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Don de fauteuils roulants motorisés: un pas de plus vers la mobilité

15 mai 2016, 10:48

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Don de fauteuils roulants motorisés: un pas de plus vers la mobilité

Depuis deux ans, Prakash Ramsurrun, masseur diplômé en médecine sportive, qui a connu une certaine gloire et a vu du pays, se borne à s’extirper avec difficulté de son lit médical, à s’agripper aux antivols de la fenêtre du salon pour se tenir debout en équilibre précaire et se laisser finalement retomber sur un fauteuil roulant que sa mère Savitree et sa soeur Joshi poussent derrière lui. Il va alors péniblement du petit salon à la cuisine et à la salle de bains. Autant dire qu’il tourne en rond. Impossible pour les deux femmes de soulever son fauteuil roulant pour l’emmener prendre l’air sur la plage de Flic-en-Flac, qui est pourtant située à 300 mètres de là.

Prakash, que tout le village connaît comme «Paul», est trop lourd. Et la simple tentative de le soulever briserait le dos des deux femmes.

Jusqu’au 21 juin 2014, Prakash menait une vie aisée. Après des études supérieures en médecine sportive auprès de l’université de Cape Town, en Afrique du Sud, payées par les sacrifices de sa mère qui a vendu sa part d’un terrain familial à Bambous, il intègre l’équipe de remise en forme de l’hôtel One & Only St Géran. Il y côtoie bon nombre de célébrités.

Quatre ans au service de Mandela

Mais celui qui a donné une patine de célébrité à son existence, c’est l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, qui passait des vacances à Maurice en 2006. Fragilisé par l’âge et les sévices passés, Madiba ne marche presque plus et se déplace en fauteuil roulant. Mû par un culot qu’il ne se connaissait pas, Prakash lui établit un programme de rééducation qui fait que Mandela laisse tomber la canne et arrive à se mouvoir. Invité à passer 15 jours dans le fief de l’ancien président en Afrique du Sud, Prakash y reste quatre mois.

Bien qu’il initie la masseuse personnelle de Mandela au programme de rééducation qu’il a préparé pour lui, l’ancien président lui offre un emploi qu’il ne peut refuser. Il reste à son service pendant quatre ans, faisant la navette entre Johannesburg, le Mozambique et Maurice. Il devient le masseur attitré de bon nombre de membres du Congrès national africain et voyage beaucoup.

À son retour à Maurice, Prakash, qui a une coquette situation, se met à son compte. Féru de voitures de sport, il s’en achète une, s’habille bien et fait la fierté du village de Flic-en-Flac, où il habite avec sa famille. Il a pour voisin sa mère Savitree et sa soeur Joshi.

Vers fin mai 2014, il est fiévreux et passe trois jours chez sa mère, le temps de se rétablir. «Linn vinn get mwa ek linn dormi dan mo godi ek dir mwa frot so latet.» Sa température finit par retomber et il rentre chez lui.

Congestion sévère

Toutefois, les 21 et 22 juin de cette année-là, sa mère et sa soeur restent sans nouvelles de lui malgré leurs appels téléphoniques. Lorsqu’elles vont frapper à sa porte et qu’il ne répond pas, elles s’inquiètent et forcent son entrée. Là, choquées, elles le découvrent au sol dans un état presque semi-comateux. Il a fait une congestion sévère et est hémiplégique du côté droit. Prakash passe alors 15 jours en clinique et deux mois à l’hôpital avant d’être capable de rentrer chez sa mère.

On lui découvre le diabète qui nécessite, dans un premier temps, des piqures d’insuline. Mais ce mal est aujourd’hui bien contrôlé chez lui, de même que sa tension artérielle.

Si au début, il ne reconnaît personne, il finit par reprendre ses esprits et comprend tout ce qu’on lui dit, sauf qu’il n’est plus en mesure de parler. Ne pouvant plus se baisser pour s’occuper de lui, Savitree, qui est femme de ménage, se fait financièrement aider par ses proches et lui achète un lit médical qui est plus maniable.

«Ler ou koumsa ki ou truv dimounn aparet ek dir ou zot pou rési fer li marsé. Enn inn dir mwa li pou mas li pou 6 zours ek monnn pey Rs 1 000 par zour. Pa finn rési.»

Comme Prakash a besoin de sessions régulières de physiothérapie, Joshi et Savitree sont obligées de vendre sa voiture. C’est aussi dans ces moments difficiles qu’elles font face à des charlatans, disent-elles. «Fami inn bien ed nou. Mé ler ou koumsa ki ou truv dimounn aparet ek dir ou zot pou rési fer li marsé, raconte-t-elle. Enn inn dir mwa li pou mas li pou 6 zours ek monnn pey Rs 1 000 par zour. Pa finn rési.»

Mais ce n’est pas tout. «Enn lot vini dir ou li bisin met dé braslé spésial ki kout Rs 5 000 enn. Ou dépans ankor. Boukou dimounn inn vinn fer nou létour ek ou nou finn telman anvi ki li régagn so lasanté ki nounn krwar zot.»

Prakash, dont la mobilité est réduite à son maximum, est parfois las de cette vie où il est l’ombre de lui-même. Savitree le réconforte comme elle le peut. Le don du fauteuil roulant motorisé la semaine dernière par la Global Rainbow Foundation d’Armoogum Parsuramen, fait par l’entremise de Maya Hanoomanjee, la Speaker, a changé le regard de Prakash sur la vie.

Il n’a plus qu’à faire bouger la manette électrique du fauteuil à l’aide de son pouce et de son index pour que le fauteuil le porte là où il veut. Savitree, qui connaît un menuisier, va lui commander une petite rampe pour que Prakash puisse quitter la maison et se rendre à la plage et ainsi se changer les idées. Savitree et Joshi, qui ne cessent de remercier Armoogum Parsuramen et Maya Hanoomanjee, sont conscientes que cet engin va accroître la mobilité réduite de Prakash et lui redonner un peu le goût de vivre.