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Mali: cinq Casques bleus tchadiens tués dans une embuscade dans la région de Kidal

19 mai 2016, 18:17

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Mali: cinq Casques bleus tchadiens tués dans une embuscade dans la région de Kidal

 

Cinq Casques bleus tchadiens ont été tués et trois autres grièvement blessés mercredi lors d’une embuscade dans le nord-est du Mali, a annoncé jeudi la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), le déploiement des Nations unies le plus coûteux en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995.

Cette attaque est la plus meurtrière visant la force de l’ONU depuis celle du 12 février contre la base de la Minusma à Kidal, dans la même région, qui avait coûté la vie à sept Casques bleus guinéens, dont une femme. L’attaque du 12 février avait été revendiquée par le groupe jihadiste Ansar Dine, du Touareg malien Iyad Ag Ghaly.

«Hier vers 17H00 locales (mercredi vers 17H00 GMT), cinq Casques bleus de la Minusma ont été tués et trois ont été grièvement blessés lors d’une embuscade au nord d’Aguelhok», indique un communiqué de la Minusma, qui évoque «un nombre indéterminé d’assaillants» non identifiés.

«L’attaque s’est déroulée alors que les soldats de la paix escortaient un convoi logistique. Après avoir heurté un engin explosif, le convoi a été la cible de tirs», ajoute la Minusma, en précisant que ces Casques bleus appartenaient au contingent tchadien.

«Suite à l’attaque, trois suspects ont été capturés et seront remis aux autorités compétentes», souligne la Minusma.

Selon une source militaire africaine au sein de la force de l’ONU, quatre des cinq soldats ont été tués sur le coup et le dernier a succombé à ses blessures.

«L’attaque a été faite grâce à des complicités. Des gens proches de nous ont communiqué nos positions, notre itinéraire, ça, c’est très sûr», a estimé cette source sous couvert d’anonymat.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans une déclaration de son porte-parole, a demandé que «les auteurs de ce crime odieux soient rapidement traduits en justice», et rappelé que les attaques contre des Casques bleus «constituent un crime de guerre selon le droit international».

«Les Nations unies continueront à soutenir la stabilisation du Mali et la mise en place de l’accord de paix et exprime son plein soutien aux autorités maliennes dans leurs efforts pour faire face à la violence et à l’insécurité dans le pays», a-t-il affirmé.

«Zone sensible»

Le chef par intérim de la Minusma, Koen Davidse, a lui aussi condamné «dans les termes les plus forts cette attaque abjecte visant une fois de plus les Casques bleus au Mali».

Déployée depuis juillet 2013, la Minusma est la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec une soixantaine de Casques bleus tués en opération (en comptant les cinq soldats tchadiens tués mercredi).

La force française Barkhane, qui traque les jihadistes à travers le Sahel, est intervenue en soutien de la Minusma après cette attaque, a déclaré jeudi le porte-parole de l’état-major français, le colonel Gilles Jaron.

L’armée française a envoyé «deux hélicoptères de manoeuvre ainsi qu’un détachement de forces au sol qui a sécurisé la zone et permis aux hélicoptères de récupérer les blessés tchadiens qui ont été immédiatement évacués vers Gao», principale ville du nord du Mali, a-t-il précisé.

«Cette situation montre combien la zone Kidal/Aguelhok/Tessalit reste sensible», a rappelé le colonel Jaron.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement avec l’opération Barkhane.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les jihadistes.