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Tour de France: Nibali-Aru, deux coqs dans le poulailler

30 mai 2016, 14:30

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Tour de France: Nibali-Aru, deux coqs dans le poulailler

 

Le champion d’Italie Vincenzo Nibali, vainqueur du Giro, s’apprête à vivre une cohabitation compliquée dans le prochain Tour de France avec son cadet Fabio Aru, lauréat de la dernière Vuelta et lui aussi dans l’équipe Astana.

Sur le papier, les rôles étaient répartis en début d’année. Le Giro pour Nibali, le Tour pour Aru qui devait bénéficier du soutien de son aîné dans sa découverte de la Grande Boucle. Avant de se retrouver en principe sous le maillot de la sélection nationale italienne aux JO de Rio, l’objectif déclaré du Sicilien.

Mais la fin de Giro ébouriffante de Nibali, pour son deuxième succès dans l’épreuve, en parallèle avec le début de saison poussif d’Aru, a changé la perspective. Le plan annoncé en début d’année par le manager d’Astana, le Kazakh Alexandre Vinokourov, devient tout à coup moins certain.

Entre les deux coureurs, la mésentente est quasi-publique. Aru (25 ans) n’a fait acte de sujétion à Nibali que lors de son premier grand tour, le Giro 2013. Depuis deux ans, il est monté en puissance (3e du Giro 2014, 2e en 2015) avant de gagner la Vuelta 2015 que Nibali a quitté très vite par la petite porte.

«J’ai couru aussi avec Basso et je vois la différence. Elle est abyssale», a sèchement commenté Nibali en mars dans la Gazzetta dello Sport. «Fabio est souvent en colère, il devient irritable. Il ne demande rien, il ne vous prend pas en compte. Sa référence est Tiralongo qui a couru avec des tas de leaders et qui a l’expérience».

Aru sous pression

Contrait de faire cohabiter dans le prochain Tour deux coqs dans un même poulailler, Vinokourov a déjà expliqué pendant le Giro: «Un Sicilien et un Sarde ont une mentalité différente. Aru a la tête dure mais Nibali aussi est capable d’une concentration extraordinaire.»

 

Puis, le Kazakh, champion olympique à Londres 2012 avant de prendre sa retraite de coureur, a rappelé son plan: «Nibali a déjà démontré qu’il était un leader. Pour lui, l’or aux JO de Rio représenterait la consécration. Aru peut encore grandir. Ils ont des objectifs distincts.»

Interrogé à plusieurs reprises sur son ambition dans le prochain Tour, Nibali est resté volontairement évasif: «Je verrai comment je me sentirai. Le Giro a été éprouvant. Je sais qu’Aru se prépare très bien à Sestriere. Astana aura une grande équipe.»

«Pour moi, les JO de Rio sont l’objectif principal. Le parcours est très différent de celui de Londres, il me convient», a répété dimanche soir le champion d’Italie, sourire aux lèvres.

Mais Nibali sait aussi qu’un doublé Giro-Tour, jugé aujourd’hui pratiquement impossible - l’Espagnol Alberto Contador a échoué l’an passé -, représenterait une forme d’Olympe dans le cyclisme.

Un vainqueur du Giro, qui a gagné le Tour deux ans plus tôt, peut-il être cantonné à un rôle de lieutenant d’Aru, désormais sous pression ? La question devrait trouver sa réponse en juillet sur les premières vraies difficultés du Tour, dans le Massif central ou plus probablement les Pyrénées. En fonction du degré de forme de chacun.