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Camp de réfugiés à Paris: Hidalgo toujours un peu plus à gauche

1 juin 2016, 22:34

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Camp de réfugiés à Paris: Hidalgo toujours un peu plus à gauche

 

Après le travail du dimanche, l'accueil des réfugiés : en annonçant mardi l'ouverture d'un "camp humanitaire" à Paris, Anne Hidalgo entend à nouveau montrer qu'elle porte les valeurs d'une gauche souvent déroutée par le gouvernement Valls, tout en s'offrant le plaisir de diviser la droite.

"Nous ne pouvons plus accepter la situation humanitaire et sanitaire" des migrants, s'est emportée mardi la maire PS de Paris en annonçant l'ouverture dans "un mois à un mois et demi" d'un camp aux normes de l'ONU, peut-être au nord de la capitale. "Nous avons un devoir d'humanité", a-t-elle ajouté sur Twitter.

"Une belle réponse à ce que nous vivons dans nos quartiers", a réagi Jean-Christophe Cambadelis, le patron du Parti socialiste et député du XIXe arrondissement parisien.

Pourtant, une fois de plus, la maire de Paris tacle, en creux, le gouvernement socialiste: "J'espère que l'Etat nous accompagnera sur notre action pour les réfugiés, car c'est là de sa compétence", a-t-elle tweeté, suggérant ainsi que l'Etat n'agissait pas.

Jusqu'à être saluée par un tweet de Valérie Trierweiler, ancienne compagne de François Hollande, avec le mot-dièse "la gauche est de retour". Engagé dans un bras-de-fer avec le gouvernement, Philippe Martinez, le dirigeant CGT, a lui salué une "démarche bonne et importante".

Ce n'est pas la première fois que la maire socialiste, qui vante à l'envi le "pragmatisme des maires", fait entendre sa petite musique en se démarquant des choix du gouvernement dont elle partage les couleurs. Au point d'alimenter les gazettes sur une possible candidature à la présidentielle, toujours balayée par l'élue.

En guerre ouverte contre le ministre de l'Economie Emmanuel Macron sur la question du travail du dimanche, elle a critiqué le projet de déchéance de nationalité comme celui de la loi travail.

Anne Hidalgo "n'est pas dans une logique d'opposition frontale au gouvernement comme Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg", dit Frédéric Dabi (Ifop), "elle entend prendre la parole quand elle le veut". Et sur des sujets comme celui des réfugiés, "elle montre clairement que Paris se comporte différemment que les pouvoirs publics", ajoute-t-il.

La ville est aussi "en décalage total avec ce qui se passe à l'échelle nationale", dit l'analyste, avec PS, PCF, écologistes et radicaux qui travaillent ensemble. Les "Parisiens de sensibilité de gauche en sont satisfaits à 72%", dit-il, bien loin des scores dégringolants de François Hollande ou Manuel Valls.

- Un 'jeu politique' -

Anne Hidalgo, "c'est la gauche qui gagne", renchérit Gaël Sliman (Odoxa) et quasiment la seule personnalité de gauche dont le niveau de bonnes opinions est majoritaire. "Aujourd'hui, la photo est belle. Elle a beaucoup d'atouts pour incarner un recours de gauche", dit-il.

Mais gare au risque de "dévisser" si elle sort du bois pour revendiquer une existence nationale. Elle devra "prendre position", dit-il en évoquant une "personnalité très sociale sur le plan des valeurs et en même temps plutôt à droite sur le plan économique".

"Aujourd'hui, chacun projette un peu son Anne Hidalgo idéale, un petit peu comme Alain Juppé, ce qui explique leurs niveaux de popularité", ajoute l'analyste.

La maire de Paris peut néanmoins aujourd'hui se vanter de diviser la droite.

Le président (Les Républicains) de l?Association des maires de France (AMF), François Baroin, lui a adressé sur Public Sénat un satisfecit: "On a toujours dit à l'AMF que le principe d'humanité doit gouverner les autres principes", a indiqué le sénateur-maire de Troyes.