en or décisif lors du dernier sacre européen de l'Allemagne, il y a 20 ans face à la République tchèque.

Il ne faut pas oublier l'Espagne, double tenante du titre. On dit la «Roja» vieillissante, mais son sélectionneur-gourou Vicente del Bosque l'a dit à l'AFP, il veut «maintenir intact le rêve» de décrocher un troisième titre européen consécutif.

Cristiano Ronaldo, triple Ballon d'Or qui vient de gagner la Ligue des champions il y a deux semaines avec le Real Madrid, peut-il enfin porter le Portugal vers les sommets ?

Tous les rêves sont permis pour l'heure. Mais le 10 juillet, seul le vainqueur restera dans l'histoire.