Publicité

Affaire AgustaWestland : La FSC réclame la révocation de Shakil Fakeermahamod

27 mai 2016, 08:05

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Affaire AgustaWestland : La FSC réclame la révocation de Shakil Fakeermahamod

 

La Financial Services Commission (FSC) aura mis plus de 24 heures avant d’émettre une Interim Direction à ML Administrators Ltd (MLAL) afin que celle-ci révoque, avec effet immédiat, Shakil Fakeermahamod comme directeur et Money Laundering Reporting Officer de cette Management Company (voir ci-dessous). Ce, jusqu’à la fin de l’enquête qu’elle a initiée dans l’affaire AgustaWestland. Cette compagnie (une société industrielle multinationale, basée en Italie et spécialisée en production d’hélicoptères civils et militaires) est soupçonnée d’avoir versé des pots-de-vin, d’un montant estimé à 50 millions d’euros, à des responsables indiens afin que la Grande péninsule arrête son choix sur ses hélicoptères pour le transport des VVIPs indiens.

Cette décision de la FSC, par le biais d’un communiqué écrit à la première personne, fait suite à la diffusion d’articles de presse, dont une vidéo du magazine d’informations India Today intitulée «How Agusta kickbacks were channelled from Mauritius into India». Shakil Fakeermahamod, comptable de profession, est présenté comme l’un des intermédiaires mauriciens dans ce que la presse indienne qualifie de plus gros scandale de la Défense depuis l’affaire Bofors (affaire de corruption qui a éclaté en Inde en 1986 et qui portait sur des pots-de-vin de plus de 40 millions de dollars versés par le groupe suédois d’armement Bofors à des fonctionnaires et politiciens indiens).

Selon India Today, qui se base sur l’acte d’accusation déposé par les enquêteurs indiens, Shakil Fakeermahamod est le «… mystery man, who funnelled Agusta kickbacks into India on Gautam Khaitan’s (NdlR : un homme de loi indien) instructions». Dans la vidéo, le comptable mauricien est filmé en caméra cachée par deux journalistes du magazine indien, qui se sont fait passer pour des consultants en immobilier.

Pressé de questions, le comptable leur suggère le meilleur modus operandi pour pouvoir investir en Inde sans payer la taxe. En l’occurrence à travers une compagnie basée à Maurice et détenant une licence Global Business Licence 1 (GBL 1). «The best structure would be trustee… You have to give me trust deed. I will know who the trustee is. Then trustee forms Global Business License 1 Company in Mauritius and GBL1 invests in India through an industry which is allowed; now there is no issue of tax as there is no income. The trustee is extending itself through investments through assets

ADVISER DE LA FSC?

Toujours dans la vidéo, Fakeermahamod affirme que l’une des personnes arrêtées dans cette affaire – l’avocat indien Gautam Khaitan – serait un «Adviser de la FSC» et qu’il aurait même «négocié le traité fiscal avec l’Inde». Ce que rejette en bloc la FSC dans son communiqué.

L’instance régulatrice affirme que selon ses registres, elle n’a ni recruté Gautam Khaitan comme conseiller, consultant ou en quelque autre capacité, ni ne l’a rémunéré. Et qualifie les propos de Fakeermahamod de «false, misleading and ill-motivated».

Par-dessus tout, la FSC balaie d’un revers de main d’autres propos tenus par le comptable selon lesquels des «proceeds of bribery may be channelled through Mauritian Global Business structure». Et réplique que «the above statements reflect on the scheming nature and irresponsible behaviour unbecoming of an approved officer of the FSC…».De rappeler qu’elle suit des normes internationales et les meilleures pratiques en tant que régulateur et superviseur.

Pour la FSC, les propos tenus par Shakil Fakeermahamod «are factually incorrect, misleading and damaging to the good repute of Mauritius as an international financial centre of substance. I have reasons to believe that Mr Shakil Fakeermahamod may have indulged in financial crime and therefore the continuance of Mr Shakil Fakeermahamod as an approved officer of the FSC, holding the position of director and MLRO of MLAL, is detrimental to the interest of the consumers of financial services and the public in general».

Un délai de sept jours a été accordé à MLAL et à Shakil Fakeermahamod pour qu’ils puissent s’expliquer en écrit.

L’express a essayé en vain de joindre Shakil Fakeermahamod au téléphone.

 

SHAKIL FAKEERMAHAMOD A REJOINT LE MSM EN 2012

<p>Lors d&rsquo;une conférence de presse le 7 septembre 2012, le comptable Shakil Fakeermahamod a été présenté par Pravind Jugnauth comme l&rsquo;un des cinq nouveaux membres du MSM. Ce, aux côtés de l&rsquo;avocate Marie Danielle Selvon, l&rsquo;ancien ministre Jagdish Goburdhun, le travailleur social Denis-Claude Grandport et le consultant immobilier Soopaya Moorghen. Cet ancien élève du collège Royal de Port-Louis a même été pressenti comme l&rsquo;un des candidats potentiels dans la circonscription n<sup>o</sup> 3 à l&rsquo;époque du remake MSM-MMM. Interrogé jeudi 26 mai, le président du MSM, Showkutally Soodhun, a affirmé, par le biais de son service de presse, ne pas se souvenir de Shakil Fakeermahamod comme membre des instances du parti soleil.</p>

<h3><br />
	REZA UTEEM : &laquo;LE MINISTRE BHADAIN DOIT DÉMENTIR CES ALLÉGATIONS&raquo;</h3>

<p>Interrogé jeudi 26 mai, le député du MMM Reza Uteem dit souhaiter que le ministre des Services financiers, de la Bonne gouvernance et des Réformes institutionnelles fasse une déclaration pour démentir les allégations portées par le magazine d&rsquo;informations indien selon lesquelles Maurice serait un paradis fiscal opaque, utilisé pour le blanchiment d&rsquo;argent. &laquo;<em>La majorité des opérateurs de ce secteur sont des gens honnêtes. Les instances régulatrices doivent être intransigeantes envers des Mauriciens qui ternissent l&rsquo;image de Maurice en permettant à des sociétés mauriciennes d&rsquo;utiliser le réseau international de blanchiment d&rsquo;argent</em>&raquo;, a-t-il fait valoir.</p>

<h3><br />
	ROSHI BHADAIN : &laquo;DEUX TRANSFERTS À TRAVERS LA BRAMER BANK&raquo;</h3>

<p>Sollicité pour une réaction jeudi 26 mai, le ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, a révélé que deux transferts dans cette affaire sont passés par la Bramer Bank. Toutefois, il a affirmé ne pouvoir en dire plus, car il attend un rapport de la FSC. En revanche, pour Roshi Bhadain, la vidéo d&rsquo;<em>India Today</em>&nbsp;est loin de ternir l&rsquo;image de Maurice : &laquo;<em>Mo an kontak régilié avek sa bann boug Lind-la.</em>&raquo; Pour ce qui est de Shakil Fakeermahamod, le ministre a affirmé que la FSC et la <em>Financial Intelligence Unit</em> prendront des actions qu&rsquo;il faut.</p>

<h3>ML ADMINISTRATORS LTD</h3>

<p>Shakil Fakeermahamod est officiellement directeur à ML Administrators Ltd. Ce comptable de formation apparaît aussi dans la base de données des Panama Papers, les documents confidentiels et compromettants de la firme légale Mossack Fonseca, mis au jour par des journalistes du journal allemand <em>Süddeutsche Zeitung</em>. ML Administrators Ltd, Beaufort Principal Ltd, Regency Real Estate Ltd&hellip; Ce sont là quelques compagnies au sein desquelles opère Shakil Fakeermahamod. L&rsquo;expert-comptable de 43 ans est l&rsquo;interface entre la firme légale Mossack Fonseca et les compagnies susmentionnées. Création de sociétés dormantes, incorporation de sociétés étrangères dans des pays comme les Bahamas, les Îles Vierges britanniques ou encore au Panama ; Shakil Fakeermahamod donne les ordres. Pourtant, il n&rsquo;apparaît dans les registres officiels de ML Administrators Ltd au Registrar of Companies à Maurice que le 9 décembre 2015, date à laquelle il sera nommé comme l&rsquo;un des directeurs. Ladite compagnie était précédemment incorporée &ndash; en 2006 &ndash; sous le nom de Beaufort Services Ltd. Par ailleurs, Beaufort Principal Ltd est une compagnie gérée par ML Administrators Ltd et incorporée en 2007 à Maurice. Depuis 2015, Shakil Fakeermahamod en est l&rsquo;un des directeurs. Or, dès 2012, il y avait des discussions pour un possible transfert aux Îles Vierges britanniques</p>