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Nousrath Bhugeloo: «La Côte d’Ivoire est une voie d’accès à un marché de 300 millions de consommateurs»

2 juin 2016, 20:38

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Nousrath Bhugeloo: «La Côte d’Ivoire est une voie d’accès à un marché de 300 millions de consommateurs»

 

L’édition 2016 du Forum économique organisé en avril à Abidjan par la Confédération générale des Entreprises de Côte d’Ivoire a créé les conditions pour une percée des investisseurs mauriciens sur ce territoire et par extension dans la région. Nousrath Bhugeloo, d’Abax, y a participé.

Des opérateurs mauriciens ont participé à l’édition 2016 du forum économique organisé par la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) les 21 et 22 avril 2016. Quelle est votre appréciation de cette plateforme pour le secteur des affaires de Maurice ?
La majorité des entreprises mauriciennes investissent dans des pays africains géographiquement proches avec lesquels nous avons bâti un cadre favorable aux investissements, notamment grâce aux accords conclus au cours des dernières années. De ce fait, la Côte d’Ivoire n’a pas été une destination privilégiée des investissements mauriciens pour différentes raisons, plus particulièrement en raison de son passé récent. Mais, après dix années de guerre civile, les dirigeants ont exprimé leur volonté de positionner leur pays parmi les plus grands sur le continent.

La présence, au Forum, du Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme et des Communications extérieures Xavier Luc Duval confirme l’intérêt de Maurice pour le développement de sa coopération avec la Côte d’Ivoire ainsi qu’avec les pays d’Afrique de l’Ouest.

Quelles ont été les circonstances qui ont favorisé le rapprochement entre Maurice et la Côte d’Ivoire ?
Ce forum fait suite à une longue mission préparatoire qui a vu Maurice accueillir une délégation ivoirienne en août 2015 et en avril 2016. L’objectif principal consistait à explorer et à développer des opportunités d’affaires entre ces deux pays. Le Forum a regroupé les entrepreneurs de Côte d’Ivoire ainsi que plusieurs grandes personnalités du monde des affaires africain, telles que Tony Elumelu et Chris Kirubi. Il a également réuni le Mouvement des Entreprises de France (le MEDEF du patronat français), des Development Finance Institutions et d’autres investisseurs. Ceux-ci ont eu l’opportunité de partager leur expérience et leurs idées, ainsi que de tisser des liens d’affaires afin d’oeuvrer au développement de l’économie ivoirienne.

Des programmes visant à accélérer le niveau de coopération économique entre Maurice et ce pays sont susceptibles d’être élaborés et mis en route. Quels sont les secteurs d’activités économiques de Maurice qui pourraient en tirer profit ?
En termes de coopération économique , Maurice et la Côte d’Ivoire ont signé le 4 mars dernier à New York, un accord portant sur l’établissement futur de relations diplomatiques et le renforcement de la coopération économique. De plus, un accord sur la protection et la promotion des investissements, un Investment Protection and Promotion Agreement, a été signé le 20 avril dernier, en marge de la tenue du Forum. Un autre accord portant sur la coopération économique, technique et financière a également été signé. Un troisième accord a été entériné entre le Board of Investment (BoI) et le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI).

D’autres accords, tel que celui portant sur la non double imposition et un autre pour la création d’une Grande commission mixte de coopération, devraient être signés très bientôt. De plus, il a été mentionné lors des rencontres de gouvernement à gouvernement que le développement immobilier du Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie (VITIB) – situé à Grand-Bassam – devrait faire partie d’un des projets pilote pour la mise en oeuvre de l’accord-cadre.

Quelle est l’importance stratégique du positionnement géographique de la Côte d’Ivoire par rapport à l’ensemble du marché du continent africain et qui pourrait justifier une présence des opérateurs mauriciens dans ce pays ?
La Côte d’Ivoire – outre sa forte croissance économique qui se chiffre autour de 9 % et sa population de 24 millions d’habitants – donne un accès indirect à un marché de plus de 300 millions de consommateurs. Ce pays fait partie de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

Ces deux organismes regroupent à eux deux une quinzaine de pays ouest africains. Ceux-ci devraient ouvrir la porte à de multiples opportunités pour des entrepreneurs et des investisseurs mauriciens. Une possibilité qui a toutes les chances de se matérialiser si on tient compte des avantages majeurs des deux organisations dont ces pays font partie. Il s’agit notamment de la suppression des droits de douane, de l’établissement d’un tarif extérieur commun et de l’harmonisation des politiques économiques et financières.

Les opérateurs les plus à même de tirer profit de ces opportunités sont surtout ceux qui évoluent dans les secteurs tels que la construction, l’agroalimentaire, le tourisme, le textile, les services financiers, l’énergie, la grande distribution, entre autres.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire fait partie des pays les mieux structurés de la sous-région ouest africaine. C’est un pays qui dispose d’une main-d’oeuvre très compétente. Quant aux entreprises mauriciennes, elles ont déjà fait preuve d’un savoir-faire sur notre marché fort de 1,2 million d’habitants. Ce savoir-faire peut bien être exporté sur le marché ivoirien, qui représente un relais de croissance immédiatement accessible.

Quel pourrait être le rôle du secteur mauricien des services financiers dans un pays dont le développement économique devrait reposer sur l’apport d’investissements directs étrangers ?
Au fil des années, Maurice s’est établi comme un centre financier crédible, un écosystème où les entrepreneurs et les investisseurs disposent de plusieurs avantages. Ce sont autant d’atouts qui positionnent notre île au premier rang des pays africains. Maurice se classe premier en termes de facilité à faire des affaires en Afrique, selon l’étude Ease of Doing Business de la Banque mondiale.

Maurice s’est également fait une solide réputation dans d’autres domaines. Il s’agit de sa performance dans le domaine de la compétitivité selon les règles du Global Competitiveness Index 2014- 2015. Il en a été de même en ce qui concerne la bonne gouvernance et la liberté économique. La performance de Maurice dans ces deux domaines a été mise en évidence respectivement par l’édition 2014 du Mo Ibrahim Index of African Governance et l’Economic Freedom - Wall street Journal and Fraiser Institute de 2013. De ce fait, le pays a un énorme potentiel, et est un acteur important pour ce qui est de la mobilisation et du transfert de capitaux dans divers projets destinés à la Côte d’Ivoire et à toute l’Afrique de l’Ouest.

Quels sont les avantages spécifiques qui placeraient Maurice au premier rang du choix des investisseurs qui veulent s’installer en Afrique ?
Pendant plus de 15 ans, Maurice a énormément contribué à canaliser les investissements vers l’Inde. Aujourd’hui, Maurice peut apporter beaucoup plus au continent africain. Elle offre de nombreux avantages, notamment par sa stabilité politique, la solidité d’un cadre légal mis en place pour réglementer, de façon rigoureuse, les services financiers, sa position stratégique entre l’Afrique et l’Asie, le savoir-faire de sa main-d’oeuvre, son pool de professionnels, mais aussi son bilinguisme.

Maurice joue donc un rôle important pour attirer les investisseurs et pour promouvoir les investissements, notamment avec les accords portant sur la non double imposition et sur la protection des investissements, signés avec plusieurs pays du continent africain. De par l’aptitude déployée et l’expérience acquise en matière d’application des pratiques associées à la bonne gouvernance, Maurice peut aider les sociétés ivoiriennes à en adopter. C’est un apport qui contribuera à augmenter leur valeur d’entreprise tout comme leur valeur actionnariale et à attirer d’éventuels investisseurs.

La France a manifesté un grand intérêt pour le développement économique de la Côte d’Ivoire. À quoi attribuez-vous cette posture ?
La Côte d’Ivoire constitue un réel pôle attractif et florissant pour les investissements en Afrique car, en plus d’offrir d’énormes opportunités, elle dispose d’un cadre juridique et institutionnel propice aux affaires. C’est pour cela que la France est aujourd’hui un partenaire clé de la Côte d’Ivoire, avec une présence, sur place, de plus de 800 sociétés françaises.